Il est le précurseur de la musique reggae au Mali. Parti de son Mopti natal pour Abidjan, la capitale ivoirienne, il a su, en espace d’une décennie, s’y imposer comme un talent sûr. Ses albums champagnes « Baguinée » et « Tendoro » le propulsèrent au sommet des hits. Dès lors, les milieux de showbiz ivoiriens commencèrent à miser sur ce poulain découvert par Bocana Maïga quand survint l’entrée des rebelles à Abidjan le 19 septembre 2002. Malgré la période difficile qu’il traverse depuis lors, Koko continue de positiver sur l’avenir du reggae au Mali.
L’Enquêteur : Qui est le guide de la musique reggae du Mali ?
Koko Dembélé : Je suis un artiste musicien. Auteur- compositeur, guitariste chanteur. Originaire de Mopti. Je suis marié, père de 4 enfants. 2 garçons et 2 filles.
L’Enquêteur : Artiste musicien qui fait du reggae ? Comment avez-vous été touché par la dite musique et du rastafarisme ?
Koko Dembélé : Oui je fais du reggae. J’ai commencé à l’orchestre KANAGA de Mopti sous la direction de Sory Bamba où j’ai eu la formation de guitariste et de compositeur. J’ai été piqué par le virus du reggae comme ça. Vous savez, le reggae est une musique de paix et d’amour, c’est une musique qui provient du ghetto des gens vivant dans des situations précaires et qui sont souvent privés de leurs droits élémentaires et j’en fais partie parce que je suis un enfant du ghetto et je le suis encore. Donc quand j’étais petit j’écoutais Bob Marley, Jimmy Cliff et autres qui véhiculaient des messages qui m’ont poussé à faire du reggae. Et aujourd’hui je chante le reggae qui combat l’injustice qui est devenue un système de gouvernance en Afrique. Et par rapport aux dreadlocks, c’est un symbole de la liberté, c’est le signe de fidélité que nous rendons à JAH. Mais cela ne veut pas dire que je suis un vrai rasta. Toi tu peux être plus rasta que moi parce que c’est le cœur qui compte, la bonne conduite, le savoir-vivre en société.
L’Enquêteur : C’était en quelle année ?
Koko Dembélé : Euh ! C’était dans les années 70. Au moment où les biennales artistiques étaient en vogue. Et dans les années 80 je me suis retrouvé à Abidjan pour me frotter à d’autres artistes musiciens comme Alpha Blondy, Bocana Maïga qui, lui, m’a beaucoup soutenu, car mon premier passage à la télévision ivoirienne a été possible grâce à lui.
L’Enquêteur : Comment s’est passée votre première émission télé ? Comment s’appelait-elle ? Et qui en était l’animateur ?
Koko Dembélé : L’émission s’appelait première gamme. Alpha Blondy et autres devanciers sont passés à l’émission « première chance », quant à nous, nous sommes passés à la première gamme avec l’orchestre de la RTI, sous la direction du Maestro. L’émission en question, c’est comme l’émission TOUKAGOUNA de Boncana Maïga. Moi, je dirai que c’est le même concept avec des phases éliminatoires et une phase finale.
L’Enquêteur : C’est donc après que notre premier album a été mis sur le marché de disques ?
Koko Dembélé : En 1992 mon premier album est sorti en Côte d’Ivoire sous le titre de « Baguinée » mais ici au Mali en 1993. « Baguinée » qui veut dire la terre natale en Dogon. Et ce, pour inciter les compatriotes qui sont en Côte d’Ivoire à songer à un retour au pays.
L’Enquêteur : Vous êtes surement à votre 4e album ? Si je ne m’abuse.
Koko Dembélé : Oui, je suis à mon 4e album solo. Après « Baguiné », il y a eu « Tendoro », après a suivi « Yêrêdon » et le dernier « Mandé ».
L’Enquêteur : De 1992 à 2002, il s’est, mine de rien, écoulé 20 ans pour 4 albums. Pourquoi ?
Koko Dembélé : Moi, je dis qu’à chaque 5 ans, je dois mettre un album sur le marché. Cela est dû à la préparation de l’artiste et au financement de l’album, parce que, vous savez, produire un album reggae de bonne facture nécessite beaucoup d’argent. Il faut dépenser des millions dans la sortie et la promotion de l’album. Et de tels producteurs se font rares. Généralement on mise sur le premier album pour produire le prochain. Et c’est ce que j’ai fait avec mon avant-dernier album.
