Originaire de Golobladji, petit village situé au fond de la savane, à une vingtaine de kilomètres de Kita, la chanteuse malienne Bako Dagnon, fille d’une animatrice de cérémonies familiales, grandit dans un pays fidèle à la tradition des griots. Elle descend d’une longue lignée d’interprètes virtuoses et de joueurs de n’goni remontant au temps de Soundjata Keita.
Les Dagnon sont considérés comme de « nobles griots ». Son père est un fameux joueur de n’goni et sa mère une grande chanteuse. Elle apprend son art de manière informelle auprès des Dagnon du village. Sa grand-mère lui enseigne les chansons mélancoliques de Ségou, et son grand-père, les chansons des champs de bataille de Samory. De sa mère, elle apprend les chants ondulants et harmoniques de la Guinée. Mais à l’âge de 7 ans, la tragédie s’abat sur la famille : sa mère, Djéli Fili Diawara, meurt soudainement. Son père, Tiemogoninkoumba Dagnon confie Bako à la femme d’un griot de Kita qui n’a pas d’enfants. Elle apprend le savoir, « les tariku, les kumakoro » avec Kele Monson
Vers 1966, Bako Dagnon, encore jeune adolescente, fait sa première apparition publique à Kita, à la « Semaine de la Jeunesse » locale. Elle chante Yirijanko Le, un morceau Fula qu’elle interprète en Bambara. Pour cette chanson, elle reçoit un prix qui lui permet d’être sélectionnée pour la « Semaine de la Jeunesse » régionale de la province de Kayes l’année d’après. Elle y remporte un autre prix, puis elle participe à la compétition nationale. Elle est aussi régulièrement invitée à chanter avec l’Orchestre Régional de Kita, un groupe qui interprète des versions dansantes de morceaux Malinka. C’est autour de cette période qu’elle effectue sa première visite à Bamako. La scène musicale de Bamako est en pleine effervescence et offre de multiples opportunités à une jeune jelimuso qui souhaite montrer son talent. Bako fait le tour des fêtes de mariages et sa voix fine et claire est vite remarquée.
Au début des années 70, le Ministre des Arts, du Sport et de la Culture invite Bako à rejoindre le prestigieux Ensemble Instrumental National. L’EIN est composé à l’époque d’une quarantaine des meilleurs chanteurs et musiciens du pays et représente le Pays à chaque grande occasion. Même si elle continue à vivre à Kita, où elle est maintenant mariée et mère de famille, ses années passées au sein de l’EIN sont fondamentales pour elle. Elle y rencontre quelques-uns des musiciens les plus légendaires de l’époque, comme le joueur de kora Sidi Diabaté.
En 1980, avec maintenant quatre enfants, elle s’installe à Bamako pour pouvoir se consacrer plus pleinement à l’EIN. En 1990, Bako signe un contrat avec un producteur du Liberia et enregistre sa première cassette. Bako n’enregistrera plus jusqu’à Mandekalu et ses deux albums solo, qui lui offrent enfin la notoriété internationale que sa voix tellement unique mérite depuis si longtemps.
Auteur de cinq albums sortis localement, Bako Dagnon se fait discrètement entendre au-delà des frontières. Mémoire vivante d’une culture ancestrale, elle est sans nul doute, l’un des secrets les mieux gardés de la musique malienne.Ses chassons font renaître les vieilles fables et les rendent résolument contemporaines.
Rokya Berthé
elle n’a jamais ete la bibliothèque vivante la preuve pose la une question sur mandin
Cet article rend justement hommage à une remarquable chanteuse, qui se différencie des “tchatchos” qui se pavanent à la TV. Une chanteuse authentique, qui tranmset les vraies traditions musicales du Mali.
Tout à fait d’accord avec toi! Cette femme est l’une des rares djélimuso du Mali: elle est ce que les djélis étaient réellement dans notre société! Et non ces escrocs qui brisent les foyers et brulent le pays.
Moi je crois que beaucoup de griots devraient s’inspirer de la personne de Bako Dagnon. Merci à toi !
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