«Le miel n’est pas bon dans une seule bouche» ! C’est ce que nous répétait souvent le regretté Ali Farka Touré dans nos fréquents entretiens à Mali K7 ou chez lui à Lafiabougou où sa porte nous a toujours été ouverte ! Cette déclaration est une belle leçon de partage et de générosité. Et le Monstre généreux, pardon, le Monstre sacré du blues ne faisait jamais dans les circonstances. La générosité était ancrée en lui. Il était à cheval sur cette valeur aussi naturelle en lui que son immense talent d’artiste, compositeur, interprète, multi-instrumentiste…
Et Ali n’a jamais savouré seul le miel ! La preuve, ce sont ses Grammy Awards (Talking Timbuktu en 1995 ; In the heart of the moon en 2005 ; Ali and Toumani en 2011). Il a tendu le bras à tous ceux qui l’ont approché. Il a ouvert la porte du showbiz international à de nombreux artistes devenus aujourd’hui des stars de la musique malienne sur les scènes du monde. Si le cancer généralisé a physiquement eu raison de lui un 7 mars 2006, Ali restera à jamais comme une légende immortalisée par une discographie bien ornée de chefs-d’œuvre comme Talking Timbuktu, Amandraï, Ai Du, Hawa Dolo, Tulumba, Dofana, Savane, Erdi, Lassidan, Mahini me, N’Jarou, Ai bine… Grâce à lui, ils sont aujourd’hui rares ceux qui osent contester que les racines du blues sont en Afrique, que c’est une mélodie qui coule du Djoliba (fleuve Niger) au Mississippi et non dans le sens inverse !
Repose en paix, cher ami
Monsieur le Maire, que le Firdaouss soit ta demeure éternelle au Paradis !
Moussa Bolly