L’Enquêteur : Mais à ce rythme vous arrivez à vivre de votre art ?
Koko Dembélé : Bon ! On se débrouille. On se débrouille. Tu sais quand tu aimes ton boulot, tu es capable de bon nombre de sacrifices. Au début ça allait bien. J’ai pu tourner en Europe jusqu’en Amérique du Sud. C’est à partir de la crise en Côte d’Ivoire que les choses ont commencé à dégénérer chez moi.
L’Enquêteur : Vous étiez entrain de me parler d’une auto-production ?
Koko Dembélé : L’autoproduction, je l’ai fait pour mon 3e album « Yêrêdon ». Je me suis produit moi-même. J’ai investi beaucoup d’argent mais malheureusement cela a coïncidé avec la guerre en Côte d’Ivoire. La dédicace de l’album à guichet fermé, placée sous le parrainage de l’ambassadeur Sada Samaké, était prévue le 22 septembre, malheureusement le 19 septembre, les rebelles sont rentrés à Abidjan. Fort de tout cela, l’album est passé inaperçu alors qu’on a mis une année à le préparer. Je vous assure que j’ai perdu des millions. C’est pourquoi, je n’ai pas voulu prendre le risque d’en faire.
L’Enquêteur : Comment vous voyez l’avenir du reggae au Mali ?
Koko Dembélé : L’avenir du reggae est promoteur. Vous savez que le reggae est comme la Salsa. C’est une musique qui ne s’ajourne jamais. Mais il faut que les reggae men du Mali se mettent au travail. J’ai été en Côte d’Ivoire, j’ai séjourné la- bas. J’ai vu comment ils y mettent du sérieux, il faut qu’on se mette au travail, car le reggae a un bel avenir.
L’Enquêteur : Aujourd’hui, il est difficile pour les artistes de musique de réjouissance de se dégotter un producteur. Il en est deux fois plus pour un reggae man. Alors, comment, malgré cela, expliquez-vous que le reggae a un bel avenir ?
Koko Dembélé : Effectivement au Mali pour se trouver un financier pour le reggae ce n’est pas facile. Trouver un producteur qui investit 15, 20 voire 30 millions de francs CFA dans le showbiz, cela n’existe presque pas. Raison pour laquelle, je me suis fait connaitre de l’autre côté avant de venir. Regardez, tous les reggae men de renom du pays se sont faits connaitre hors du Mali avant de venir. Malgré tout, quand tu fais un bon produit ça passe. Un point un trait. C’est pour cela que je dis que le reggae se porte bien et a un bel avenir.
L’Enquêteur : Le Mali traverse une crise sécuritaire et institutionnelle marquée entre autre par la partition du pays en deux, des milliers de refugiés et de déplacés, des violations quotidiennes des droits de l’homme et j’en passe… Comment le rasta man que vous êtes vit la situation ?
Koko Dembélé : La paix est un équilibre social qu’il faut sauvegarder. Les religieux le prêchent, les artistes le chantent mais je me demande souvent si les politiciens prêtent oreille à cela ? Dans la vie d’une nation, il y a toujours des moments difficiles à traverser. Ça peut être au début, au milieu ou à la fin de son évolution. Mon souhait est que le Mali retrouve son intégrité territoriale, son unité pour le bonheur de tous les maliens.
L’Enquêteur : Qu’est ce que vous proposez en cela ?
Koko Dembélé : Il faut négocier, négocier et à la fin passer à autre chose afin de réunifier le pays à tout prix. Nous avons besoin de la CEDEAO, de l’Union Africaine, de la Communauté Internationale.
L’Enquêteur : Vous-même, entant qu’artiste, que faites-vous dans ce sens ?
Koko Dembélé : J’ai fait un featuring avec Master Soumi où je chante que le Mali n’est pas un pays de guerre. Je demande à tout le monde de revenir sur terre car partout où il ya eu la guerre, c’est la désolation. Voyez les enfants au Darfour, au Congo, c’est la grande désolation.
L’Enquêteur : Votre mot de la fin ?
Koko Dembélé : Il est temps que cette nouvelle génération de dirigeants ait la tête sur les épaules. Il faut libérer le Mali. Vraiment nous voulons la paix. La paix rien que la paix.
Ange De VILLIER
merci coco tu es un exemple a suivre……
L’Enquêteur : C’est donc après que notre premier album a été mis sur le marché de disques ? Ben Mr Viller est devenu reggae man a son tour alors lol
bravo koko dembélé! je t’aimeeeeeeeeeeeee
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