Ensemble instrumental du Mali : Une ‘’école’’ en voie de disparition

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L'ensemble instrumental du Mali

Créé en 1961, au lendemain de l’Indépendance du Mali, l’Ensemble instrumental national est un groupe de musique traditionnelle, une école de l’excellence symbolisant l’unité artistique et culturelle du Mali. Sa mission est de prospecter, répertorier et mettre en valeur l’héritage prodigieux du Mali dans le domaine de la musique et de la chanson. Connu par les chansons et les sons des instruments de chez nous, le groupe est aujourd’hui en voie de disparition. Certains instruments ne sont plus joués et la relève n’est pas assurée en cas de décès d’un des membres, faute de financement.

En effet, ce groupe a longtemps été un passage incontournable pour les jeunes artistes, vers une carrière artistique. Plusieurs artistes sont passés par là, notamment, Saranfing Kouyaté, Sidiki Diabaté, Djélimady Diabaté, Tata Bambo Kouyaté, Hawa Dramé, Amy Koita, Kandia Kouyaté Fissa Maïga pour ne citer que ceux-là. De nos jours, le groupe a perdu son prestige, il est presque méconnu par les jeunes générations.

Pour tenter de comprendre son histoire et les difficultés auxquelles il est confronté, nous avons approché Moussa Mariko, professeur de musique à l’Institut National des Arts (INA). Il est l’actuel directeur artistique de l’Ensemble instrumental du Mali depuis 2010.

Selon  lui, c’est le modèle européen, notamment le système capitaliste qui a joué sur l’ascension du groupe.

« Dans le temps, c’était le socialisme. Dans le cadre du partage et d’échange des cultures, le gouvernement envoyait les membres de l’ensemble à Moscou, en Chine, à Cuba chaque année pour promouvoir la culture malienne à travers nos instruments traditionnels. Mais  tel n’est pas le cas en ce moment », a-t-il déploré.

D’après lui, les premiers dirigeants des pays de l’Afrique et d’ailleurs mettaient en exergue les valeurs culturelles et traditionnelles de leurs contrées. Il a fait l’historique de la création du groupe.

Selon ses explications, c’est après une visite du président Modibo Keïta en Guinée Conakry que l’idée de la création de l’Ensemble Instrumental du Mali est venue. Émerveillé par le son des instruments traditionnels et la voix des grands hommes de culture et de tradition de la Guinée, à son accueil, le premier président malien s’est entretenu avec son homologue Sékou Touré à propos de ses musiciens. Celui-ci lui raconta l’histoire de la création de ce groupe (Ensemble Instrumental National de la Guinée). Homme de culture, impressionné par leur prestation musicale, dès son retour au pays, au lendemain de l’accession du Mali à l’indépendance, Modibo Keïta expliqua à ses collaborateurs de l’époque ce modèle guinéen qui l’a séduit et demanda s’il existait une possibilité de créer un tel groupe au Mali.

Ce qui fut fait car la rencontre avec les glorieux musiciens qui incarnaient la culture et la tradition du Mali tels que Môgontafé  Sacko, Sidiki Diabaté et Batourou Sékou a permis la création et la composition du groupe Ensemble Instrumental du Mali en 1961, au lendemain de l’indépendance du pays.

A en croire Moussa Mariko, à sa création, le groupe avait comme objectif de faire ressortir les anciens instruments traditionnels maliens qui se jouaient dans les villages, de les revaloriser et de leur faire connaître dans les grandes villes. Il s’agit des instruments tels que la Kora, le Balafon, la Flûte mandingue, le N’goni, le N’Bolon, le Kamalen N’Goni, le Dundun, le Soku et le Djembé etc. Ces instruments sont accompagnés par des chansons qui ont leur sens car elles sont faites pour donner des conseils, des leçons de morale et d’encouragement. Elles retracent également les faits et les bravoures des grands hommes qui ont laissé leurs traces dans l’histoire du Mali de l’épopée mandingue, au royaume bambara de Ségou. Sans oublier celles livrées dans les différentes langues pour la paix et l’unicité du Mali.

«Au début, il y avait beaucoup de personnes, le groupe était composé de près d’une soixantaine de membres, avec plus de six joueurs de Kora et trois joueurs de Balafon. À l’époque, l’ensemble était pris en charge par l’Etat, les 60 personnes étaient payées comme des fonctionnaires. Maintenant, le groupe est à la charge du Palais de la Culture qui est un Établissement Public à Caractère Administratif et qui a un budget limité pour prendre en charge plusieurs membres », a-t-il indiqué.

D’une soixantaine de membres à une vingtaine aujourd’hui

Amoureux de la culture malienne et inquiet pour le devenir du groupe, l’actuel directeur artistique de l’Ensemble Instrumental du Mali tente d’apporter des solutions pour redonner au groupe son ancienne gloire.

