KWAL, Rappeur FRANÇAIS : « Sarkozy est un danger pour les immigrés »

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Kwal est le nom de scène de Vincent Loiseau, artiste musicien polyvalent, né à Angers (France) en 1978. Très engagé, il était récemment à Bamako. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il parle de son nouvel album, de son engagement et de ses projets musicaux au Mali. Interview.rn

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Les Echos : Quel est le motif de votre séjour au Mali ?

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Kwal : Je suis là pour la promotion d’un nouvel album, Gnè nin Gnè (Les yeux dans les yeux ou Face à face) qui va bientôt sortir au Mali. Je suis aussi programmé ce soir (l’entretien a eu lieu le 21 juin 2007, Ndlr) pour la Fête de la Musique à Blonba. Je vais partager la scène avec Lassy King Massassy comme nous l’avons fait en France et au Canada. Je vais aussi jouer avec Amkoulel et Guérébou Kounkan.

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Les Echos : Pourquoi avez-vous baptiser cet album Gnè nin Gnè ?

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Kwal : C’est un morceau que j’ai écrit avec King sur les rapports entre les Toubabs et les gens d’ici. C’est une dénonciation de l’attitude de certains Toubabs une fois qu’ils sont ici au Mali où dans d’autres pays d’Afrique. Ils pensent encore que l’Afrique est leur territoire conquis où ils se croient tout permis. Souvent, cela se traduit même dans les relations politiques entre l’Afrique et la France. C’est donc un morceau qui dénonce beaucoup de comportements révoltants des Blancs en Afrique.

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Les Echos : C’est donc la suite logique de Règlement de Contes et de Môgô Ya ?

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Kwal : Je le trouve plutôt plus engagé que les autres. Ils se rejoignent néanmoins dans le sens de mon combat qui vise à faire comprendre aux uns et autres que nous sommes tous des humains. Nous sommes tous pareils puisque nous constituons l’humanité. Dans mon premier album je disais en bambara : où qu’on aille, quoi que l’on fasse et malgré ce qu’on est, on est un humain ! J’étais déterminé à m’engager plus sur cet album. C’est pourquoi j’ai mis le morceau Gnè nin Gnè en clip. C’est un titre qui va loin dans la dénonciation des comportements irresponsables de certains Toubabs vis-à-vis des Africains.

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Les Echos : Vous avez un discours plutôt altermondialiste ?

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Kwal : Pas forcément. Toutefois, en tant que musicien, je fréquente en France des milieux altermondialistes. Mais, je n’engage pas mon combat forcément dans ce sens. Je suis néanmoins sensible à des thèmes comme le développement durable. Et, sans être un altermondialiste, je suis pour une autre façon de repenser les rapports Nord-Sud. Mon combat vise à amener les gens en France à prendre conscience que l’Afrique n’est pas ce qu’ils voient dans leurs médias. Sur le plan musical, je veux les amener à savoir qu’il y a par exemple des rappeurs africains comme King qui ont beaucoup à leur dire, qui prennent des risques pour défendre la liberté d’expression dans leurs pays.

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Les Echos : Pensez-vous que la musique soit le meilleur outil pour véhiculer ce message humaniste et engagé ?

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Kwal : Je ne sais pas sincèrement. Le clip de Gnè nin Gnè est passé quelquefois ici à la télé et j’ai eu des réactions positives. Les témoignages vont dans le sens de ce que je souhaitais, c’est-à-dire faire prendre conscience aux Africains que le Toubab n’est pas un super homme, qu’il est comme eux. Dans la chanson, je dis : « Regardez les Toubabs les yeux dans les yeux pour leur cracher la vérité ». Je pense que cela interpelle les gens ici. Je suis loin de parler couramment bambara, mais je tenais à m’exprimer dans cette langue pour me faire comprendre des Maliens à qui cet album est dédié. Je pense donc que mes messages atteignent leurs objectifs. Sur le premier album, le morceau Ciwaara a suscité beaucoup de réactions positives ici, au Mali. C’est ce que je veux avant tout.

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Les Echos : Comment avez-vous accueilli l’élection de Nicolas Sarkozy comme président de la République française ?

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Kwal : C’est un homme qui me fait peur depuis très longtemps. C’est un personnage qui a un amour exagéré du pouvoir. Et en terme de relations internationales, c’est un homme dangereux qui n’a pas eu peur de venir au Mali pour défendre « l’immigration choisie » et pour dire que, économiquement, la France n’a pas besoin de l’Afrique. Pour moi, l’immigration choisie est une volonté de priver l’Afrique de ses meilleurs diplômés. J’attends de voir ce qu’il va faire, mais je ne suis pas très optimiste. J’ai beaucoup d’amis Maliens en France qui, du jour au lendemain, peuvent se retrouver sous la menace d’une expulsion. Le discours de Sarko ne me rassure pas tellement.

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Les Echos : Vos protégés du Guérébou Kounkan sortent bientôt un second album. Qu’est-ce qui vous a amené à renouveler l’expérience ?

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Kwal : Ce renouvellement est logique parce que nous inscrivons toutes nos actions dans la continuité. C’est un projet que nous ne pouvons pas abandonner comme ça et que nous allons accompagner tant que cela est nécessaire. Sur les choses qui me fâchent ici dans le comportement des Blancs, c’est qu’ils ne vont pas au bout de leurs projets. C’est ce que nous voulons éviter avec Guérébou Kounkan. A partir du moment où nous avons décidé de leur redonner un espoir à travers la musique, nous n’avons plus le droit de les décevoir. Nous nous battrons avec eux pour développer ce projet jusqu’au jour où ils décideront de voler de leurs propres ailes.

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Les Echos : En dehors de Guérébou Kounkan, avez-vous d’autres projets musicaux au Mali ?

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Kwal : Pour l’instant non. Je n’aimerais pas trop me disperser. Je vais me concentrer sur l’essentiel. Mais, j’envisage de travailler avec Adama Yalomba sur un projet musical. Quand je joue avec lui sur scène, il se passe des choses extraordinaires. Nous nous comprenons très bien musicalement. J’ai la même complicité musicale avec King. J’ai participé à son album et il a écrit des textes pour le mien. Lassy King Massassy et Adama Yalomba sont vraiment mes amis ici.

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Propos recueillis par Moussa Bolly

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