Très peu connu à Bamako au bord du fleuve Djoliba, Bafing Coulibaly ou alias Bafing Kul, fait aujourd’hui la fierté de la musique reggae made in Mali en Europe. Auteur, compositeur et interprète, il est l’initiateur de l’ « Appolo Reggae », une fusion de reggae et du rythme traditionnel mandingue «appolo». Quel est le parcours de cet artiste qui monte actuellement sur toutes les scènes européennes ?
Bafing Coulibaly est né le 18 septembre 1976 à Bamako dans une famille noble originaire de Ségou. Ayant choisi de se consacrer à faire une musique militante, cet artiste ne pouvait trouver mieux que le reggae qu’il a adapté à la sauce locale et qui sans cesse enflamme les salles et les scènes en Europe. Selon les témoignages, très tôt cet artiste a été touché par la souffrance des filles employées dans les familles. Cela l’amène à écrire « 52 Bamako », un titre où il dénonce l’esclavage domestique. Avec le succès, il va s’engager activement dans la lutte contre l’excision, avec l’album « Stop excision », sorti en 2000. Selon les statistiques, cette pratique touche encore 80% de femmes au Mali et des millions dans le monde. Et, comme Paris est pratiquement la plaque tournante de la musique mondiale, Bafing Kul eut la merveilleuse idée de s’y installer en 2002, pour donner un élan international à sa carrière.
Une fois au bord de la Seine, il va monter un groupe de musique qui n’aura aucun mal à décrocher des tournées en France où il partage l’affiche avec le groupe mythique sénégalais « Touré Kunda » qui a bercé son enfance. Très sensibilisé sur les questions de l’excision dès sa tendre enfance, il n’aura aucune peine à se trouver sur la même longueur d’onde avec les associations françaises engagées dans la lutte. Sa collaboration avec la Commission pour l’abolition des mutilations sexuelles (CAMS) va le propulser sur le devant de scène du combat contre l’excision. Cette Commission a joué un rôle important dans l’enregistrement en 2004 de son premier maxi CD, intitulé « Africa Paris ».
Cet album, composé de 4 titres, a été enregistré sur un beat reggae en fusion avec la musique mandingue, notamment le rythme « appolo », qui fut à l’époque très prisé au Mali pour les cérémonies de baptêmes et de mariages. En 2009, il sort son deuxième album : « Yelen-la lumière-the light ». Chanté en bambara ou en français, cet album a été enregistré entre Bamako, Paris et Abidjan. Composé de onze titres qui abordent des thèmes très actuels, pouvant toucher le monde entier, le deuxième album de Bafing Kul plaide pour la justice, le respect des droits de l’homme, l’égalité, la paix et l’amour, l’autosuffisance alimentaire, la santé et l’éducation pour tous les peuples. Pour se convaincre de la qualité artistique de cet artiste, c’est le lieu de rappeler que l’album a été réalisé et mixé par Michael Sène, qui n’est plus à présenter dans le monde du reggae pour avoir travaillé avec les Wailers de Bob Marley, Alpha Blondy, les Neg’Marrons et Tonton David. Selon les critiques, Bafing Kul représente une union harmonieuse de la musique traditionnelle du Mali, du blues, et du reggae. Ils estiment qu’on y retrouve la singularité de ce pays où force et douceur s’enracinent dans la parole et la musique. Bafing Kul a l’art de raconter avec respect, sur des arrangements heureux aux techniques professionnelles, la gravité des injustices. Entre la rythmique mélodieuse et le coup de poing sur la table, Bafing Kul sensibilise notre humanisme par son ouverture charismatique.
Assane Koné
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