C’est un secret de polichinelles. Depuis quelques années, le développement des nouvelles technologies favorisant la contrefaçon des œuvres musicales, est en train de tuer les artistes maliens à petit feu. Aujourd’hui, rares sont les artistes maliens qui s’aventurent à mettre une œuvre musicale sur le marché. Les cassettes ont été chassées par les CD, qui sont aujourd’hui obligés de céder la place aux clefs USB et autres cartes mémoires. Plus personne n’achète une œuvre musicale. Le pire, nombreux sont nos compatriotes qui ne se posent même pas la question de savoir comment vivent tous ces créateurs, leurs stars tant adulées. Convaincus que personne ne viendra faire leur bonheur à leur place, les artistes maliens se sont mobilisés, pour ne plus être les citoyens maliens qui font l’aumône dès que l’un d’entre eux est malade. Ils sont parvenus à convaincre les autorités maliennes pour que des dispositions soient prises pour le respect de leurs droits d’auteur. A la faveur de l’arrivée d’IBK à Koulouba, Mme N’diaye Ramatoulaye Diallo, ministre de la culture, est parvenue à sensibiliser le gouvernement sur la pertinence de faire adopter rapidement le décret relatif aux droits d’auteur. L’adoption du décret a été fêtée par les artistes, à travers le pays. Ils y voyaient une lueur d’espoir à la résolution d’un certain nombre de difficultés qu’ils vivent. Mais cette joie ne fut que de courte durée. « Nous avons aujourd’hui la preuve que le Conseil national du patronat du Mali a attaqué le décret du gouvernement devant les tribunaux, parce qu’il refuse de payer les droits d’auteur des artistes maliens », a indiqué Amadou Bagayogo, Président de la FEDAMA. Avant de dire que dans tous les pays qui se respectent dans le monde, les droits d’auteur et de la propriété intellectuelle sont protégés et garantis. « Si ces droits ne sont pas respectés, s’en est fini pour la création, parce que les auteurs ne pourront plus créer », a-t-il ajouté. Pour sa part, Baye Boubacar Diarra, vice-président de l’UAAPREM, a invité tous les artistes maliens à se mobiliser contre le Conseil national du patronat malien. Selon lui, depuis les négociations, les membres du Conseil national du patronat n’ont eu que du mépris pour les artistes. « Par leur décision d’attaquer le décret du gouvernement qui impose à tous les utilisateurs des œuvres musicales de payer les droits d’auteur, le Conseil national du patronat vient encore une fois de prouver qu’il n’est pas prêt de voir les artistes maliens vivres de la sueur de leur front », a-t-il estimé. La conférence de presse a rapidement viré en un meeting, où les artistes n’ont pas manqué de crier leur colère contre le patronat malien qui s’oppose au fait que Orange Mali et la Sotelma-Malitel ne payent pas 500 FCFA par an par puce activée. Si le décret était appliqué à la lettre, le monde de la culture malienne pourrait s’épanouir, parce que ce n’est pas moins de 8 milliards de FCFA qui pourraient être ainsi mobilisés par an pour les créateurs. Certains artistes sont prêts selon leurs dires à mourir pour l’application du décret. Et, il faut s’attendre dans les jours à venir à voir nos stars de la musique dans la rue pour le respect des droits d’auteur au Mali. Cela viendra en ajouter la décrédibilisassions de notre Etat. Le Mali aura l’image d’une république démocratique qui ne respecte pas les droits d’auteur des artistes maliens. Mais, là, l’Etat malien a fait son travail en adoptant un décret qui promeut les droits d’auteur. Malheureusement, le Conseil national du patronat trop proche de ses sous n’a que foutre de l’épanouissement des artistes créateurs maliens.
Assane Koné