Marqué par la culture ancestrale des chasseurs mandingues, Abou Diarra est un joueur de n’goni au parcours atypique et étrange. Formé par un maître virtuose et aveugle, il a sillonné, pendant plusieurs mois, les routes d’Abidjan-Bamako-Conakry à pied, accompagné de son seul instrument. Traversant les villages les plus reculés d’Afrique de l’Ouest comme les mégalopoles modernes, il y a puisé tour à tour des sons cachés traditionnels et des musiques urbaines contemporaines.
Sa musique parle du voyage, de l’exil, du mouvement. Il est Fasciné par le blues, le jazz, le reggae, le groove.
Abou Diarra est un musicien malien chanteur et N’Goni Fola. Il est originaire de la région Wassoulou. Fils d’un grand chasseur fétiche et d’un chanteur initié à la connaissance mystique, il a été initié à la musique à un âge très précoce, accompagnant sa mère lors des cérémonies et fêtes traditionnelles. Vers l’âge de 14 ans, il fait sa première n’goni e quitte son village pour rejoindre son maître, Daouda Bagayoko. Il a suivi un cours d’apprentissage pour un an, puis a continué sur la Côte d’Ivoire, pour se plonger dans de nouveaux sons. Après cinq ans d’exil, Abou Diarra est revenu dans sa région natale, où sa réputation en tant que joueur de n’goni a grandi et où il a mélangé la modernité découvert à Abidjan avec la tradition, en inventant des sons uniques.
Sa musique mélange les rythmes traditionnels du Mali et des influences contemporaines, effleurant le blues, le jazz ou le rock. Les morceaux sont accompagnés de textes forts, parlant du contraste entre les coutumes anciennes, la sagesse de l’empire Mandingue, l’expérience de la vie, l’évolution de la société contemporaine, l’expansion et le plongeon de l’Afrique dans la modernité.
Son premier album, «Kono Kan Bora» est le résultat de dix ans de travail, de concerts (70 annuels en moyenne), rencontres, échanges et participations sur divers albums. Le public malien réagit immédiatement : l’album est classé plusieurs semaines dans le top étoile, diffusé par les radios et son clip passe régulièrement sur les chaînes TV (ORTM, Africable). Les gens semblent touchés par la justesse de ses propos, par son analyse de la société africaine et par son approche musicale mêlant musique malienne au style Wassoulou.
En avril 2008, il enregistre son deuxième album «An Ka Belebele» et décide de travailler avec des instruments traditionnels dans une démarche acoustique. «An Ka Belebele» marque une rupture avec son premier disque. Pour autant, Abou ne renie pas ses origines; sans abandonner les boîtes à rythmes et les guitares électriques, il cherche dans les instruments traditionnels un nouveau style, des harmonies alliant les bases de la musique malienne wassoulou avec des inspirations occidentales (blues, jazz…). L’album retranscrit parfaitement une préoccupation constante d’un métissage entre la chaleur des instruments acoustiques et les sonorités modernes. Comme le précédent, l’album est un succès au Mali.
Après plusieurs années d’exil dans tous les pays africains, des kilomètres parcourus et des cordes usées, il sort Sabou, qui apparaît comme une première pierre posée sur le bord du chemin, l’empreinte laissé par le voyageur dans sa quête de solitude et d’exil. Sabou est un hommage à la fois douloureux et nostalgique aux proches, partis trop tôt et trop vite, mais aussi une louange à la vie, aux choix, à la poésie des mots, aux secrets ancestraux qui rythment la vie et font danser les hommes. Bref, c’est un hommage à l’oralité, à la fête, à la musique et à la sagesse bambara.
L’histoire de Abou Diarra a commencé en 1975 dans le sud du Mali, a continué à Abidjan, Bamako et Paris, et exerce aujourd’hui partout dans le monde. Au cours de ce voyage, il n’a jamais laissé son n’goni Kamale, un instrument à cordes traditionnel malien. Fasciné par le blues, le jazz, le reggae et le groove, Abou Diarra pousse l’exploration hors des sentiers battus, en utilisant son instrument comme une guitare, une basse, une harpe ou une percussion.
Rokya Berthé