Musicien, guitariste, chanteur, auteur, compositeur, interprète, Aboubacar Sidiki Sacko dit «Soldat» est un acteur de la culture malienne. Sans être issu d’une famille artiste, griotte ou musicienne, il a forgé son destin pour se rendre utile sinon indispensable dans le marigot des artistes maliens. Commençant sa carrière musicale comme rappeur, il se retrouve dans le World music (style mandingue classique et sonorités reliées, la variété…) qui lui donne une notoriété aujourd’hui. C’est ce qui ressort de l’entretien qu’à bien voulu nous accordé «soldat». A l’occasion, il a regretté la pandémie de Covid-19 et la crise sécuritaire et sociopolitique que vit notre pays, qui font que le secteur culturel tant convoité n’est plus que l’ombre de lui-même. Malgré ces situations, il s’est dit optimiste quant à l’avenir de la culture et les artistes maliens. Soldat a, par ailleurs, demandé aux autorités du pays de penser à se secteur très touché par les mesures de restrictions sanitaires.
La musique malienne, déclare soldat avec peu d’enthousiasme, ne se porte pas bien en cette période. Elle est pratiquement aux arrêts. Nous vivons ces périodes, dit-il, avec moins d’enthousiasme. En d’autre terme, ajoute Soldat, le secteur culturel malien est très malade en ce moment. «Je peux dire même que la culture est partout touchée dans le monde, à cause de la pandémie de Covid-19», indique Aboubacar Sidiki Sacko.
Venu dans la culture, notamment dans la musique à mon jeune âge, explique soldat, j’ai commencé par le rap comme plusieurs jeunes de ma génération. A l’époque, les musiques qu’on écoutait, relate soldat, étaient le rap avec les rappeurs américains comme Toupac, africains, européens, etc. Ne sortant pas d’une famille artiste, griotte ou musicienne, Soldat a forgé son destin pour se retrouver sur les scènes musicales aujourd’hui. « Je suis venu comme ça dans la musique, sinon je ne viens pas d’une famille musicienne, griotte ou musicienne », a confié Aboubacar Sidiki Sacko. J’ai commencé le rap, confie Soldat avec deux camarades dans un groupe dénommé Farti (Farafina Tilé) dans les années 2000-2001. De progrès en progrès, poursuit le metteur en scène, Sacko, le groupe a pu sortir son premier album en 2008. Le titre est Sanfè Niafè (qui veut dire bénédiction) réalisé par un producteur français du nom de Bris Par Kof; un producteur que j’ai connu à travers le guerrier Cheick Tidiane Seck. Comme l’appétit vient en mangeant, ajoute le guitariste chanteur Aboubacar Sidiki, j’ai eu la chance d’approcher des grands musiciens. A l’IJA (Institut des jeunes aveugles) du Mali où je fais mon second cycle à Faladiè Bamako, je suis rentré en contact avec un des fils du couple musicien non voyant malien, Amadou et Mariam Bagayoko. A travers cette amitié, souligne le compositeur, interprète Sacko, j’ai pu apprendre la guitare. « Cela a un peu orienté mon style de musique vers world music (le style mandingue classique et aussi les sonorités reliées, la variété). Cette transition, indique Soldat, m’a permis d’évoluer un peu plus parce qu’on a ajouté beaucoup de styles musicaux. Ces styles nous permettent aujourd’hui, dit soldat, de jouer, de faire des prestations dans les hôtels, restaurants, dans les cérémonies de mariage, sur les scènes des festivals et autres festivités de marque. «Je peux dire sans me tromper que la transition a fait monter ma popularité».
Ce passage, déclare Sacko, m’a fait nourrir plus d’ambition aujourd’hui pour percer encore plus comme mes modèles, exemples, références, mentors dans la musique : Amadou et Mariam Bagayoko, Idrissa Soumaoro, Cheick Tidiane Seck. «Je compte redoubler d’effort dans la musique pour aller plus loin, pour jouer un peu partout dans le monde», a formulé comme vœux Soldat. Avec World music, explique l’artiste, j’ai produit des singles, les cassettes ne marchant pratiquement plus avec les nouvelles technologies. Parmi ces singles, a fait savoir Soldat, il y a un qui a beaucoup plu aux Maliens de l’extérieur, celui dédié à Youssouf Bathily dit Ras Bath en 2016. « Hommage à Ras Bath » était le titre. Il y a ensuite le morceau « foulaya » dédié aux peulhs. « Je fais ce single avec ma femme qui a fait l’art dramatique à l’INA (Institut national des arts) et qui s’est finalement retrouvée dans la musique avec moi », confie-t-il.
Avec la crise que connaît le Mali ajoutée à la Covid-19, l’appel que j’ai à lancer aux autorités actuelles du pays est de penser au monde de la culture. « Comme vous le savez, avec la crise sanitaire, sécuritaire et sociopolitique que le Mali vit, ce n’est pas facile pour nous les artistes. Je voudrais que les autorités comprennent que les artistes ont opté pour ce métier, que nous sommes des chefs de familles qui ont des charges. Qu’elles trouvent des voies et moyens pour nous permettre de poursuivre nos activités afin de faire face à nos besoins ou dépenses familiales », a souligné Sacko. Par exemple, indique le musicien Sacko, les fêtes de fin d’année pouvaient nous permettre de combler certains trous. « Mais avec les restrictions sanitaires, nous étions obligés de sursoir à nos prestations, à nos cachés, qui étaient prévus. Je regrette de le dire, mais c’est très compliqué pour les artistes en ces moments », a conclu soldat.
Par Hadama B. Fofana