Abdoulaye Wade –Tiken Jah Fakoly : La réconciliation après trois années de rupture

0

 

Le président sénégalais et le reggae man ivoirien d’origine malienne viennent d’allumer le calumet de la paix au terme de plusieurs années de malentendus. Reçu au palais présidentiel l’artiste a discuté longuement avec le dirigeant sénégalais de la jeunesse africaine, des Etats-Unis d’Afrique, du développement du continent et d’autres questions intéressantes.

 

Arrivé à Dakar dans la nuit du jeudi au vendredi 30 juillet 2010 pour donner un concert dans le cadre de la finale du concours « Nescafé African Revelation », Ticken Jah Fakoly a été reçu au Palais présidentiel par le président de la République du Sénégal, Me Abdoulaye Wade. La poignée de main entre le numéro un sénégalais et l’artiste panafricaniste marque ainsi la fin de trois années de rupture entre les deux hommes.

On se rappelle qu’en 2007, le reggae man avait animé un concert très mouvementé par la reprise de la chanson « Quitte le pouvoir », faisant référence aux successions de père en fils à la tête des pays africains dits de démocratie. Et le moment était très mal choisi par Ticken Jah. Car en son temps les rueurs les plus folles accordaient au président sénégalais l’intention de « préparer son fils Karim Wade (actuellement des infrastructures) à le succéder ». Il n’en fallait donc pas plus pour provoquer la colère du dirigeant sénégalais et de son gouvernement à travers son ministre de l’intérieur d’alors. Lequel a fait lire un communiqué à la chaîne de télévision nationale interdisant l’artiste de tout séjour en terre sénégalaise. Trois ans après cette décision, le reggae man panafricain a donc décidé de renouer avec ses fans au Sénégal à la faveur d’un concert organisé le 31 juillet.

Au cours d’une conférence de presse qu’il a donnée au Mali la veille du concert, Ticken Jah a expliqué qu’il s’agira pour lui en tant qu’artiste d’honorer un contrat dûment signé par avec les organisateurs de « Nescafé African Revelation ». En clair, précisait l’artiste, l’objectif n’est point de croiser le fer avec les autorités sénégalaises, encore moins de défier le président Wade. Mais, soutient-il, lorsqu’on réfère aux textes de la CEDEAO, qui prônent la libre circulation des personnes et de leurs biens dans l’espace, rien ne doit s’opposer à ce déplacement au Sénégal. Ticken Jah espérait donc que ce concert du 31 juillet marque son grand en retour auprès de ses milliers de fans dans ce pays.

C’est donc désormais chose faite depuis le 30 juillet dernier après avoir été reçu par le président sénégalais.

Ticken Jah Facoly  a en effet discuté durant plusieurs heures avec Wade. Ils ont, selon lui, soulevé différentes questions, entre autres, celle de l’interdiction de son séjour au pays de la «Teranga». « Nous sommes venus en concert avec Nestlé et nous avons profité de l’occasion pour rencontrer le président de la République. Nous avons parlé du problème que tout le monde connaît et le chef de l’Etat sénégalais nous a affirmé qu’il n’était pas au courant de l’incident. Après ça, nous l’avons abordé sous différentes questions » nous confie Ticken Jah Fakoly de retour du Sénégal. « Ça fait maintenant trois ans que je ne suis pas venu au Sénégal, regrette-t-il. Présentement, je suis venu honorer mon contrat avec Nestlé et retrouver mes fans » A la question de savoir qu’est ce qu’il a dit  au président Wade, l’artiste est formel : « Nous avons parlé de beaucoup de choses. Nous avons abordé les questions de la jeunesse africaine des Etats-Unis d’Afrique, de développement du continent et d’autres questions intéressantes. Avec le président Wade, on a discuté pendant trois heures, et je me réjoui énormément d’être reçu au palais. Car c’est une rencontre très enrichissante. Nous avons eu droit à beaucoup de cadeaux de la part du président. Il nous a remis des bouquins et le schéma des Etats-Unis d’Afrique. Et j’ai posé toutes les questions à Me Wade. J’ai eu des réponses satisfaisantes ». Pour l’artiste ivoirien installé au Mali, « la rencontre a duré trois heures veut tout dire ». « Il existe maintenant une paix durable » dit-il. Avant d’ajouter que l’autorisation lui est donnée de venir dans ce pays quand il veut. « Mes fans pourront suivre leurs artistes quand ils voudront. Je suis complètement autorisé à faire des concerts au Sénégal quand je veux » se réjouis le reggae man. Cependant l’engagement de l’artiste reste le même, « Je suis un chanteur, dit-il. Ma mission est d’éduquer, d’informer. Je me bats pour ce continent, et le fait que je sois au Sénégal aujourd’hui me réconforte. Je dis que le fait que j’étais interdit de rentrer dans un pays africain est gênant. Je ne regrette rien. Par contre, je suis parfaitement heureux d’avoir eu cet entretien avec le président du Sénégal. Je suis content que cet incident soit clos et que les portes du Sénégal me soient grandement ouvertes » a martelé le chanteur. Qui ajoute qu’il est surprenant que le président dise qu’il n’était pas au courant de l’interdiction qui lui frappait.  Il ajoutera : « ceci arrive dans des pays africains. Il arrive qu’un ministre ou une autorité dise des choses pour se faire entendre. Ce sont des choses qui arrivent dans nos pays et c’est très surprenant ». « Je suis très heureux que le président me dise qu’il n’était pas au courant de mon interdiction de séjour. Parce qu’il prend souvent des positions sur des sujets concernant le continent et c’est ce qui nous lie. Je pense que nous faisons le même combat » a précisé le reggae man panafricaniste.

Issa Fakaba SISSOKO

 

Commentaires via Facebook :