Si comme Abdoul Fouad Do, dans ton cœur il y a un rasta, apprend lui à se débarrasser de toute cette haine, apprend à tolérer ceux qui n”ont pas les même idées, apprend lui à apprécier n”importe quelle liberté. Si comme Mister AFD, dans ton cœur il y a un rasta, ton corps tu ne t”entailleras pas et sur toi tu porteras les marques des rastas. Si comme ce Nyanbinghi comme Abdoul, dans ton cœur il y a un rasta, Jah te respecteras en tant qu”élu et Dieu, tu prieras, tu chercheras toute la spiritualité qui permettra au monde de s”élever dans les cieux. Tu ne rêves que de l”effondrement de Babylone (esprit du mal) si bien qu”il est ancré dans l”esprit des gens qu”il va falloir lutter. Tels sont les comportements et la pensée de ce bonhomme dépourvu de dreadlocks, grand adepte du rastafarisme, qui est l”un des premiers ou le précurseur même du reggae au Mali. Entretien avec un sage.
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Bamako Hebdo : Pour les Maliens qui vous connaissent et ceux qui ne savent rien de vous, qui est ce musicien du reggae et de surcroît disciple du rastafarisme ?
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Abdoul Fouad Do : Je m”appelle Abdoul Fouad Do, je suis originaire du Ghana, l”un des premiers à amener le mouvement reggae et rastafari au Mali dans les années 83-84 et qui a joué presque dans toutes les régions du Mali.
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On connaît déjà votre dernier opus intitulé "Best of Abdoul Fouad Do" sur le marché, combien d”albums avez-vous mis sur le marché ?
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Une remarque faite dans le paysage du mouvement Reggae- Rasta au Mali qui demeure stérile, comment en est-on arrivé à cette inertie ?
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Tout d”abord, la musique reggae était considérée comme musique de délinquants, de drogués et les gens n”ont pas cherché à connaître ce mouvement. Et il n”y a pas eu de voie de communication pour soutenir ce concept au Mali. Il n”y a aucune émission, ni de magazine réputés pour une bonne promotion du reggae au Mali
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On sait que la devise qui prône l”unicité de ce concept est : "One good, One aim et One destiny" (Ndrl : Un Dieu, Une âme, Un destin). Est-ce que ce concept est appliqué et suivi par ses adeptes ?
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La devise n”est pas respectée, on ne le sent même pas. Puisque le concept n”est pas bien suivi et il n”y aucune promotion pour ce mouvement.
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Quels sont les rapports entre vous et vos autres frères d”Afrique ou sinon ceux de la diaspora ?
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Je suis un reggaeman-rasta diplômé en licence philosophie. Je suis le Conseiller général et en même temps Coordinateur en chef de la communauté ghanéenne auprès de l”ambassade de mon pays au Mali. Il y a de bons rapports entre moi et les autres reggaemen de l”Afrique et de la diaspora. Comme preuves, j”ai rencontré deux fois Lucky Dube en Angleterre en 2003 et en 2004 en Afrique du Sud, le défunt Joseph Hill (Ndrl : ex-leader du mythique groupe Culture) à Kingstown et d”autres icône du reggae à St Anns Bay en Jamaïque. J”ai eu aussi à collaborer avec pas mal de groupes comme le Black Hoza de l”Angleterre, Boom Talents du Ghana, Suprem C d”Italie, Royal Band de Thiès du Sénégal, Farka Nadi de la Libye et Gordabiya et Aree hasnawi de Tripoli. Comme expériences musicales, je n”en manque point
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Quand on voit des pays comme la Côte d”Ivoire, le Sénégal et pas mal de pays africains, inviter de grandes légendes du reggae comme Burning Spear, Steel Pulse et bien d”autres, qui s”y sont produits à maintes reprises, quelles appréciations faites-vous à l”égard des promoteurs de spectacles de ce pays ?
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Les promoteurs de la musique au Mali n”ont rien compris de l”importance de la musique reggae. Le reggae doit servir d”idées pour l”homme. Il faut que les maisons de sponsoring épaulent les organisateurs. Car un tel événement demande beaucoup de moyens.
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Quelle vision avez-vous sur le niveau du reggae africain ?
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Le niveau du reggae africain a évolué avec la participation massive de ses représentants aux festivals internationaux organisés par de grands noms de cette musique. Le reggae tire sa source qui avoisine quasiment 80% de la musique africaine, et reste une des productions les plus rentables financièrement dans le show bizz mondial.
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Pouvez nous donner la différence entre un reggaeman et un rastafaman ?
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On peut être reggaeman sans être rastafaman. Le reggae c”est la musique et le rastafaman est un adepte du mouvement Rastafari qui tire sa source d”inspiration à partir de l”Ethiopie, qui est la Terre promise de tous les rastas. Pour le rastaman, Haillé Sellassié est le guide, qu”il considère comme le sauveur. Descendant de la reine de Saba et du roi Salomon, dont il est le deux cent vingt-cinquième successeur, l”empereur d”Éthiopie Hailé Sélassié est l”un des premiers dirigeants africains qui s”est rendu en Jamaïque – sur invitation du gouvernement – coïncidant avec une tombée de pluie inespérée après une longue saison sèche (dire que la Jamaïque est à 100% tropicale).
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Le déclencheur de l”érection de l”Ethiopie en "Terre promise" est l”homme politique d”origine jamaïcaine Marcus Garvey qui, dans un discours prononcé en 1916 avant son départ pour les Etats-Unis, prophétisait l”accession au trône de Haïlé Sélassié Ier en évoquant le psaume 68 : "Des grands viennent d”Egypte et d”Ethiopie les mains tendues vers Dieu. Royaumes de la terre, chantez 0 Dieu, Célébrez le Seigneur ! – Pause. Chantez à celui qui s”avance dans les cieux, les cieux éternels ! Voici, il fait entendre sa voix, sa voix puissante. Rendez gloire à Dieu ! Sa Majesté est sur Israël et sa force dans les cieux. De ton sanctuaire, ô Dieu ! tu es redoutable.
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Le Dieu d”Israël donne à son peuple la force et la puissance. Béni soit Dieu !" Haïlé Sélassié, Roi des Rois, Seigneur des Seigneurs, descendant du Roi David et donc de Dieu est ainsi annoncé en 1916 par Marcus Garvey. Haïlé Sélassié est proclamé Négus en octobre 1928. Un autre fragment du discours de Garvey en 1916 le laisse aussi entrevoir : "Cherchez en Afrique le couronnement d”un roi noir, il pourrait être le Rédempteur." Et la prophétie du Moïse noir se réalisa trois ans après, après le couronnement de Jah. La doctrine rastafari a pour source Haillé Sellassié et Marcus Garvey comme prophète.
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Quel message avez-vous à dire aux adeptes de ce mouvement ?
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Le rastafarisme n”est pas seulement des paroles, on le vit. Il faut être quelqu”un qui croit à ça et sait quels actes poser. Il faut que ce mouvement soit révolutionné même s”il faut impliquer toutes les autorités de ce pays. Car la musique reggae et le concept rastafari n”enseignent que les bonnes manières et la pureté de l”esprit.
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Entretien réalisé par Bandiougou Diabaté & Freddy Matar Sylla
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7 dec 2007
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