A cœur ouvert dans Bamako Hebdo la diva du Wassoulou Oumou Sangaré : Je suis allergique à l''or, car il m''a toujours porté malheur""

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Dans cet entretien que la diva du Wassoulou, Oumou Sangaré nous a accordé le lundi 30 juillet dernier sur le chantier du nouveau siège de sa société "OumSang", en face du cimetière de Djélibougou, elle nous parle, entre autres, de ses ambitions pour le Mali, de l”émission Case Sanga, dont elle est la marraine, de ses relations avec Paye Camara et Nabintou Diabaté. S”agissant du divorce, phénomène fréquent dans le milieu des artistes, Oumou dira "je suis contre le divorce, je pense que les artistes doivent respecter le mariage". Avant d”ajouter «qu”elle est allergique à l”or, car il lui a toujours porté malheur".

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Bamako Hebdo : Qui est Oumou Sangaré?

Oumou Sangaré : Si je dois me présenter, je dirai que je suis tout simplement Oumou Sangaré. Je suis une chanteuse du Wassoulou, mariée.

Vous savez, je suis née dans la musique, puisque je suis d”une famille d”artistes. Ma mère fut une grande chanteuse, malheureusement, elle ne chante plus aujourd”hui à cause de la vieillesse. Ma grand-mère était une vraie star dans le Wassoulou, c”était Noumou Tènè Diakité.

J”ai été piquée par le virus de la musique très tôt. Je m”en rappelle bien, j”ai donné mon tout premier spectacle à Bamako lorsque j”avais tout juste cinq ans seulement devant 3 000 personnes au Stade Omnisports.

C”est en 1986 que j”ai réellement débuté ma carrière, à travers les cérémonies de baptêmes et les mariages. Un jour, un musicien du Rail Band et du Super Diata Band de Zani Diabaté, du nom de Bamba Dembélé, m”a remarquée et a trouvé que je chantais très bien. Il avait eu un contrat en Haïti en 1986 et a recruté des gens, dont moi-même, pour former un groupe. Nous avons commencé la tournée en Haïti et l”avons poursuivie en Hollande, en Allemagne et en France. Il faut reconnaître que j”ai eu beaucoup de succès pendant cette tournée. Je n”étais pas la seule chanteuse, il y avait deux griottes. Mais, quand je chantais, c”était vraiment le succès auprès du public. Les Blancs me réclamaient à chaque fois. C”est là que j”ai pris le goût de la musique. A partir de cette tournée, j”ai pris confiance en moi-même. Quand nous sommes rentrés au Mali, j”ai immédiatement formé mon propre groupe.

Combien d”albums avez-vous enregistrés jusqu”à aujourd”hui?

Je n”ai pas fait beaucoup d”albums. Vous savez, j”ai eu une chance terrible quand j”ai sorti mon premier album, "Musoluw", en 1990. J”ai signé un contrat avec un Hollandais, ce qui m”a permis de faire le tour du monde.

Le public a beaucoup apprécié cette cassette. Je n”avais même pas le temps de faire un autre album tellement nous étions sollicités. J”ai passé dix ans de tournées non stop. Ce n”est qu”après cela que j”ai sorti un autre album. En tout, j”ai fait à peu près cinq albums. Il faut dire que je n”ai pas beaucoup de temps.

Pourquoi?

Parce que je tourne trop et que je travaille trop. Aujourd”hui, il y a d”autres choses dans ma vie que la musique, notamment l”hôtel et la société OumSang.

A quand donc le prochain album?

Effectivement, je travaille actuellement sur un album qui est presque terminé. Je rentrerai en studio au mois de septembre pour finaliser cette œuvre.

Pouvez-vous nous en parler plus?

Je pense que c”est album comme les autres. Je suis convaincue que le public va apprécier cet opus. C”est l”album commémorant 20 ans de carrière d”Oumou. C”est vous dire que ce sera une cassette de belle facture. Vous savez, je travaille sur cet album depuis bientôt une année. Les textes sont très importants pour moi et les gens attendent beaucoup quand Oumou Sangaré sort un album. Tout le monde veut savoir ce que je vais raconter.

Le Mali n”est pas comme les autres pays. On dit, au Mali, que la chanson n”est pas bonne mais que c”est son sens qui est plus important. C”est pourquoi ça me prend beaucoup de temps pour faire un album, car je réfléchis beaucoup et j”observe ma société.

Vous venez d”effectuer une tournée à l”extérieur du pays. Peut-on savoir les pays dans lesquels vous avez joué?

Effectivement, je reviens d”une tournée de dix jours dans quatre pays, à savoir le Portugal, l”Italie, l”Espagne et la France. Auparavant, je pouvais faire jusqu”à six mois de tournée, mais à cause de l”âge et de mes affaires, je ne pars pas pour plus d”une à deux semaines.

