Le Rossignol, de la musique malienne, Salif Keïta, était face à la presse dans son quartier général, le Moffou le 8 décembre dernier, en compagnie de la promotrice de ” Mafi production “, Mafi Kéïta, son épouse, qui se chargera de la distribution de son album. Après le point de presse, le cheval blanc nous a accordé une interview dans laquelle il parle des thèmes traités dans son nouvel album, de sa retraite et de la crise que traverse le pays. Pour lui, ceux qui interdisent la musique dans le nord du pays sont des bandits, des mafieux, des vagabonds et des vendeurs de drogue, qu’il faut chasser avec les armes et dialoguer après.
L’Indépendant Weekend : Que signifie le titre ” Talé “, de votre nouvel album?
A travers ” Talé “, je mets l’accent sur l’intérêt personnel qui est un véritable problème pour toute l’humanité, car les gens ne pensent plus qu’à leur poche et je pense que c’est un problème, car l’argent quand même est une chose, qui ne peut avoir la même valeur qu’un être humain. La valeur humaine est bafouée à cause de l’argent ce que je trouve anormal. En bref ce terme évoque l’intérêt pour l’argent et le fait que ce dernier s’est rué partout, même jusqu’au sein de la famille. Dans cet album, je parle de cet argent que l’on a créé et qui veut nous commander, nous rendre esclaves.
Vous avez aussi rendu hommage aux femmes, dans le titre ” Tassi “. Pourquoi ?
Parce que le problème des femmes me préoccupe beaucoup. Je sais la souffrance des femmes au quotidien. Qu’elles soient intellectuelles, illettrées, riches ou pauvres, elles souffrent à cause de l’éducation de leurs enfants. Bien éduquer un enfant ce n’est pas aisé et nous les hommes réalisons rarement cela. C’est pourquoi j’ai voulu rendre un hommage particulier à la femme, mère de l’humanité à travers ce titre.
Avez-vous pris des dispositions par rapport aux pirates ?
Les artistes souffrent énormément à cause des pirates. Ils ont tué les artistes. Plus rien ne marche, les artistes sont devenus des mendiants à causes des pirates. Pour cette fois-ci je ne permettrai pas à ces fossoyeurs, de détruire mon album. C’est tolérance zéro aux pirates.
Qu’en est-il par rapport à votre retraite ?
Je souhaite m’arrêter vraiment, mais c’est ma parole et comme on le sait l’homme propose et Dieu dispose.
Mais du fond du cœur ?
Du fond du cœur je pense que ça suffit, je veux vraiment me reposer maintenant.
Juste une question de repos ? N’y a -t-il pas d’autres raisons?
Je viens d’une famille noble, j’ai été expulsé de chez nous à cause de la musique. Alors pour moi c’est une façon de me réconcilier maintenant avec ma famille, en mettant un terme à ma carrière. En plus je vis dans un pays où l’on croit encore que mourir musicien, c’est périr dans une situation satanique. Une fois mort, on peut jeter votre corps. Personne ne viendra vous enterrer, sauf peut-être votre famille, car l’on considère qu’un musicien n’a aucun mérite.
Est-ce à dire que l’islam et la musique ne sont pas compatibles?
Ils sont bel et bien compatibles. Tous les pays arabes ont produit de grands musiciens. Mais nous sommes confrontés à une mauvaise interprétation du Coran dans les pays musulmans subsahariens. On estime à tort que jouer de la musique, c’est appeler Satan. Ceux qui interdisent la musique dans le nord du pays ne sont pas de vrais musulmans. Ce sont des bandits, des mafieux, des vagabonds et des vendeurs de drogue. On ne peut pas être musulman et violer des femmes. Ce n’est pas la religion, ça !
Salif a-t-il pensé à la relève ?
Ce métier doit nous permettre de vivre. Mais malheureusement de nos jours les pirates nous pourrissent la vie. A peine tu mets un disque sur le marché, qu’ils l’ont déjà copié et vendu au prix d’un bout de pain. J’aimerai bien former quelqu’un qui puisse me remplacer, mais comment cette personne va vivre ? Pour être bien inspiré, faire des bons textes, afin de proposer de bons produits aux mélomanes, il faut être à l’aise, il faut bien vivre. Mais si de nos jours on ne peut pas vivre de notre métier, je ne mettrai pas l’enfant de quelqu’un dans la merde.
Quel bilan faites-vous de votre carrière ?
Je trouve que j’ai eu la chance de connaître une belle carrière. Je remercie tous ceux qui m’ont aimé et qui m’ont accompagné. Et même ceux qui ne m’ont pas aimé, car j’ai tenu compte de leurs critiques pour m’améliorer. Si la musique n’avait pas été là, je crois que je me serais suicidé. Elle représentait mon seul et unique refuge lorsque j’ai quitté l’école.
Le pays traverse depuis des mois la période la plus difficile de la vie d’une nation. Quel regard portez-vous sur cette crise et dites nous si vous êtes pour ou contre la guerre dans le Nord?
Les politiques ont menti à la population du Mali, ils ont laissé le pays à la disposition des envahisseurs. Les chefs religieux aussi ont foutu notre pays dans la merde. Ils concilient l’argent à la parole de Dieu, on ne blague pas avec Dieu, ils ne peuvent pas transformer la maison de Dieu en un lieu de mafia. Et je vous assure que tout le malheur du Mali vient de là. Il faut qu’on se ressaisisse si jamais nous voulons sauver notre pays.
Par rapport à la guerre, franchement, au niveau où nous sommes je suis désolé de le dire, il faut la guerre. Après on pourra dialoguer.
Quelle solution donnerez-vous pour une sortie rapide de cette crise ?
Il faut organiser des élections, établir un gouvernement régulier, et l’aider avec le soutien de la communauté internationale. Pour le moment on ne sait pas qui fait quoi à Bamako
Un message aux jeunes qui aimeraient suivre vos pas dans la musique
Que les jeunes sachent que pour pratiquer la musique il faut l’aimer. Et faire la musique a deux volets : soit tu le fais pour faire danser les gens dans l’immédiat, soit tu t’appliques, tu travailles, et fais un produit qui peut intéresser à long terme.
Quels sont vos projets ?
Dans notre famille, l’agriculture et le rapport à la terre ont toujours été présents. Donc je retournerai dans mon village natal Djoliba et je m’exercerai dans l’agriculture. J’ai toujours voulu être cultivateur, c’est pourquoi j’ai acheté des terrains dans mon village que j’exploiterai. Je suis fils de cultivateur et moi-même cultivateur.
Clarisse NJIKAM
cnjikam2007@yahoo.fr
Ce que je ne comprends pas chez cette journaliste, c’est son sourire de noeud de papillon face à Salif 😆 😆
Merci vraiment du fond du coeur pour nous avoir fait danser, chanter pendant tant de temps le Mali et le peuple malien t´aiment. Salif forever !
el maestro, je suis fier de toi
Vraiment merci le grand Salif pour tout ceux que tu as fait pour ton pays mais tu vas beaucoup nous manques avec tes belles chansons
mercie le maestro pour tout ceux que tu a fait pour le MALI le peuple malien te serai reconnaisent encore merci une fois de de plus
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