Tata Pound est l’un des plus grands groupes qui a su faire évoluer l’histoire du rap malien au fil des années. Ils ont été les premiers récompensés, les premiers à passer sur les grandes chaines de TV et surtout les premiers à se faire un nom aux yeux du grand public qui le considère comme un groupe incontournable des années 1996. Ils sont aussi considérés comme des précurseurs du hip hop hardcore de cette période. Aujourd’hui, le trio nous revient avec leur sixième album ‘Lékéssé’ qui est sur le marché depuis le mardi 19 avril.
epuis sa création, le Tata Pound a toujours su s’imposer dans le milieu Hip Hop au Mali. Le groupe figure parmi les grands noms de la musique malienne voire internationale. ‘Lèkèssè’, sixième album de leur carrière, ce nouvel opus du trio (Djo Dama, Ramès et Dixon) ne déroge pas à la règle. Aussi engagé que les précédents, il est composé de 12 titres, enregistré au Mali et masterisé au Burkina Faso dans le studio de Smokey. Une manière de rendre compatible leur mix fraîchement achevé en studio de Ramès à tout système d’écoute grand public. L’album ‘Lèkèssè’ est très politique : lyricalement il est supérieur à presque tout ce qui a été fait ou sera fait ; musicalement, il est accessible, dansant aux sonorités des instruments traditionnels. Mais rien que pour les textes, il reste un grand classique, peut être le classique du rap malien.
Les thèmes ici sont encore l’éducation, les inégalités internationales et nationales, la corruption, les bavures et la socialisation. Sa particularité c’est le premier album Hip Hop masterisé comme l’a affirmé les membres du groupe lors du lancement de l’album, le samedi 16 avril au Café des Arts. Pour le groupe, le choix du titre ‘Lèkèssè’ (la vérité sans détour), n’est pas fortuit. Il a trait à la situation politique actuelle du Mali.
Selon eux, tous les textes sont engagés socialement et politiquement. Ils jettent un regard critique sur le nouveau parti des amis du président de la République Amadou Toumani Touré, le PDES (Parti des enfants de satan). Sans oublier le mauvais système éducatif. Selon eux, à travers le titre ‘Lakôlisô’, ils interpellent l’ensemble des acteurs impliqués dans la gestion de l’école malienne. “L’Etat n’est pas le seul responsable de la descente aux enfers de l’école. Chaque partenaire (les parents d’élèves, les responsables de l’AEEM) doit jouer sa partition” ont-ils ajouté.
Ce nouvel album commente également l’actualité africaine notamment les conflits qui sévissent sur le continent noir. Le trio rappeur dénonce la non-implication des dirigeants africains dans la gestion de la crise libyenne. Ce qui a amené, selon eux, “les impérialistes à imposer leur dictat dans ce pays du Maghreb”. Comme pour dire que l’indépendance de l’Afrique est loin d’être une réalité.
Bandiougou DIABATE