Magic System est un groupe phénoménal de musique ivoirienne, découvert en 2002 grâce au succès de son single Premier Gaou. Dès lors, les Zougloumen d’Anoumabo naviguent de succès en succès. Il a été invité à la demande expresse du président du Faso, Blaise Compaoré, à la cérémonie de clôture de la 23ème édition du Fespaco 2013. A cette occasion, Asalfo, ambassadeur de bonne volonté de l’Unesco, le lead vocal du groupe, nous a accordée une interview dans laquelle il dénonce la lenteur des Etats de la cedeao quant à la crise malienne…
Je dirai que ce problème n’est pas uniquement malien, il est régional, parce que le déséquilibre du Mali touche la sous-région. Le cas malien est inédit en Afrique. Aujourd’hui on entend parler des attentats à la bombe et quand on parle on a l’impression que ce n’est pas au Mali. Je suis frappé par la lenteur et la lourdeur avec lesquelles les Etats africains gèrent ce problème, on aurait bien voulu que ça aille vite. La France a donné le ton et je crois que l’Afrique de l’ouest devrait suivre automatiquement. Je pense que si la Cédeao et l’Union africaine existent réellement, c’est le moment vraiment de réagir.
La cédeao existe avec comme président en exercice le président Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire…
Oui le président Ouattara n’est pas le seul à décider face à ce problème. Il faut l’engagement sincère de tous les Etats membres de la Cedeao et je dirai que le président Alassane fait de son mieux dans la gestion de cette crise. On a vu toutes les tractations qu’il a menées pour l’intervention de la France au Mali. Malheureusement, il n’est pas le seul à décider, c’est la somme de tous les pays membres et ça va vraiment tout lentement. Tous les jours on voit sommet après sommet, les chefs d’état major se réunissent chaque fois et jusqu’ici il n’y pas toujours d’intervention concrète. C’est dommage.
Par contre on a vu l’armée tchadienne que je félicite et remercie sincèrement, qui participe durement aux combats. Or le Tchad n’est pas un pays membre de la cedeao. Mais on le voit plus engagé avec plus de promptitude que les pays membres de la Cedeao et c’est ce que je trouve incohérent.
Vous êtes invité express du président du Faso à la clôture de la 23ème édition du Fespaco. Quel sentiment vous anime ?
De bonnes impressions, nous sommes en train de vivre en direct l’un des plus grands festivals du continent et invité d’honneur pour clore cette édition, c’est un honneur pour nous et cela explique la bonne santé de notre groupe. Je remercie les organisateurs qui nous ont fait confiance. Et cela restera dans nos annales car nous raconterons un jour à nos enfants que nous avons une fois eu l’honneur de jouer à la clôture du Fespaco.
Le Mali est un pays en état d’urgence. Ce qui fait que les artistes maliens sont au chômage. Avez-vous un message à leur endroit ?
Les activités des artistes partout dans le monde sont basées sur la paix. S’il n’y a pas la paix c’est difficile de vaquer à ses activités. Parler d’état d’urgence dans un pays, je dirai que je comprends ce que c’est en tant qu’ivoirien… à savoir ce que la crise cause comme dommage à tous les niveaux, tant dans la carrière des artistes qu’au niveau même des opérateurs économiques.
C’est difficile pour un artiste qui ne vit que de son art de s’en sortir dans un pays en état d’urgence. Mais je dirai que les artistes maliens ne doivent pas se focaliser sur leur sort en cette période. Qu’ils respectent les consignes de l’état d’urgence et qu’ils soient surtout solidaires, en travaillant en symbiose, en lançant les messages de paix et surtout interpeller la Cedeao quant à la gestion de cette crise. Et qu’ils soient toujours proches de la population.
J’ai été touché quand j’ai appris que le Mali était valablement représenté à cette 23ème édition du Fespaco. C’est ce qui montre la grandeur de ce pays, qui malgré la crise a pu présenter cinq films en compétition avec une forte délégation.
Lors du festival de la musique urbaine d’Anoumabo qu’organise le groupe Magic System, le Mali sera représenté par Oumou Sangaré. Cette invitation de la diva de la musique malienne est pour nous un signal que nous voulons lancer aux Maliens pour leur dire que nous les soutenons et compatissons ensemble à leur douleur, mais aussi de permettre à la forte communauté malienne inquiète, vivant en Côte d’ivoire de passer un moment de convivialité et de bonheur en famille.
Le mot de la fin ?
Vivement que la paix revienne au Mali. Et nous y reviendrons pour chanter ensemble la victoire.
Clarisse NJKAM
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