Célébration du 11 mai au Mali : Quand les jeunes confondent rastafarisme, drogue, alcool, sexe et banditisme !

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A l’instar des autres pays, notamment du continent, les Maliens ont célébré le 11 mai, jour anniversaire de la mort du célèbre artiste Bob Marley, principal artisan du Rastafarisme qui est un mouvement messianique et culturel d’origine jamaïcaine dont le reggae est l’expression musicale. Considéré aujourd’hui comme «une religion» par ses adeptes, le Rastafarisme est très mal compris par les jeunes africains, en général et maliens, en particulier.

 

Le Rastafarisme perd de nos jours tout son sens. Pour s’en convaincre, dimanche dernier, il fallait faire un tour dans certains maquis et bars. Certains jeunes, peut-être pour des raisons de pauvreté ou de fainéantise, ont purement et simplement défiguré, dénaturé ce mouvement. Ce 11 mai 2014, ils étaient nombreux à s’habiller aux couleurs des rastas (rouge, jaune, vert). Certaines filles et certains garçons s’étaient fabriqués des coiffures et accoutrements bizarres qui n’ont rien à envier à des délinquants et bandits de grand chemin.

 

En fait, tous ne sont pas rastas et ne comprennent rien au Rastafarisme. Derrière leur look, se cachent de tristes réalités : drogue, alcool, sexe, délinquance…Où allons-nous donc à cette allure ? Il est temps, grand temps que les jeunes (filles et garçons) comprennent que le Rastafarisme est un mouvement qui prône la paix et la non-violence à travers le reggae qui est un genre musical qui se veut politique et mystique.

 

En effet, expression de la population noire de la Jamaïque et notamment celle des ghettos, le reggae est, dès ses origines, porteur d’un message politique et religieux, le rastafarisme. Fondé par un Jamaïcain, Marcus Garvey, ce courant mystique connaît son véritable essor aux États-Unis ; prêchant le retour en Afrique de tous les descendants d’esclaves disséminés sur le continent américain, et situant la terre promise des Noirs africains en Éthiopie, le mouvement mêle pensée biblique et panafricanisme, et se donne comme messie l’empereur d’Éthiopie Hailé Sélassié 1er , d’où le terme de rastafarisme — ras tafari signifie « roi des rois » en amharique (langue officielle en Éthiopie). Surnommé Jah (pour Jéhovah), le souverain est considéré comme le descendant direct de la lignée de Salomon et de la reine de Saba, et représente la branche noire des tribus d’Israël. L’oppression blanche est incarnée par Babylone la maléfique, et donne au reggae une dimension de rébellion qui entre en résonance avec les aspects subversifs inhérents au rock. Empreint de mysticisme, le reggae enflamme les bidonvilles de Trench Town et de Jones Town. Par la forme, il reprend souvent le dialogue entre le soliste et le chœur, en vigueur dans les sermons du rastafarisme. S’appuyant également sur l’ancienne tradition de plainte des esclaves, le reggae traduit le mécontentement populaire.

 

Il est à retenir que le principal artisan de la célébrité mondiale du reggae, mais aussi un symbole populaire de libération politique et culturelle à travers le monde, demeure Bob Marley, fils d’un officier de l’armée anglaise stationnée en Jamaïque et d’une chanteuse de gospel. En 1972, il apporte son soutien au candidat socialiste et contribue, par cet engagement «officiel», à donner au reggae un droit de cité. Toutefois, son ascension rapide ne l’empêche pas de continuer à prôner la philosophie rasta, comme en témoigne l’album Catch A Fire (1973), évocation sans ambages de la misère et de la criminalité croissante. À propos de la musique, Bob Marley affirme : «La musique est la religion et la religion la musique. Le reggae est une communication, la communication la plus douce».

C’est donc ce message de Bob Marley que nos jeunes doivent faire leur, au lieu de verser dans la dévalorisation et la dépravation de nos us et coutumes.

Bruno LOMA

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