Habib Koité : le griot qui a su remplacer le Ngoni par la guitare

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Né en 1958 à Thiès au Sénégal, Habib Koité, artiste malien, a force de persévérance, a acquis une renommée internationale, mais reste un fervent ambassadeur de la culture malienne dans toute sa diversité. Personne ne dira mieux de lui que cette introduction qu’on a sur son site Internet: «  Avec un pied solidement ancré dans le passé et l’autre résolument prêt à évoluer dans le monde actuel, Habib Koité est l’artiste d’une génération qui a été témoin de la chute des barrières culturelles ». Cela n’est pas surprenant, l’artiste s’est abreuvé à la bonne source.

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Certes né au Sénégal, Habib a pratiquement grandi dans un milieux culturel qui l’a façonné. Six mois après sa naissance à Thiès, sa famille a décidé de retourner au Mali. Elle s’installe à Kayes, pour un départ et regagne ensuite Bamako. Originaire d’une famille de griots de l’ethnie Khassonké, Habib grandit au milieu de dix-sept frères et sœurs.  Très tôt influencé par son grand-père qui jouait le Ngoni, Habib n’eut pas une grande difficulté à se mettre à la guitare . Il retourne à Kayes, capitale régionale de l’Ouest du pays, en 1968, l’année où le président Modibo Keita est renversé. C’est pratiquement en autodidacte qu’il appris à jouer cet instrument.

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« Personne ne m’a réellement appris à chanter ou à jouer de la guitare, j‘ai regardé mes parents et cela a déteint sur moi », explique Habib. Celui qui rêvait être ingénieur a intégré l’Institut National des Arts de Bamako en 1978, son oncle maternel, enseignant qui lui trouvait du talent, l’y avait orienté. Très vite, les faits donnent raison au tonton. Exceptionnellement talentueux, après seulement quelques mois de cours, Habib devient le chef de l’orchestre INA star. A cette époque, cet institut était un vivier de talents. Habib y côtoie Toumani Diabaté, joueur de Kora.

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En cette période de sa formation académique, Habib est marqué par les jeux de guitare de Sékou Diabaté, alias Diamond Finger, guitariste du Bembeya Jazz de Guinée, Djelimady Tounkara du Rail Band et de Zani Diabaté du Super Djata Band. Il peaufine son jeu de guitare, sous la houlette de son professeur de guitare classique Khalilou Traoré, qu’il va remplacer comme professeur à l’INA. Ce dernier s’étant envolé pour le Cuba. Habib reste à ce poste jusqu’en 1996. Mais, il faut rappeler qu’à la fin des années 1980, il a fondé son groupe: « Bamada » qui a eu le temps de se tailler une solide réputation scénique chez de nombreux mélomanes et noctambules bamakois qui écument les points chaux de la capitale, la nuit tombée.

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Cependant, il a fallu attendre 1991, pour qu’Habib voit sa carrière prendre une tournure qui allait le propulser sur la scène internationale. Cette année là, il remporte le Premier prix du festival Vox Pole Perpignan. Cela lui permet d’enregistrer ses deux premiers morceaux, dont le plus célèbre « Cigarette a Bana ». Le succès fut total en Afrique où les chaînes de télévision se sont arrachées le vidéoclip conçu pour faire la promotion du morceau.

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Habib rencontre Michel De Bock, éclairagiste de l’Ensemble Koteba d’Abidjan.  Ce dernier venait de fonder avec Geneviève Bruyndonckx, un département de production artistique baptisé « Contre-jour », afin d’aider des artistes africains à se faire connaître en Europe. C’est cette structure belge qui a permis à Habib et à son groupe « Bamada »  de fouler pour la première fois le sol européen, en 1994. Et depuis, le groupe n’a plus eu de répits. En 1995, « Muso Ko », le premier album d’Habib et de son Bamada est enregistré à Bruxelles.

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Dès la sortie de l’album, Habib était convié à tous les festivals européens. Malgré, un calendrier chargé, il eu le temps de perfectionner la musique de Bamada dans un studio parisien grâce à une bourse du ministère français de la coopération. « Ma Ya » son deuxième album sorti en 1998, recevra les faveurs de la critique mondiale et Habib sera nominé à la deuxième place des World Music Charts Europe pour l’année 1998. Sa rencontre avec le bluesman Éric Bibb, lui permet de convaincre le public américain que le blues tire ses origines de l’Afrique. En 2000, il eu le privilège de participer à un projet avec l’Art Ensemble of Chicago et lors d’une tournée aux USA en co-récital avec Oumou Sangaré, la diva du Wassoulou, il rencontre Jackson Brown et Bonnie Raitt. Ce dernier convaincu de son talent, va l’inviter plus tard à jouer sur son album « Silver lining ».

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En 2001, avec la sortie de son troisième album « Baro », Habib fini par convaincre de la dimension mondiale de son art. Cet album est un véritable chef d’œuvre qui part de la culture mandingue aux influences afro-cubaines, en passant par le blues et le flamenco. En 2003, pour convaincre les derniers sceptiques, il met sur le marché mondial « Fôly », un double CD enregistré en live. Le guitariste hors pairs a  à son actif de nombreuses collaborations. Il a travaillé avec Louis Mahlanga et sur les projets Désert Blues, avec les Tartit et Afel Bocoum. Habib était aussi associé à Acoustic Africa avec Vusi Mahlasela et Dobet Gnahoré. Mais, il a pu retrouver les chemins des studios à la fin 2006, malgré ses tournées aux quatre coins du monde et le résultat est sur le marché depuis le 13 septembre 2007.

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« Afriki » est le nom du dernier opus de la star malienne. Dès sa sortie, le CD a été présenté comme une rencontre de la tradition griot, du blues et de la soul. Sorti chez Cumbancha, cette œuvre est qualifiée par certains critiques comme une œuvre étonnante qui conjugue à merveille mélodies envoûtantes, racines folk et rythmiques chamarrées. « C’est une rencontre parfaite de modernité et de tradition » estiment d’autres. Tout compte fait « Afriki » signe le retour de Habib et de son Bamada sur le marché des ventes discographiques.

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Assane Koné

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