Décès de Dimi Mint Ould Abba : La Mauritanie fond en larmes

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La grande chanteuse nationale Dimi Mint Sidaty Ould Abba est décédée samedi dernier dans un des hôpitaux de Rabat, suite à un malaise qui a nécessité son évacuation vers la capitale marocaine où une opération chirurgicale n’avait pas réussi à la sauver d’une mort tristement vécue aujourd’hui par les mauritaniens gouvernants et gouvernés, politiques et intellectuels ainsi que le grand public.

Le gouvernement, qu’une certaine opinion avait accusé de ne pas avoir accompagné suffisamment feue Dimi dans les phases de son accident cérébral, a adressé ses condoléances à la famille Ehl Abba et au monde de la culture et de l’art en cette douloureuse cirsonstance. Dans un vibrant hommage qu’il a rendu à la diva du désert, le président de l’Ajd/Mr Ibrahima Moctar Sarr, également poète pour mieux sentir Dimi dit «  j’écoutais sa musique depuis fort longtemps, ses cassettes ne m’ont jamais quitté. Je l’ai connue personnellement, lorsque la maison de la télévision venait d’être terminée et dans le cadre de mon émission « Télé-culture ». J’ai fait avec elle la première émission hors studio, sur les dunes de sable où nous avons essayé en play-back, "Richatul venni et Mauritania ». Et d’ajouter : « une année plus tard, je lui proposais un duo avec le grand musicien Sénégalais Baaba Maal qui venait faire un concert à Nouakchott. Ce fut simplement merveilleux. Parmi les plus belles voix du désert et de la chemama, les deux vedettes du sahel ont su démontrer sur scène que notre patrimoine culturel est un. Venant d’un mélange historique des airs berbères et arabes, façonné dans le « Howl, le vaghou, le lebteit… » et le fond statique permanent de la musique Pulaar allant « du yela, du Goumbala,du Pekan, des kerodes,du fantang au dillere et autre ", cette musique, symbiose des apports fécondants du Grand manding qui en constituent le soubassement, était là pour nous rappeler ce que nous partageons ensemble. Il faut rendre grâce à Allah et célébrer nos ancêtres qui, depuis Coly Tenguella jusqu’aux guerriers Oulad-Mbareck qui ont permis à cette descendante de Seddoum ould Ndiartou de perpétuer le message musical. Après son père Sidaty ould Abba qui marqua les débuts de notre indépendance par sa stature indéboulonnable, Dimi a régné sur sa génération depuis plus de trente ans sans discontinuer aux cotés de grands maîtres comme Seymali et Seddoum ould Eida.

Comme Molière elle est morte presque sur scène. Les hommages ont été nombreux, dont celui d’ Ahmed Bezeid Ould Mouknass selon lequel  « l’œuvre de DIMI va continuer de vivre en nous avec sa voix si chaude » ajoutant «  notre douleur et notre chagrin sont à la mesure de l’admiration et du respect que nous lui portions. Elle était notre amie et nous ressentons le choc de cette douleur. Tout en lui demandant : "Que serons-nous sans toi?" Toi qui as tant donné à la culture et à la chanson Mauritaniennes. Elle était très préoccupée par l’avenir de cette culture que le big business défigure trop souvent ».  Un autre dit à propos d’elle « j’ai connu personnellement cette grande diva, elle était d’une modestie, d’une gentillesse exemplaires, je peux dire seulement qu’elle aimait tous les mauritaniens. Elle n’était la griotte d’aucune famille, d’aucune tribu, d’aucune région, elle était simplement une artiste mauritanienne. Je l’ai entendue regretter de ne pas parler les autres langues pour y exprimer son talent. Dimi était négro au sens réel et figuré, elle était blanche de peau, noire de cœur Arc-en-ciel dans la vie ». Née le 25 Décembre 1958 à Tidjikja, dans la wilaya du Tagant, Dimi Mint Sidaty Ould Abba a chanté en faveur des causes de libération nationale arabes et africaines, notamment la libération de la Palestine et la lutte contre l’Apartheid. Surnommée "diva du désert" et comparée à la diva égyptienne Oum Kaltoum, Dimi Mint Sidaty, qui est la fille de l’auteur de la musique de l’hymne national mauritanien, a chanté sur les scènes de plusieurs pays à travers le monde arabe, l’Europe et l’Afrique. Elle est considérée comme l’une des plus célèbres artistes mauritaniennes ayant acquis une réputation et un large public sur la scène nationale, depuis son entrée dans le monde de la musique, dans les années 70.

Avec la résurgence de son talent, elle s’est liée avec l’artiste feu Seimaly Ould Hemed Vall, qu’elle décrit comme étant son premier maître et l’artisan de ses rares mélodies, ainsi que son guitariste auprès de qui elle s’est considérablement inspirée, et a beaucoup appris. Le mariage ne durera pas longtemps et Allah rappela feu Seymali. Dimi s’est liée, par la suite, à l’un de ses proches et second époux, El Khalifa Ould Aida, dont les souvenirs avaient continué à la pourchasser après avoir été rappelé à Allah, lui aussi. A propos de El Marhoum El Khaliva, feue Dimi Mint Abba dit qu’il était une personne unique non seulement par ce que c’est un mari qu’elle avait franchement aimé, mais aussi qu’il était son cousin avec lequel elle a vécu les plus beaux moments de sa vie, et son compagnon de voyage dans l’espace artistique, avec lequel elle a enregistré plusieurs chansons, et duquel elle s’est passionnée au plus haut degré. En 1976, le ministère de la culture a présenté la candidature de la diva avec d’autres artistes pour postuler au festival de la meilleure voix, en préparation pour le voyage vers Tunis. Elle remporta la première place et partit participer à cette compétition alors qu’elle n’avait que 17 ans. Elle avait joué « Leysseti El veni ben » poème d’Ahmedou Ould Abdel Kader  Le concours représentait, pour elle, son premier voyage dans le monde de la célébrité. La diva Dimi Mint Abba a également mené des actions de bienfaisance, et s’est activée dans des initiatives féminines pour aider les pauvres et les nécessiteux, mais elle refusait de parler de ces aspects, indiquant qu’il s’agit d’actes appartenant à Allah, n’acceptant pas d’en parler avec les autres.
Eveil Hebdo (Mauritanie)

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