«Même récemment, ils ont recruté certains membres, mais à mon avis, en plus du Sokoun et de la flûte qui ont disparu, il existe plusieurs instruments traditionnels qui nécessitent d’être intégrés pour être mis en valeur tels que le thinté dans le milieu tamashek, le kousoun kousoun, instrument des jeunes filles dans le temps,  le N’ga boro bourou et  le N’gaignai. Mais cela ne peut pas être fait sans argent. Malheureusement de nos jours, le gouvernement ne prévoit pas assez de financement dans ce domaine. Si j’avais les moyens, j’allais embaucher un joueur de la flûte mandingue, de sokoun, du n’bôlon, du thinté etc. J’allais augmenter le nombre des membres du groupe afin qu’il puisse retrouver sa place et sa valeur d’antan », a ajouté Moussa Mariko.

Il dit  regretter le fait que beaucoup de gens pensent que l’Ensemble Instrumental n’existe plus, tout comme le ballet malien qui a connu les exploits de Zani Diabaté, le groupe dramatique de Guimba national, le Badema national du feu Kassémady Diabaté etc.

Pour M. Mariko, tous ces groupes existent mais il reconnaît qu’ils ne sont plus comme avant. Afin de leur donner leur éclat d’avant, il préconise aux populations d’aller à leur rencontre au Palais de la Culture, de les solliciter pour  des prestations culturelles et artistiques lors des grands évènements dans la capitale tout comme dans les régions et cercles. Ainsi dit-il, elles contribueront à leur revalorisation et à celle des instruments traditionnels en voie de disparition sur les scènes nationales et internationales.

A noter que les premières générations du groupe étaient composées entre autres de Sidiki Diabaté (père de Toumani Diabaté), Batrou Sékou Kouyaté, Fanta Damba tchinin, Fanta Damba Kôrôba, Môgontafé Sacko, Koumba Sidibé, Bintou Sidibé, Souadou Soumanou, Wandé Damba, Nantenendiè Kamissoko, Saranfing Kouyaté, Orakya Kouyaté, Djelimady Diabaté, Hawa Dramé, Fanta Damba, Kandia Kouyaté, Amy Koïta, Tata Bambo Kouyaté, Dogomani Dagno, Bako Dagnon etc. L’actuelle génération est composée entre autres de Moussa Mariko, Modibo Diabaté, Binèfou Koïta, Mamadou Kouyaté, Daybou Tounkara, Moussa Sacko, Diawoye Soumano, Djénèba Doumbia, Adama Sacko, Aminata Diabaté, Bintou Kouyaté, Assétou Dramé, M’ba Kouyaté, Modibo Diawara, M’bouillé Sacko, Issouf  Sissoko, Awa Kouyaté, Assétou Kouyaté, Oumou Sinayoko, Djénéba Sacko, Yacouba Coulibaly et Ibrahima Barry, le technicien du groupe.

Marie Diané (Stagiaire)

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2 COMMENTAIRES

  1. Nous ne sommes plus des hommes de culture.
    Nous sommes désormais des animaux errant sans repère et vociferant dans les téléphones portables.
    Nous avons perdu tout y compris le socle de ce qui fait notre humanité.
    Nous n’avons plus d’histoire.
    Ce qui devrait faire notre fierté est aujourd’hui oublié de tout le monde.
    Nous nous agitons sans cesse pour ensuite nous perdre dans les futilités.
    Nous n’avons plus aucune fierté de nous même.
    Nous ne savons plus vers quoi aller.
    Nos guides sont aveugles.
    Les charlatans nous haranguent nuit et jours.
    Nous vivons dans les ordures.
    Et nous dansons et rions dans la poussière.
    Un pays entier s’enfonce dans les ténèbres et les abîmes de l’insignifiance.
    Je ne reconnais plus mon pays.

  2. « Dans le temps, c’était le socialisme. Dans le cadre du partage et d’échange des cultures, le gouvernement envoyait les membres de l’ensemble à Moscou, en Chine, à Cuba chaque année pour promouvoir la culture malienne à travers nos instruments traditionnels. Mais tel n’est pas le cas en ce moment », a-t-il déploré.

    ET D’ AJOUTER QUE LE RAP, LE RAGGA, LE BREAK-DANCE, LE CRACK, LE CROCODILE …, EN SOMME LE “MADE IN CHICAGO, LOS ANGELOS, MIAMI-BEACH” COCKED , SONT BIEN SERVIS , DE LA RUE JUSQU’ A’ KOULOUBA….!!!

    AU LIEU EXPORTER LA CULTURE, NOUS IMPORTONS ABONDAMMENT LA MATIERE FECALE CULTURELLE DE L’OCCIDENT.

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