C’est à l’institut français de Bamako que nous avons été reçus par le musicien Cheickné Sissoko. Toujours naturel dans sa façon d’être, celui qu’on surnomme aujourd’hui l’homme aux cinq «tamans» est un musicien dans l’âme. Ce descendant de Wallé Baba Sissoko et de N’di Tounkara est originaire de Madina Sakho, dans la région de Koulikoro.
Le Débat : Pouvez-vous nous dresser brièvement votre parcours artistique ?
Cheickné Sissoko : Si j’essaye de vous le dire dans les moindres détails, nous allons passer toute la journée là-dessus. Une chose est sûre, c’est que depuis tout petit, à l’âge de 8 ans, j’ai commencé à faire de la musique jusqu’à maintenant.
Le Débat : À quand remonte votre premier contact avec la musique ?
Cheickné Sissoko : Mon premier contact date de 1997 avec Adama Traoré de Acte7. Nous avons été au festival Massa. Après cela j’ai été en France pour des tournées avec ma grande sœur. J’ai joué aussi dans plusieurs spectacles.
Le Débat : D’où vient votre inspiration avec les cinq tamans ?
Cheickné Sissiko : Je suis inspiré par la batterie acoustique. Je me suis dis pourquoi pas la batterie traditionnelle, donc l’idée est venue de cette manière. J’ai beaucoup travaillé avec les Baoulés en Côte d’Ivoire ; je les voyais avec 4 ou 5 «doundoun».
Le Débat : Pouvez-vous nous parler de «Somané», votre premier album ?
Cheickné Sissoko : Mon album est sorti depuis le 10 janvier dernier. Il est composé de 10 titres, mais l’album même est intitulé «Somané» qui désigne la personne qu’on aime en soninké. Dans cet album, nous avons chanté pour les Soninkés, les Sonrhaïs, les Bamabara, les Maninka. C’est typiquement malien.
Le Débat : Comment définissez-vous l’art?
Cheickné Sissoko : L’art, en un mot, c’est un truc de fou, si je peux m’exprimer ainsi. Ce n’est pas facile de composer un morceau, de dessiner, et quand on parle d’art, ce n’est pas de la musique seulement. Un artiste n’est pas n’importe qui ! Les gens, quand ils nous voient en scène (comédie, danse, musique), ils pensent que nous gagnons si facilement notre vie, alors que nous travaillons nuit et jour.
Le Débat : Quel message avez-vous à faire passer ?
Cheickné Sissoko : Je n’ai qu’un seul mot pour les jeunes musiciens : seul le travail paie. Rien n’est impossible. Il suffit d’avoir du courage, c’est sûr que cela va donner des résultats. Le Mali est un pays de culture, il est temps d’exploiter notre culture tout comme les autres pays de la sous-région.
Arouna Sissoko, (stagiaire)