Amkoullel, star au Mali et à Saint-Malo

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 Vous avez été invité à participer à l’édition malienne du festival Etonnants Voyageurs, en novembre dernier. Vous y avez côtoyé quelques grandes plumes du continent, comme Alain Mabanckou, Patrice Nganang, Abdourahman Waberi. Vous n’êtes pas écrivain mais, en tant que rappeur, vous sentez-vous proche de ces hommes ?

Amkoullel : Je pense qu’un rappeur est quelque part aussi un écrivain, même s’il est effectivement plus proche du poète slammeur, conteur, Djély (ou griot) du fait que nous nous appuyons sur l’oralité pour communiquer nos pensées, nos écrits. Tout comme ces illustres écrivains, les rappeurs africains sont une des facettes de l’Afrique d’aujourd’hui.

Parce que vous avez, selon de nombreux témoins, "mis le feu" à celle de Bamako, on vous retrouvera cette semaine à Saint-Malo pour l’édition d’été du festival. Y présenterez-vous un spectacle spécial ?

Amkoullel : Effectivement l’expérience de la 8ème édition à Bamako était vraiment agréablement surprenante, dans la mesure où moi même ne savait pas exactement ce qui allait se passer. Pendant ce spectacle, Oxmo Puccino, Souleymane Diamakan, Rouda, Yvon Le Men, Mohamed El Amraoui, Felwine Sarr, Loanora Miano, Nafissatou Dia Diouf, slam, rap, poésie, chants, se mêlaient aux sons des instruments traditionnels dans une danse improvisée mais contrôlée. J’espère pouvoir reproduire avec mes amis ce moment magique à Saint-Malo. Il y aura de la musique, de la poésie, des instruments traditionels, et surtout beaucoup d’échanges et d’amour.

Le thème central du festival sera les "villes-mondes". Achille Mbembé a inventé l’adjectif "afropolitain" pour désigner les habitants des mégapoles africaines. Constatez-vous l’émergence d’une culture commune dans toutes les grandes villes d’Afrique de l’ouest, de Lagos à Dakar, en passant bien sûr par Bamako ?

Amkoullel : Je ne sais pas si une culture commune se developpe dans les différentes mégapoles africaines ou si elle a plutôt toujours plus ou moins existée vu que plusieurs des pays de l’Afrique de l’ouest sont d’anciens empires ou royaumes aujourd’hui. J’ai le sentiment que l’envie de faire bouger les choses en Afrique, même si personne ne semble encore avoir trouvé la formule, est largement partagée et que nous commençons enfin à réaliser que personne ne viendra nous sauver.

Il sera également beaucoup question à Saint-Malo des révoltes urbaines dans le monde arabe. Parlerez-vous de celles qui couvent en Afrique noire, comme, par exemple, au Burkina Faso ?

Amkoullel : Il est évident que les changements viennent et viendront à priori des peuples qui sont beaucoup plus libres, mieux informés et ont beaucoup plus de pouvoir que leurs dirigeants. Qui ne dit mot consent, donc au final, nous n’avons que les présidents que nous méritons. Je pense que nous réalisons petit à petit le pouvoir que nous avons entre nos mains, nous le peuple. Mais sans éducation, formation et contrôle de l’information, cette liberté, ce pouvoir risquerait de se retourner contre nous.

Vous avez tourné aux Etats-Unis. A quand une distribution de vos disques et des concerts en France ?

Amkoullel : La tournée aux USA m’a permis de bien saisir l’enjeu international de ma carrière et de lancer le buzz. Ca me donne confiance pour aborder le marché francais par la scène et les médias. La nouvelle configuration du business nous permet plus de créativité et de liberté ! J’assume ma position de producteur indépendant africain : la distribution numérique permet à ma musique d’être disponible n’importe où dans le monde et mes CDs sont disponibles par correspondance via l’ONG Santé Diabète Mali, échange de bons procédés ! Les demandes de concert en France arrivent et nous sommes en train de construire une vraie stratégie avec de belles surprises scéniques venir d’ici la fin de cette année ! Le reste devrait suivre naturellement.

Propos reccueillis par François Mauger (mondomix.com)
08/06/2011

 

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