Cinquante ans après les indépendances, le bilan reste mitigé. Le cycle de la pauvreté s’est aggravé. Sans école et sans alternative, la jeunesse émigre. Au plan politique, la transition démocratique s’installe difficilement. A l’ONU, l’Afrique peine à avoir un siège permanent au Conseil de sécurité. Tel le tableau de l’Afrique brossé par un rasta philosophe.
Maha Diop, de son vrai nom Mahamadou Diop, du haut de ses quarante ans vit sur l’ile de Gorée. Il n’est pas chanteur mais un sculpteur doublé de jardinier dont la femme tient un petit restaurant en bordure de la mer. Membre influent de la puissante association des rastas du Sénégal, Maha Diop que nous avons rencontré récemment et qui se définit comme un citoyen du monde épris d’amour et de justice est l’objet de toutes les attractions. De très fortes personnalités du monde et d’Afrique sont souvent passées chez lui dont Capleton, Kymane Marley pour ne citer que ceux-là. Comme tout rasta digne de ce nom, Maha dit avoir été inspiré par sa majesté le King Hailé Sélassié 225ème descendant du roi Salomon. Bob Marley est l’un de ses rastas musiciens qui lui ont beaucoup apporté. Ses chansons sur l’amour et la paix continuent encore aujourd’hui à meubler l’univers de ce rastaman sénégalais perché sur les hauteurs de sa Gorée natale.
” Le concept de rasta n’est pas un dogme, c’est un concept très universaliste, un produit positif mis à la disposition du monde entier. Beaucoup se font appeler rasta mais peu sont élus. Il ne s’agit pas d’avoir des dreadlocks pour mériter le qualificatif de rasta. Le rasta est un mode de vie, une philosophie basée sur l’amour de son prochain, la solidarité et la justice. Un rasta ne saurait exister en dehors de ces valeurs “ a expliqué Maha Diop.
Cinquante ans après les indépendances, le bilan reste toujours mitigé pour le continent africain. A preuve la santé, l’éducation, restent toujours des défis majeurs pour nos États.
” L’Afrique est un continent qui regorge d’immenses potentialités. Nous avons de la terre, de l’eau. Donc nous avons de quoi subvenir aux besoins de nos populations. Il est aberrant de constater qu’on meurt de faim en Afrique. Nos États doivent développer un véritable partenariat sud-sud pour que les plus nantis compensent les insuffisances des plus faibles. C’est seulement à ce seul prix que nous pouvons nous en sortir “.
S’agissant des multiples maux dont souffre le continent, Maha Diop estime que les dirigeants africains doivent se poser les bonnes questions et avoir en même temps les bonnes réponses. Ils doivent trouver les bonnes politiques pour arrêter le flot de l’immigration et fixer les jeunes sur le continent. Voyager c’est utile mais cela ne doit pas être un objectif ultime.
Immigrer pour immigrer n’est jamais une solution pour résoudre ses problèmes, a-t-il précisé. Maha Diop donne de l’espoir aux Africains. ” Nous n’avons pas à nous plaindre, la nature est généreuse, nous n’avons qu’à faire exploiter notre intelligence pour la rendre utile “. Voilà qui est bien dit.
Abdoulaye DIARRA
