Le jeune artiste a tout ce qu’il faut pour une belle carrière musicale : la voix et le maniement avec doigté des instruments musicaux. Mais son ambition se heurte à un réel manque d’accompagnement.
Issa Dembélé, jeune artiste de 32 ans traine ses pieds dans les rue de Ségou. En ce soir du 19 octobre, au cours d’une de nos promenades, nous entrons dans un espace culturel appelé « Mama Africa », situé à la mission catholique. Ce jour là, Issa est venu mettre les derniers réglages pour le show de la soirée. Il anime avec un groupe (au sein d’un orchestre) pendant les manifestations culturelles et folkloriques dans les quartiers de Ségou. Le groupe et son matériel sont très modestes, mais produisent une prestation remarquable. Les habitués de cet espace culturel le confirment. Et Issa y joue un rôle de premier rang.
Le jeune artiste est un obsédé de la guitare. Portant, il a commencé d’abord comme danseur auprès du groupe « Farafina Lolo », qu’il rencontre grâce à sa connaissance avec l’artiste Vieux Paré. Nous sommes en 1998, et l’apprentissage continue jusqu’en 2003 où le groupe se disloque à cause des querelles de leadership. Mais Issa Dembélé veut toujours apprendre. Il fait la connaissance de feue Molobaly Traoré, une grande artiste dont la renommée reste d’actualité à travers les ventes de disques dans les magasins. L’aventure avec Molobaly et son groupe continue jusqu’au décès de cette dernière. Dès lors, il intègre une troupe régionale dénommée « Maya Maya », avec laquelle il joue dans de grands festivals comme le Festival sur le Niger, à plusieurs reprises. Un jour de l’année 2009, l’ancienne ministre de la promotion de la femme en son temps, leur avait promis de transmettre à ATT une requête afin d’acquérir un orchestre. L’engagement a été respecté et, lors de la visite d’ATT et de feu Kadhafi à la faveur de l’inauguration de la mosquée de Ségou (construite par le Guide libyen), le chef de l’Etat malien remet 6 millions pour l’achat de matériels de musique. Ce jour là, ATT qui était attendu au Festival sur le Niger, demande de reprendre leur prestation. Car le produit était pur et séduisant.
Si cette étape a permis de découvrir son talent, dans ce groupe également les querelles de leadership handicapent sa percée. Il décide en effet de voler de ses propres ailes, mais manque de moyens. Il sortira un album intitulé « Tignè fô mandi bi maau yé » (les gens n’aiment pas la vérité », promet sans doute un succès d’audience. Dans cet opus l’artiste se veut un musicien de son temps, et aborde des sujets comme le mariage (appel à la sauvegarde des vertus), l’éducation et le droit à l’instruction pour tous. Certains morceaux, repris en de rares occasions (et exceptionnellement devant nous), porte le style Salif Keïta. Quand on lui demande les raisons, le jeune artiste est formel : « Salif est un maître. Les mots me manquent pour le décrire. Je serai fier d’être à ses côtés, fier d’être son élève, Salif Keita est le baobab de la musique Mandingue. Il constitue donc une source d’inspiration pour moi ». La sympathie est véritablement sans équivoque.
Le parcours de ce jeune artiste est atypique et ses qualités présagent bien d’une carrière musicale prometteuse. Mais aura-t-il les moyens de ses ambitions ?
I. F. SISSOKO