Le concert de Babani Koné avait été annoncé à grande pompe et était attendu par plusieurs femmes de la capitale. Mais, ce qu’il faut retenir, c’est que beaucoup de femmes n’oublieront pas ce concert de sitôt. Car il leur a laissé des taches indélébiles: elles ont eu des accrochages avec les loubards de Babani, les éléments des Forces de l’ordre ou entre elles-mêmes à cause de la tension qui régnait ce jour-là au Centre international de conférences de Bamako. Et pour cause, il y a eu plus de billets vendus que de places disponibles.
La première des choses pour un concert, c’est le ticket d’entrée. Or tout le monde sait que la salle Djéli-Baba Sissoko fait mille places. Et contre toute attente, les organisateurs avaient confectionné plus de quatre mille tickets. C’est là que le calvaire des femmes a commencé car, à part les premières à venir, toutes les autres étaient restées sans place.
Dans la salle, les organisateurs avaient, dans un premier temps, ajouté des chaises supplémentaires. Ce qui rendait le déplacement difficile, les allées étant bouchées de femmes. Entre-temps, beaucoup étaient à couteaux tirés avec les loubards de Babani qui leur demandaient comment elles ont pu acquérir leur ticket.
Celui-ci, qui était normalement de 5000 F CFA, a été vendu à 7500 F, voire à 10 000 F CFA. Vu le manque de places, beaucoup de femmes qui possédaient pourtant des tickets, étaient obligées de soudoyer les policiers pour avoir accès à la salle. Mais, ce qu’on ne leur disait pas, c’est qu’il n’y avait plus de places. Une fois dans la salle, les bousculades allaient alors bon train entre elles. Il faut ajouter à tout cela le fait que certains organisateurs faisaient entrer des milliers de personnes, manquant de billets, par fraude. C’est sous cette tension que le commissaire du 2e Arrondissement de police de Bamako a été obligé de faire le déplacement sur le terrain. C’est ainsi que certaines portes ont été fermées pour arrêter les entrées. Et n’eût été cette intervention, c’était une véritable catastrophe en vue.
Sous le choc qu’elles ont subi suite aux accrochages, plusieurs femmes ont même été secourues par les sapeurs-pompiers. C’est dans ce désordre que le concert de Babani Koné a commencé avec la prestation de Mame Miss, qui a chanté un morceau, suivie de celle de Fatoumata Dramé dite Chéché. Tout le reste de la nuit, de 22 heures 30 minutes à minuit 35 minutes, Babani, à elle seule, a chanté treize morceaux.
Et tout au long du concert, aucune femme n’a pu aller aux toilettes: il n’y avait pas de passage, les allées étant bourrées de spectatrices. Certaines d’entre elles étaient même restées dans les couloirs du CICB pour suivre le concert. C’est face à cette situation que bon nombre de femmes ont préféré tout bonnement rentrer chez elles sans bruit. Celles qui sont restées ont eu toutes les difficultés du monde étant donné que les organisateurs, pour la plupart des loubards, n’avaient d’autre solution que la force.
Les revendeurs de tickets d’entrée ont été les premiers à avoir une bataille avec les loubards de Babani qui leur reprochaient d’avoir vendu plus cher ces billets. La bagarre a donné une mauvaise image à la soirée car les premiers spectateurs à venir ont été obligés de rebrousser chemin pour ne pas être victimes du combat entre gros bras. C’était pratiquement le même scénario que dans la salle, avec la chasse aux caméras et autres photographes qui n’étaient pas autorisés par les organisateurs.
Pire, même ceux qui voulaient faire des photos avec leur appareil photo numérique ou leur téléphone portable ont eu des problèmes avec les loubards de Babani Koné qui n’écoutaient personne. Et qui, dès l’entrée, faisaient savoir qu’ils n’avaient pas besoin de journalistes qu’ils ont priés de ne pas faire de photos tout en ignorant leur carte de presse, leur demandant de payer comme les autres. Chose qui a été exécutée sans problème.
