Malgré son âge, Haira Arby garde toujours sa belle voix et continue de bercer les mélomanes. Ce, après plus de 40 ans de parcours musical. Coup de cœur pour une artiste qui chante la diversité culturelle.
Artiste au timbre vocal très suave, Haira Arby chante depuis plus de 40 ans dans plusieurs langues nationales : chose rare dans un pays où la diversité culturelle et linguistique est pourtant une réalité. Elle est le fruit des biennales artistique et culturelle du Mali, c’est-à-dire des bons vieux temps des orchestres régionaux.
Haira Arby prête sa voix et son talent à plusieurs titres tirés du riche répertoire culturel songhaï, arabe et autres. À l’image de la Cité des 333 saints, forte de son métissage, les chansons de la «reine du désert» sont représentatives de la diversité ethnique. Car chantées en langues songhaï, arabes, tamasheq et autres avec une aisance dans la reprise de l’interprétation.
Durant son parcours musical, Haira Arby a tout vu et tout chanté sans jamais oublier les valeurs positives culturelles de son terroir. Tout au long de sa riche carrière d’artiste musicienne, elle a chanté l’amour entre les peuples, le rôle de la jeunesse dans un pays, la paix, entre autres. C’est pourquoi, en 2010, l’artiste a été retenue pour une tournée américaine lors de laquelle elle a chanté dans plusieurs Etats où ses paroles et ses mélomanes ont séduit plus d’un au pays de l’oncle SAM.
La gloire, elle en a connue et c’est dans sa belle Cité tombouctienne qu’elle a été sollicitée pour accueillir nombre de grandes personnalités du monde qui ont foulé le sol du désert. Cependant, l’enfant d’Abaraz, un quartier habité par la communauté arabe-berbère, n’a pas connu que des succès. Il y a eu des zones d’ombre dans sa vie, notamment lorsque des escrocs se sont servi de ses papiers d’artiste pour faire entrer des clandestins en France. Sans oublier l’un de ses albums qui a été illégalement dupliqué par le producteur Maicano.
Très affectée par l’occupation armée qu’a connue le nord, Haira Arby n’a pas eu le choix que de se réfugier à Bamako avec l’ensemble de ses musiciens. Et lorsque nous l’avons rencontrée pour la réalisation d’un documentaire sur le danger qui plane sur les expressions, l’artiste avait de l’amertume mais aussi de l’espoir quant à la résolution de la situation.
Aussi, à cause des divergences avec certains musiciens de l’ex-Diaba régional de Tombouctou, l’artiste a préféré voler de ses propres ailes. C’est le Gramy-Awards, feu Aly Farka Touré, qui s’est le plus investi pour lui offrir un orchestre afin qu’elle se maintienne sur l’échiquier musical.
À la fête de ses 40 ans de parcours musical célébré en 2011, ses fans lui ont rendu un hommage mérité. Lesquels avaient en grand nombre fait ce jour-là le déplacement pour le Palais de la culture. Et pour faire un clin d’œil à la voix du désert, TM2 (deuxième chaîne de la télévision nationale) a consacré un numéro d’une de ses émissions phares à la prestation de l’artiste au Festival au désert. Tout un symbole !
Paul MAHAMANE