Radio Libre, c’est le nom de la nouvelle de salle de spectacle de Tiken Jah Fakoly qui sera bientôt ouverte. Les travaux sont en phase de finition. C’est dans cette salle d’une capacité de plus de 100 personnes, sise à Niamakoro, dans la cité UNICEF, que le reggae man Tiken Jah Fakoly a organisé une conférence de presse, le vendredi 10 septembre dernier, pour les besoins de la présentation de son nouvel album qui sera sur le marché dans trois jours en Afrique et le 27 septembre prochain en Europe.
L’entrée de jeu, les journalistes et autres invités à cette cérémonie ont dégusté quelques titres de la nouvelle cassette aux noms assez évocateurs: African Revolution, Sors de ma télé, Marley Foly, Vieux père, Je ne veux pas ton pouvoir, Votez. L’album, décliné en deux versions, comporte 14 morceaux pour la version Afrique et 12 pour celle du reste du monde. Il a été enregistré pour une partie dans les studios de Bob Marley en Jamaïque et pour l’autre à Bamako dans son studio. Le reste du travail a été fait à Paris. L’album sera sur le marché africain le 20 septembre prochain en Afrique. En Europe c’est la date du 27 septembre qui a été choisie. Pourquoi procéder ainsi ? Selon Tiken Jah : " Parce que dès que c’est sur internet, les pirates vont acheter les 14 titres et ensuite fabriquer eux-mêmes leur produit qu’ils vont vendre. C’est pourquoi j’ai demandé l’autorisation à la maison de disque, de pouvoir sortir l’album en Afrique une semaine avant la date de sortie en France ".
Aux dires de l’artiste, c’est un album qui s’adresse à la jeunesse africaine, pour leur dire que personne ne viendra changer l’Afrique à leur place : " Si on veut que les choses bougent, qu’on essaye de se réveiller et de s’intéresser à tout. Si on veut que nos enfants vivent dans une Afrique meilleure que celle que nous avons connue, tout dépend de nous. Si nous, nous ne sommes pas colonisés aujourd’hui, ce sont nos parents qui se sont battus pour décoloniser l’Afrique. Si on n’est pas esclave aujourd’hui, ce sont des gens qui se sont battus pour cela ". Cela n’a pas empêché Tiken de faire un clin d’œil aux occidentaux.
La majeure partie du contenu de l’album est consacrée aux jeunes africains. Tiken Jah Fakoly s’en explique : " Parce que tout le monde veut que les choses changent. Mais quand il s’agit de faire des actions on ne voit personne. En Europe, en Asie et partout, les gens ont parlé dans les salons, mais après ils se sont retrouvés sur la place publique pour agir. Donc cet album c’est pour attirer l’attention de la jeunesse africaine sur le destin du continent qui se trouve entre nos mains”.
La particularité de ce 10ème album est le fait d’utiliser beaucoup d’instruments traditionnels : sokou, n’goni, kamalen goni, kora, balafon etc. " J’ai voulu surprendre, parce qu’après 10 albums, il faut arriver à surprendre, il ne faut pas que les gens disent simplement, c’est du Tiken Jah c’est bon. C’est pourquoi c’est un album qui est très riche en instruments traditionnels, très riche en textes, mais c’est un album qui est très international. Même si j’avais fait du Tiken Jah, l’album allait marcher sur le plan commercial, mais il fallait que l’album soit riche sur le plan musical. C’est un peu ça la différence”.
Tous les instrumentistes traditionnels sont de jeunes Maliens : Andara Kouyaté (frère de Bassékou Kouyaté) le mari de Mabara Soumano joue du n’goni, Zoumana Téréta du sokou, la guitare mandingue est l’affaire de Petit Condé, un Guinéen qui a joué dans plusieurs albums de Tiken. Dans cet album, il y a des morceaux en anglais, en français et en bamankan. Par exemple, dans le titre ‘‘Initié” il rend hommage à sa mère qui est décédée en juin 2009, à Odienné. D’autres titres parlent de la liberté d’expression, des orphelins. ”Sors de ma télé” fait allusion aux présidents africains qui sont toujours sur les petits écrans ; ‘‘Marley Foly” est un hommage à Bob Marley, mais ce titre est une ancienne composition de l’artiste, qui date de 10 ans.
On y trouve aussi des thèmes relatifs aux guerres politiques, aux conseils à la jeunesse, etc. " Je dis non à toute injustice, parce que tous les jours les Africains sont rapatriés, mais quand
La dédicace de cet album aura lieu à Bamako, dans la salle Radio libre de Tiken, au mois de décembre prochain.
Après la présentation de l’album, Tiken était à Abidjan dimanche pour l’émission Variété scoop, dont il était l’invité d’honneur. C’est après cela qu’il a pris le chemin de Conakry pour le concert de réconciliation qu’il a aminé avec un collectif d’artistes africains et guinéens, dont entre autres Didier Awadi du Sénégal, Fodé Barro, Sékouba Bambino, Sékouba Kandia Kouyaté, en présence du président de la transition, Sékouba Konaté, et des deux candidats finalistes Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé.
Kassim TRAORE