Mais, à la grande surprise des hommes de presse, les faits et gestes étaient surveillés, comme du lait sur le feu, par de gros bras.
Kassim TRAORE
Les potins
Les tickets à 12 000 F CFA
Mis en vente très tardivement, les tickets d’entrée du concert de Babani Koné ont été vendus à tous les prix. Si les organisateurs les vendaient à 5000 F CFA pour les premiers arrivants, toutes les autres personnes venues aux environs de 20 H ont constaté qu’il n’y avait plus de billets. Les rares qui se trouvaient avec les revendeurs ont augmenté de prix: de 7500 F CFA au début de la soirée, ils ont été vendus à 12 000 F l’unité. Après cela, il fallait corrompre les portiers pour avoir accès à la salle qui était déjà bourrée de monde. Car pour une salle de mille places, 4000 tickets d’entrée ont été conçus au vu et au su des autorités.
Plus de 60 appareils confisqués par les organisateurs
A part les caméras de l’ORTM et deux autres caméras privées, tous les autres appareils-photos, caméras et portables qui filmaient ou qui pouvaient faire des photos ont été confisqués par les organisateurs. Ces appareils, selon un membre du staff de Sirani, seront vidés de leur pellicule et les images enregistrées seront testées par les autres appareils.
Mais, avant cela, il y avait une véritable chasse à l’homme car tous les photographes ont été priés de quitter le CICB sous peine d’être chassés de force par les gros-bras recrutés pour la circonstance. Face à l’indifférence de ceux-là, les organisateurs leur ont confisqué leurs appareils. Cette affaire ne semble pas être close car les photographes, regroupés en association, n’ont pas dit leur dernier mot.
Les gaffes des animateurs
Les animateurs du concert ont tous eu leur gaffe. Adama Koité, le premier animateur à être sur la scène se moquait, à chaque occasion, des gens qui avaient des problèmes de place. Le second, Lamine Sissoko, croyant que c’était une scène de défilé de mode pour les téléphones portables et croyant avoir la meilleure marque dans la salle, s’est rendu compte qu’il s’est débarrassé du sien. Le troisième animateur, Dramane Djibo, arrivé d’ailleurs en retard, s’est directement présenté avec une cigarette à la bouche, oubliant qu’il n’était pas dans les studios de la radio Guintan. Et, à chaque sortie, il avait une mèche de cigarette. Il a fallu d’ailleurs, une fois, l’intervention d’Adama Koité pour l’empêcher de monter avec la cigarette sur le podium.
Nakany Kéïta était de la partie
L’ancienne miss ORTM était dans la salle Djéli-Baba Sissoko pour suivre le concert de Babani Koné. C’est grâce au petit jeu-concours organisé dans la salle sur la carrière de Sirani que nous l’avons su. Elle a répondu à la question relative au nombre d’albums de Babani Koné, soit 4.
Cette bonne réponse a permis à Nakany Keïta d’avoir un sachet de cadeaux. Comme d’autres femmes, histoire de tuer le temps avant que Sirani ne vienne sur le podium pour ses prestations. Cette transition a eu l’avantage de soulager certaines dames qui, sans place assise, ont, pendant un moment, oublié leur peine qui a duré tout le long du concert.
La fin en queue de poisson
C’est quand les spectateurs déjà fatigués ont compris que Babani n’avait plus rien à dire qu’ils ont cherché la sortie. Pour cela, les retardataires, qui étaient au niveau des entrées et qui n’avaient rien vu du concert, ne voulaient pas laisser passer ceux qui étaient dans la salle. Cette incompréhension a provoqué un grand brouhaha dans la salle et c’était au sauve-qui-peut que les fans de Sirani cherchaient les issues.
C’est ainsi que le public s’est débrouillé à sortir petit à petit, laissant Babani chanter. A la porte, c’était la désolation et le découragement pour beaucoup de femmes qui estimaient n’avoir rien vu de nouveau de la part de la cantatrice.
Rassemblés par Kassim TRAORE“