Aboubacar Kouyaté dit Abou, ”Général de sons” fait partie des jeunes Maliens qui se sont fait une place dans le monde du showbiz en France. Ici à Bamako, Abou y est aussi très connu, pour avoir participé à l’organisation de plusieurs activités de jeunesse en commune IV. C’est après ses études au Collège technique moderne de Bamako, où il a été formé en électricité-bâtiment, qu’il est parti en France, grâce à une bourse d’études pour se spécialiser en ingénierie de son.
"J’ai fait l’animation des petites soirées dans le quartier. J’ai été technicien. J’ai continué à faire des activités avec les jeunes. Un jour, mon oncle m’a fait savoir qu’il y a une bourse d’études en ingénierie de son. C’est ainsi que je suis venu poursuivre mes études en France. La formation était basée sur la régie de production ". C’est en 1998-1999 qu’Abou est arrivé à Paris. Après ses études, il va travailler à la Porte de la Villette, une des grandes salles de spectacles de Paris. C’est là-bas qu’il a vite appréhendé beaucoup de techniques, en matière de régie de sons car ce passage dans prestigieuse salle va compléter la formation théorique qu’il a reçue à l’école.
Fort de cette expérience, " le général de son " était revenu à Bamako, avec l’ambition de partager son savoir-faire avec les techniciens de la place, surtout ceux qui interviennent dans les grands événements. Il en a profité pour travailler chez Salif Keïta à Bamako, avant de retourner en France.
Actuellement, Abou est le responsable de la régie de la ville de Pantin, non loin de paris. Il travaille avec tous les grands de la musique, comme Youssou NDour, Salif Kéita, Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly, etc. " Toutes les activités culturelles qui se passent à Pantin, j’en suis le chef de la régie, donc j’interviens dans l’organisation ".
En plus de cela, il travaille aussi dans les grandes salles comme le Zénith de Paris. " Oui pour les grandes salles, on le fait sur proposition, je ne suis pas le responsable de la régie sons du Zénith, mais c’est Fantani qui m’a demandé de faire la production lors du spectacle intitulé le Mali au Zénith. Pour le Zénith, c’est sur proposition que je travaille. Si les organisateurs m’appellent je viens faire le travail ".
En réalité, le Mali au Zénith doit sa réussite, pour une large part, à la qualité sonore et aux lumières de la salle. Ce travail a été confié à Abou et pour les artistes maliens, il a été à la hauteur des attentes. Personne ne savait que c’est un malien qui était à la production et à la régie. Avant son départ sur Paris , Abou avoue qu’il n’était pas pris au sérieux à Bamako : " On disait que je suis un rigolo, un fou, mais ce que j’ai dit , c’est ce que je répète, il faut travailler. Les jeunes ne doivent pas se décourager. Personne ne connaît le sort de quelqu’un. Dieu merci ! Dans la vie, il n’y a pas de miracles. Quand on veut, on peut. J’étais venu ici pour apprendre et comprendre, mais y devenir un responsable, ça c’est Dieu qui l’a fait, mais personne n’est né avec une connaissance".
Aujourd’hui, Abou fait la régie de beaucoup de festivals en France. Il bénéficie de la confiance des organisateurs et promoteurs de spectacles et connaît bien son travail. " C’est ça ma force, sinon je ne serais pas resté ici ".
Cette année, il aura deux salles de spectacles à gérer et de gros festivals en France. Dans son équipe, il travaille avec plus de 50 personnes, tout cela pour la bonne qualité des spectacles. " Le son et la lumière constituent plus de 50% d’un show, si ça ne réussit pas, tu es foutu à jamais, surtout dans un pays comme la France où tout le monde aime le travail bien fait ". Il demande aux jeunes Maliens de ne pas croiser les bras car il pense que notre pays à une riche culture. C’est un pays de tradition et la musique malienne est la plus sollicitée à travers le monde.
"Nous sommes à Paris, on voit et on sait qui est qui. Tout le monde connaît le rang de la musique de notre pays. Nous faisons le tour des grands festivals du monde, par conséquent nous savons comment la musique malienne est demandée. C’est à nous de savoir en profiter pour le bonheur de notre pays car la culture est la seule ressource intarissable du Mali " a-t-il dit avec insistance.
Réalisé par Kassim TRAORE