Alkaya Touré, promoteur de rencontre musique et culture RMC production : «…le Rasta, ne rime pas avec le banditisme, la délinquance…Ce sont des ‘’ont dit’’, des à priori»

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Un projet ambitieux vient de voir le jour sous la clairvoyance de Alkaya Touré, promoteur de Rencontre Musique et Culture RMC productions. Objectif : porter le message du rastafari au peuple malien. Alkaya Touré, s’est confié à votre hebdo préféré lors d’une conférence de Mourasma, tenue le week-end dernier au stade du 26 Mars.

Ciwara Infos : pouvez-vous nous parler du MOURASMA?

Alkaya Touré : le MOURASMA est Mouvement Rastafari au Mali, créé le 25 Février 1992 dont le siège est basé à Lassa en Commune IV du district de Bamako. C’est une activité culturelle liée aux activités des musiques Jamaïcaines et styles dérivés.

Dans quel cadre s’inscrit l’activité que vous menez présentement?

A T : c’est un projet qui appartient à 100% au Mourasma, dénommé Mourasma Zone Twente Two. Il est organisé sur un lieu public comme c’est le cas, aujourd’hui, sur le parking du Stade du 26 Mars de Yirimadio. Le train est parti de Lassa le 26 Février dernier et c’est un train qui va sillonner tous les quartiers du district de Bamako. Il est à sa quatrième édition.

Quels sont les objectifs que vous visez à travers ce projet?

A T : un certain moment, le mouvement était sur le point de s’affaisser, de s’effondrer. Les uns et les autres ne parvenaient pas à faire vivre le mouvement, à coordonner les efforts. Bref, il y a eu beaucoup de difficultés. Ce qui a affaibli le mouvement. Ce projet est arrivé au bon moment dans la mesure où certains sont allés créer des mouvements parallèles, d’autres sont indécis. C’est-à-dire, je suis là-dans, je ne suis pas là-dans, alors que le mouvement rastafari est un et indivisible. C’est pourquoi, nous avons décidé de coller les morceaux décollés. L’un des objectifs de ce projet c’est aussi de rassembler et de mettre le mouvement sur les rails.

Chez nous au Mali, le rastafari est souvent perçu une activité de grands bandits et délinquants. Qu’en pensez-vous?

A T : effectivement, vous avez raison, le Rasta rime chez nous avec délinquance, mauvais garçon, preneur de stupéfiants et d’alcool. C’est quelqu’un qui a les cheveux bizarres etc. Mais en réalité, c’est une vision loin de notre philosophie fondamentaliste. Le Rasta est une personne comme toutes les autres. Il a ses défauts et ses qualités. À ce que je sache, depuis mon adhésion au mouvement, je n’ai pas vu un Rasta qui ne travaille pas. La plupart d’entre eux sont des grands artistes, artisans et ouvriers souvent qualifiés ou pas. Ils sont aussi de grands intellectuels. Donc le Rasta, ne rime pas avec le banditisme, la délinquance…Ce sont des ‘’ont dit’’, des à priori.

Comment voyez-vous l’avenir du mouvement au Mali?

A T : écoutez, au-delà même du Mali, le chanteur Lucky Dubbé disait : ‘’The Rasta Is not die’’. C’est-à-dire, le Rasta ne meurt jamais. Et 19 ans d’existence, c’est l’âge adulte. Le mouvement va durer 99 ans et j’espère qu’ils (les gens) seront là encore. Le mouvement est appelé à vivre malgré les obstacles et va s’investir dans des actions de développement du pays. Nous ferons de notre mieux pour faire vivre le mouvement dans le temps et dans l’espace.

Quel appel avez-vous à lancer à vos camardes et à la population malienne?

A T : le projet Mourasma Zon Twente Two veut dire beaucoup de choses. Lors de nos éditions, nous organisons des conférences-débats sur des thèmes d’actualité. Il y aura un thème sur Modibo Kéita, le premier président du Mali. Cependant, nous manquons de moyens pour faire notre travail. C’est pourquoi, nous sollicitons l’appui des autres et des sponsors. Nous invitons les jeunes à venir vers nous, à découvrir ne serait ce que par curiosité le mouvement. Et je vous avoue qu’il y a de bonnes choses à apprendre du mouvement. Le RMC productions organise beaucoup d’activités. Tous les premiers vendredi du mois, Nuit du Reggae, 2è vendredi, Fièvre du Rap Malien, 3è vendredi, Manding groove et 4è vendredi, Café des Tontons. Toutes ces activités entrent dans le cadre de la relance du mouvement en vue d’en faire une œuvre utile. Le public est invité à y prendre part pour comprendre ce que nous sommes.

Propos recueillis par Hassane Kanambaye

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