Vous étiez invitée par le Président Denis Sassou Nguesso pour un festival au Congo. Qu”en est-il exactement?

Je ne sais pas si le festival a eu lieu ou pas. C”est le Président congolais qui m”avait invitée à participer à ce rendez-vous musical, lors de la soirée que la communauté malienne du Congo a organisée pour l”investiture du Président de la République du Mali, Amadou Toumani Touré. Il a dit au micro, devant tout le monde : "Oumou Sangaré, je t”invite personnellement à un festival au Congo". Jusqu”à présent, je n”ai aucune nouvelle concernant ce festival. Mais Denis Sassou Nguesso est quelqu”un qui aime beaucoup la musique malienne, particulièrement ma musique.

Quelles sont vos impressions sur lӎmission Case Sanga, en tant que marraine?

L”émission Case Saga est une initiative de deux jeunes Maliens qui ont vécu en France pendant quinze ans. Ils ont souhaité retourner au bercail, mais avec quelque chose. Ils avaient ce projet dans les mains, mais personne n”y croyait. Ils ont tapé à toutes les portes.

Un jour, ils sont venus me voir pour parler de ce projet. J”ai trouvé l”idée vraiment magnifique. Ils souhaitaient imiter Star Académie, qui a permis de découvrir beaucoup de jeunes talents. Ils m”ont demandé d”être la marraine de l”émission, ce que j”ai accepté avec plaisir. Ils étaient contents que j”aie accepté de les accompagner.

J”aime bien appuyer ce genre d”initiatives, parce que ça diminue le chômage et que cela pousse d”autres jeunes qui sont à l”extérieur à revenir au Mali. Case Sanga est une première en Afrique.

En Italie, les Maliens ne cessent d”apprécier cette émission, c”est devenu un succès terrible. Lors de la première sélection, ils étaient plus de 300 jeunes candidats alors que nous en cherchions dix-huit seulement. C”est la preuve qu”il y a beaucoup de jeunes talents au Mali. Mon souhait, c”est de les aider, afin que ces jeunes deviennent un jour les nouvelles Oumou Sangaré et Amy Koïta ou le nouveau Salif Kéïta. Nous avons besoin de cela.

Le Mali n”a pas de pétrole. Notre richesse, c”est notre musique, qui est unique en son genre. Un maire portugais m”a posé un jour une question que je n”oublierai jamais. Il m”a demandé pourquoi les artistes maliens étaient très nombreux à tourner dans le monde.

Je lui ai répondu que le Mali était le berceau de la musique africaine, la capitale de la musique mandingue et que beaucoup de pays s”inspiraient de notre musique.

C”est dire que le rêve est devenu aujourd”hui réalité, car Case Sanga est déjà un beau succès?

Effectivement, le rêve est devenu une réalité. Il faut reconnaître aussi qu”il reste beaucoup à faire, même si nous avons déjà fait beaucoup. Nous allons améliorer cette initiative chaque année.

Personne ne comprenait pas l”idée au départ, mais, aujourd”hui, les gens commencent à comprendre les principes de l”émission. Je pense que les gens ont pris goût à Case Sanga. C”est difficile de faire un choix, mais, comme c”est le jeu, nous sommes obligés d”aller jusqu”au bout.


Qu”est-ce que la marraine promet au lauréat ou à la lauréate de Case Sanga?

Nous sommes en train de voir comment bien aider le lauréat ou la lauréate. Nous allons assurer sa production et sa promotion.

Le lauréat ou la lauréate sera également présenté à nos partenaires européens afin de bénéficier d”un contrat de tournées à travers le monde. C”est une manière pour nous de lui ouvrir les portes du succès. Il ou elle recevra également beaucoup de cadeaux. Je ne veux pas trop parler maintenant, mais ce qui est sûr, c”est qu”il ne le regrettera pas.


Parlons maintenant des affaires d”Oumou, du business…

J”aime beaucoup le business, parce que j”ai des copines chanteuses américaines qui ne font que cela.

Quand je leur demande pourquoi elles font ça, elles me répondent que la musique, c”est aussi du business. Nous gagnons de l”argent dans la musique et nous le laissons dormir à la banque, ce qui ne sert à rien. Il faut donc investir cet argent pour aider ton pays et même assurer ta retraite.

Aux Etats-Unis, les chanteurs ou chanteuses vivent de business. Je suis quelqu”un de très actif. Je n”aime pas rester tranquille. Quand je ne suis pas en tournée, il faut que je fasse quelque chose. Je fais des affaires pour aider mon pays. Dieu m”a donné une chance que je veux partager. Je pense que si je suis oisive, je peux en mourir.

Peut-on savoir où vont vos investissements?

