Samassa Records, en partenariat avec Prestige Consulting et ABC.Com SARL, organise du 10 au 12 novembre 2023, la 1re édition du Festival Sylla Forever. L’objectif est de rendre hommage à l’un des plus grands producteurs du monde. Il s’agit d’Ibrahima Sory Sylla qui se trouve être un Africain, un Malien de par sa mère, un Sénégalais de par son père et un Guinéen de par son origine. Une quarantaine d’artistes du Mali, de la Guinée, du Sénégal, du Cap vert et de la RDC sont attendus à cette grande rencontre du monde musicale. En prélude à cette rencontre de trois jours, les organisateurs ont tenu un point de presse le lundi 1er mai 2023 à l’hôtel Millenium.
Ibrahima Sory Sylla est né en 1956 dans une famille polygame. Destiné à l’école coranique, il fit ses premiers pas auprès de son père en Côte d’Ivoire parce que ce dernier était le marabout attitré de feu le président Félix Houphouët-Boigny. Sylla est amené au Sénégal pour y apprendre les fondements de l’islam, puis au Tchad pour concocter son savoir et sa connaissance de l’islam. A 13 ans, il organisait déjà des soirées dansantes pour les jeunes de son quartier. Selon Mamoutou Kéita de ABC.Com Sarl, c’est ce qui explique l’amour naissant de la musique en cet homme qui était destiné pour son père à être un gestionnaire ou un banquier ou un grand financier. “Il va donc faire des études de finances et de gestion en France et au terme de ses études, il est rentré au Sénégal où son père avait fini par élire domicile. Pendant que son papa pensait que ce garçon allait être un très grand banquier, voilà qu’il envoie le griot de son père pour lui demander l’autorisation de s’adonner à la production musicale. Son père a été tellement choqué par cette demande qu’il a giflé le griot famille, ce qui est contraire à toutes nos traditions. Sylla a été obligé d’abandonner la maison familiale pour aller errer à travers le monde”, rapporte Mamoutou Kéita, l’un des initiateurs du festival. A l’en croire, le producteur de tous les temps devra sa survie et son salut à sa sœur Binta qui a vendu son or pour prendre soin de lui en l’aidant dans la production. “Quatre ans plus tard, son père accepta finalement de l’accueillir à la maison parce qu’on n’est que le fruit de son destin. Son père marabout devrait se résoudre à comprendre que Sylla ne pouvait pas être un gestionnaire, ni un financier, ni un banquier, mais plutôt un producteur parce qu’il était un amoureux de la musique. Son père finit par l’encourager tout en lui donnant les ressources financières nécessaires pour qu’il s’installe dans la production musicale”, rappelle-t-il. Mamoutou Kéita assure qu’à 30 ans, Sylla était déjà multimillionnaire, car tous les grands artistes d’Afrique sont passés par ses mains. Sylla a produit 1300 albums et un album est constitué de 8 titres au minimum. Nous pouvons citer, entre autres, Salif Kéita, Baba Maal, Youssou N’Dour, Thioné Seck, Ismaïl Lô, Coumba Gawlo Seck, Sékouba Bambino, Africando, Alpha Blondy, Koffi Olomidé. Il a produit au moins 30 artistes maliens parmi lesquelles Salif Kéita, Nahawa Doumbia, Idrissa Soumaoro, Djénéba Seck, Abdoulaye Diabaté, Kassé Mady Diabaté, Ami Koïta, Askia Modibo, Oumou Sangaré, Amadou et Mariam Kandia Kouyaté, Naïny Diabaté, Tata Bambo Kouyaté, etc. “Il a produit plus d’une trentaine d’artistes du Congo-Brazzaville et de la RDC. Il en a autant produit au Sénégal, en Guinée, au Cap-Vert et partout où la musique africaine peut se jouer, Sylla y a été présent et a produit des artistes. Il est mort à l’âge de 58 ans. On dirait qu’il est venu remplir une mission et s’en allé, tellement que le volume de sa production est extraordinaire et fabuleux. Il n’y a aucun pays au monde où on trouve un producteur qui a autant produit et cet homme est inconnu au Mali, il n’est plus connu en Guinée, au Sénégal, au Cap-Vert et en RDC”, regrette-t-il. A ses dires, c’est pour éviter qu’on ne tombe dans l’oubli que Mamadou Samassa qui a suivi Sylla partout dans le monde, a décidé de l’honorer. Il a produit un film documentaire sur Sylla et il a aussi écrit un livre. Pour couronner tout, il a décidé d’organiser un festival qui va réunir l’ensemble des artistes qui ont été produits par Sylla.
Notons que sur 40 artistes contactés à travers l’Afrique, à l’exception de Kanda Bongo Man et d’Ismaïl Lô, tous les autres sont d’accord pour venir prester volontairement à Bamako pour magnifier Sylla, dire à la face du monde entier ce que fut cet homme et ce qu’il a laissé à la postérité comme patrimoine musicale. Retenons que ce festival d’hommage à Sylla, une légende et un monument de la production va se dérouler sur l’esplanade du CICB du 10 au 12 novembre 2023. Les initiateurs sollicitent des services, des personnes de bonne volonté de s’associer à cet évènement de grande envergure.
Marie Dembélé