A peine fraichement revenu de la Mecque où il est allé accomplir l’un des piliers de l’Islam, l’artiste Abdoulaye Diabaté a donné un concert inédit le vendredi dernier, à l’Institut Français de Bamako. Profitant de l’occasion, l’enfant mythique du Royaume Bambara de Ségou a mis fin aux rumeurs relatives à la fin de sa carrière une fois de retour des lieux saints de l’islam. Il soutient que l’imam de la Mosquée de Médine, après s’être rendu compte qu’il est artiste, lui a dit qu’il peut continuer de chanter mais tout en restant messager du peuple, en l’occurrence diffuser la bonne parole et conseiller. Un exercice auquel le chanteur s’adonne et qu’il compte renforcer.
Fils de Baba Diabaté, chef traditionnel des "griots" Diabaté de Ségou et Assitan Dembélé, génie de la chanson Bamanan, Abdoulaye Diabaté, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a vécu dans le giron du croisement de deux sommités du savoir et de la connaissance de l’art, du parler et du conter.
Abdoulaye Diabaté a montré une fois de plus lors de ce spectacle qu’il reste un artiste toujours égal à lui-même. Un artiste qui a des potentialités vocales exceptionnelles. Il a chanté indifféremment dans toutes les langues du Mali avec une aisance qui frise la fatuité. Il a fait donc de la critique moralisatrice de nos us et coutumes et du vécu quotidien son credo. C’est pourquoi il conseille plus qu’il ne chante. Il a narré l’histoire, rappellé chaque fois à la conscience des auditeurs la vertu, le travail, la tolérance, bref la morale sociale. Abdoulaye Diabaté est un griot certes, mais doublé d’un excellent talent de messager. D’année en année l’artiste monte, monte au firmament de la gloire. Il crée plus, il améliore les sonorités de sa musique y ajoute des timbres nouveaux, concocte une chorégraphie fonctionnelle qui fait souvent oublier qu’on est en face de l’art. Il a conquis le grand public venu si nombreux assisté à ce tout premier concert live d’Abdoulaye Diabaté à l’Institut français accompagné de son jeune frère Modibo Diabaté dit Lagaré. Il a affiché à nouveau une nouvelle image qui ne passera pas inaperçue.
Lors de ce spectacle, l’artiste a saisi l’occasion de mettre fin aux rumeurs qui circulaient depuis un certain temps à Bamako concernant sa fin de carrière après son retour de la Mecque. A ce propos, l’artiste a affirmé : "Ma carrière ne fait que commencer. Je n’ai dit à personne que j’arrêterais ma carrière après mon pèlerinage. Moi, je ne sais rien faire à part la musique raison pour laquelle je ne pense pas l’arrêter". Avant d’ajouter: "Lors de mon pèlerinage alors que je me trouvais dans la Mosquée de Médine, l’Imam de la mosquée m’a aperçu et m’a interpellé. Je ressentais un mélange de peur et de surprise. Il m’a posé la question savoir si je suis un artiste. Je lui ai répondu oui. Je croyais qu’il allait me dire d’arrêter ce que je fais. Ça été le contraire. Il m’a dit, une fois que tu rentreras chez toi, continue de chanter mais tout en restant toujours un messager du peuple".
Musicien de référence en Afrique de l’ouest et grand collecteur de récits sur l’histoire du Mali, cet ambianceur est aussi un griot respecté.
Bandiougou DIABATE