Sous-titré «Griots et poètes des sables», ce cycle est consacré au Mali, probablement le pays d”Afrique le plus fourni en artistes remarquables. Désert Blues, c”est d”abord un groupe, concept forgé autour d”une vingtaine de musiciens issus de différentes ethnies, rassemblés autour de trois noms majeurs de la musique du pays, le groupe berbère touareg Tartit, Afel Bocoum, héritier probable de son oncle Ali Farka Touré, et Habib Koité, l”une des meilleures voix et guitare maliennes.
Il s”agit de «musique africaine», telle qu”on l”entend aujourd”hui, ni purement traditionnelle ni absolument électrifiée. Les tindé, balafon, imzad, n”goni ou calebasse y côtoient guitares et basses électriques. Scénographié, surmonté de grands tableaux, le spectacle s”inspire d”un film du même nom réalisé par Michel Jaffrennou. Les artistes de ce mini-festival montrent l”évolution des musiques des Tamacheks du Nord, des Songhaïs de la boucle du Niger et des Bambaras du pays mandingue.
Issu d”une caste de griots, Koité a vécu enfant près de la frontière mauritanienne. Creuset étonnant d”harmonies variées, il a baptisé sa musique danssa doso, pour dire le rythme traditionnel de ses ancêtres de la ville de Kayes et celui, typique, des chasseurs. Le Songhaï Afel Bocoum, qui est resté trente ans au côté du regretté Ali Farka Touré, joue plutôt une musique de la méditation, un blues sahélien subtil qui a séduit Damon Albarn de Blur (et Gorillaz) qui l”a produit, il y a quelque temps. La musique d”Afel est aussi aux confins des cultures bambaras et des nomades tamacheks, comme celle de Tartit («uni», en français). Ce groupe féminin de Tombouctou est marqué par les luttes de son ethnie berbère contre le pouvoir de Bamako. Sur des cadences lancinantes, confinant à la transe, leur chant engagé prône la survie d”une culture et appelle à la paix.
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