Jah Alby le reggaeman

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Encore dans l’ombre dans le microcosme du reggae au Mali, le reggaeman, Jah Alby, s’apprête à disséminer sur le marché son premier opus, Africa, ce 17 décembre. L’artiste de 38 ans, qui n’hésite même pas à confier qu’il a bataillé dur pour en arriver là, revient sur son parcours.

Dreadlocks ou cadenettes qui pendouillent jusque sur les épaules, un visage oblong et calme qui rappelle un gars gentillet. Jah Alby, de son vrai Alidou Zongo, est venu au Mali en 2004 avec l’ambition de devenir danseur professionnel. Né le 11 février 1977 en Côte d’Ivoire, qu’il a quittée à l’âge de 15 ans pour venir à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), puis à Ouagadougou où il emboite le pas du chorégraphe de renom et acteur Souleymane Démé. Aussi, roule-t-il sa bosse en Algérie, en Guinée Conakry avant d’atterrir à Bamako. Il y forme un groupe avec deux autres amis pour composer des chansons.

« Moi je veux faire du reggae mais pas comme les Jamaïcains. Je veux avoir mon propre style. Avec ma voix, ce n’est pas facile », confie tout de suite Jah Alby. Le chanteur ajoute que cet album a été réalisé dans des conditions difficiles. Il est composé de dix titres, dont deux featuring avec d’autres noms connus du reggae comme Eli Kamano de la Guinée et Manjul Souletie.

« Ce que les yeux voient, la bouche n’a pas le droit de le dire… »

Dans cet album, Jah Alby parle comme l’indique le titre, de l’Afrique, des hommes politiques, de l’immigration, attaque Babylone (l’homme blanc) qui malmène l’Afrique. Mais sa cible privilégiée reste les hommes politiques qu’il sabre dans le titre « Vanpaya ». Pour lui, il y a une règle non écrite qui veut que « ce que les yeux voient, la bouche ne le dise pas. » Mais, ajoute-t-il, « nous les rastas, on le dit pour la prochaine génération. »

« Faites attention aux hommes, c’est des ‘vanpayas ‘. Ils vont nous blaguer, nous blaguer pour nous approcher, ils feront tout pour nous attirer. Mais après c’est les mêmes mots, puis jetteront des bâtons dans nos roues. Ils ont blagué même des frères et sœurs pour qu’ils se fassent la peau. Ils ont partagé l’Afrique entre des affamés, ils ont des comptes bancaires en Suisse à la sueur de nos fronts…», dénonce-t-il dans ce morceau auquel a participé Majul.

Il reprend le même registre de la dénonciation dans « M’Bembé », morceau dans lequel il prend à partie « ces hommes politiques qui ne font rien mais ne veulent pas qu’on le dise. »

Le 17 décembre prochain, la dédicace de l’album Africa aura lieu au Stade de France, à Niamakoro (Cité Unicef), à 22 heures. Ensuite, suivra un concert à Ouagadougou, son pays d’origine (au Palais du Peuple).

 

Par Boubacar Sangaré

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