Né en 1966 à Garana dans la préfecture de Baraouéli, à quelques encablures de la ville de Ségou, de tous les artistes musiciens maliens, Bassékou Kouyaté est celui qui a le plus contribué à la promotion du N’goni dans le monde. Son acharnement à faire confiance à cet instrument mythique lui donne aujourd’hui une renommée qui dépasse les frontières maliennes.
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Sans aucun doute, Bassékou Kouyaté fait partie de la catégorie des ambassadeurs de la culture malienne. De Garana à Bruxelles, en passant par Ségou, Bamako, Abidjan, Ouagadougou, l’Espagne, l’Italie, les Etats-Unis…, Bassékou, à l’image d’un globe trotter, sillonne les grandes capitales du monde, pour ensemencer une partie de la culture malienne, le temps d’un festival ou d’un concert. Et pourtant rien ne le destinait à cette mission, si ce n’est son amour et sa détermination à redonner au N’goni sa splendeur d’antan. Certes, talentueux mais l’on pourrait dire que Bassékou a reçu le N’goni par le sang. Son père Moustapha Kouyaté, fut sans doute un grand joueur de N’goni dans la contrée de Tamani.
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rnDans cette partie du Mali et dans d’autres régions du pays, des amoureux des sons de cet instrument mythique se souviennent encore du duo jamais égalé que Moustapha Kouyaté formait avec son épouse Yagaré Damba. Bassékou se souvient de cette époque, mais sous une autre facette. «Le N’goni était le jouet des enfants dans notre famille. Nous rivalisons dans sa confection et dans sa maîtrise. Et à 12 ans, je le maîtrisait à merveille», a-t-il rappelé. Mais, en 1979, les évènements vont se précipiter et Bassékou va se retrouver au devant de la scène. Son père malade, il se voit dans l’obligation de faire une croix sur l’école coranique qu’il fréquentait pour accompagner sa mère dans les cérémonies, d’abord dans la contrée et ses environs. Mais, très rapidement, à côté de sa mère, il découvre à sa manière ses premières tournées en Côte d’ivoire et au Burkina Faso. Et depuis plus de répit.
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rnA la façon de ses ancêtres, toujours le N’goni, en bandoulière, Bassékou sillonne le monde. Son talent l’aidant, il n’eut aucune difficulté à faire des rencontres qui allaient le préparer à une carrière internationale. En 1983, il rencontre à Ségou Cheick Oumar Diabaté. Une amitié et une complicité s’installent, dans la vie et sur scène, entre le N’gnifola et le guitariste. Très vite l’ambition des deux artistes dépassait les limites de la cité des Balanzans et pour se donner d’autres opportunités dans leur carrière, ils décident de s’installer à Bamako. Ils ne se sont pas trompés, dès leur arrivée dans la capitale malienne, aucun artiste ne voulait mettre son album sur le marché sans leur coup de griffe.
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rnDes observateurs de scène malienne estiment qu’ils étaient derrière presque tous les meilleurs arrangements et étaient chouchoutés par la quasi-totalité des grandes cantatrices : Koni Koumaré, Naïni Diabaté et Tata Bambo, pour ne citer que celles là. Et comme les talentueux se reconnaissent entre eux, en 1987, Bassékou fait la connaissance de Toumani Diabaté, maître de la Kora, révélé au monde, dans les années 80. De toutes ses rencontres, les experts maliens, qui s’intéressent à la vie de l’artiste, sont unanimes à dire que celle avec Toumani Diabaté lui a permis de faire un bond décisif dans sa carrière. Après avoir passé deux ans à gratter les cordes des N’goni et Kora, les virtuoses des instruments mythiques de l’empire du Mali initient une tournée sous-régionale.
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rnDès l’entame de cette tournée par la Côte d’Ivoire, seul le public burkinabé aura le privilège de voir les artistes maliens qui ont décidé de faire tonner les cordes anciennes pour donner des sons actuels. Leur audace a de la valeur en Europe, où des oreilles commençaient à ne plus supporter le son strident des guitares électriques. Invités par les organisateurs du Folk Festival Donaterre, il s’envolent pour la Belgique. Mais, cette fois, Habib Koité, un autre prodige de la musique malienne était du voyage. «C’était notre première sortie du continent africain. Et nous devons ce privilège à Toumani Diabaté», reconnaît Bassékou.
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Et comme le talent n’attend que des opportunités pour se vendre, en 1990, Bassékou est le seul artiste malien à participer au Festival du Banjo de Tennessee aux Etats-Unis. Il n’y est pas passé inaperçu. Son âge, son talent et la maîtrise de son instrument sont autant d’éléments qui amènent Taj Mahal, à la splendeur de sa célébrité, à le remarquer. Ce dernier l’a même qualifié de “génie, la preuve vivante que le Blues vient de la région de Ségou”. Une fois rentrée au Mali, c’est le Sénégal qui l’accueille. Bassékou embarque son N’goni pour être musicien du « Studio 2000 » de El Hadj N’diaye à Dakar. Cette aventure intéressante lui permettra de se frotter à des grands noms de la musique sénégalaise : Baaba Maal, Thione Baldio Seck, etc.
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rnDe Dakar, Bassékou doit rapidement rejoindre Toumani Diabté à Abidjan pour enregistrer son album « Bérébéré ». Ces retrouvailles qui devaient durer le temps de l’enregistrement de « Bérébéré », signent un nouveau bail entre les artistes maliens adeptes des instruments à cordes. Rejoint par Kélétigui Diabaté, un autre as du balafon, le groupe devenu trio va parcourir le monde au plaisir des millions de mélomanes. Ce trio a été associé à plusieurs expériences musicales au Mali : « Symphonie mandingue », « Symetric orchestra » et « Songhaï II ». En outre, Bassékou a collaboré avec de nombreux musiciens du Mali et des célébrités mondiales comme Carlos Santana, Jackson Brown, Ali Farka Touré, Cheick Tidiane Seck, Bonnie Raitt, Tah Mahal, etc..
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Fort de toutes ces expériences accumulées ça et là, en 2003, il a décidé de créer son propre groupe: « Samaguéra ». En plus de son épouse Amy Sacko, Bassékou s’est adjoint Lassana Diabaté au balafon, Adama Diarra au Djembé et Fousseni Kouyaté au N’goni base. Mais, il a fallu attendre le 2 avril 2007, pour voir le groupe mettre sur le marché son premier album intitulé « Ségou Blue ».
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rnA l’époque, le maître du N’goni disait : «malgré le répertoire bien fourni du groupe, il reste jeune. Nous voulons d’abord lui donner une assise solide dans le show biz international. Et, il faut le dire, nous ne voulons pas travailler avec n’importe quel producteur». Aujourd’hui, c’est chose faite. L’album est là et a enregistré la participation d’invités de marque : Kassé Mady Diabaté, Lobi Traoré, Lassana Diabaté et le chanteur violonniste Zoumana Tereta. Enregistré au studio Bogolan à Bamako par Yves Wernert et mixé à Londres par Jerry Boys, l’album a été produit par Lucy Duràn, spécialiste de la musique africaine et journaliste à la radio BBC.
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Assane Koné
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