J”ai investi un peu dans l”hôtellerie et j”ai aussi une société de vente de voitures qui portent mon nom, "OumSang Gonow". C”est une façon pour moi de montrer le bon exemple. Je pense que mes investissements ne sont pas très importants, mais si tout le monde pouvait en faire autant, le Mali allait démarrer.

Comment marche la société OumSang?

ça va. Au début, les gens ne faisaient pas trop confiance aux véhicules chinois. Maintenant, les clients se bousculent chez nous pour acheter nos voitures. C”est vous dire que nos véhicules se vendent seuls.

Au lieu d”acheter une voiture à 40 ou 50 millions de FCFA, vous avez une OumSang à moins de 12 millions de FCFA. Nous sommes dans un pays pauvre. Les OumSang offrent les mêmes options que les voitures qui coûtent 40 millions de FCFA.

Combien de véhicules avez-vous vendus depuis le début?

Vraiment, je ne sais pas le nombre de voitures que nous avons vendues. Je ne m”occupe pas de cela, car c”est le rôle du Directeur général. Je sais seulement que nous en sommes à notre cinquième commande en une année.

Quelles sont vos ambitions pour cette société?

Mon ambition, c”est de faire construire une usine de montage de voitures OumSang au Mali, ce qui permettra à tous les Maliens d”avoir leur propre voiture. Je suis en pourparler avec mes partenaires chinois. Dans l”avenir, je veux aussi rencontrer les autorités maliennes pour ce projet. Pour le moment, rien n”est décidé, mais j”ai vraiment envie de faire venir les véhicules en pièces détachées et de les faire monter au Mali.

Ce qui va les rendre moins chers. Nous allons donc casser les prix. Au lieu d”aller acheter de vieux véhicules, vous pourrez avoir une voiture neuve pour le même prix.

Après l”hôtel Wassoulou et les voitures OumSang, dans quoi compte investir Oumou à l”avenir?

Souvent, quand mon fils me regarde, il dit : ça c”est maman, on ne sait pas ce qu”elle a dans sa tête. Je ne sais ce que je vais faire demain. Il suffit que je sois inspirée par quelque chose pour que j”essaie de le faire. Pour le moment, je me concentre sur l”hôtel, les voitures OumSang et la musique. Mais il est bien possible que d”autres choses puissent m”inspirer un jour.

Je suis en train de construire le siège de la société OumSang, près du cimetière de Djélibougou. Dans les mois à venir, nous allons déménager pour de bon, parce que la location nous coûte cher.


Changeons de sujets. Nous avons constaté que de nombreuses stars maliennes divorcent?

Vous savez que, ça soit chez les artistes ou pas, le divorce est à la mode aujourd”hui. Les artistes sont plus visibles, car tout le monde a le regard braqué sur eux. Personnellement, je juge un homme sur le respect de sa parole, ce qui est très important pour moi. J”ai d”ailleurs écrit une chanson sur la parole d”honneur. Je ne peux pas écrire une chanson pour conseiller les gens et faire le contraire de ce que je leur dis. Ce n”est pas possible.

Tout le monde sait que je suis contre le divorce. Les artistes sont trop exposés aujourd”hui, parce que notre vie privée intéresse tout le monde. A mon avis, les artistes doivent respecter le mariage, car nous sommes des éducateurs et que nous devons servir de très bons exemples aux autres.


Comment Oumou Sangaré parvient-elle à concilier métier et foyer?

Ce n”est pas du tout facile. Heureusement, je suis tombée sur un mari exemplaire, qui me comprend très bien. J”ai beau être quelqu”un qui aime et respecte le mariage, si mon mari était jaloux, cela m”aurait posé des problèmes. Je remercie le Bon Dieu de m”avoir donné un tel mari. Il m”aide beaucoup pour mes affaires. Il est d”ailleurs à la base de ma réussite.

Quel est votre artiste malien préféré?

J”aimais beaucoup Ali Farka Touré (Paix à son âme). C”était vraiment un artiste complet, qui a tout donné au Mali. Il chantait et il jouait merveilleusement. J”aime aussi beaucoup les voix de Salif Kéïta et de Coumba Sidibé. Cette dernière m”a beaucoup inspiré.

Quels sont vos rapports avec Paye Camara?

Paye Camara est ma griotte, ma "founè". C”est une chanteuse que j”aime beaucoup. Je la considère même comme ma sœur.

C”est pour cela qu”elle vous a dédié un morceau?

Je pense qu”elle l”a fait parce que c”est quelqu”un qui m”aime beaucoup naturellement.

Oumou est-elle prête à se lancer dans la politique?

Non. Je n”aime pas la politique. Vous savez, moi j”aime dire la vérité et on ne dit pas la vérité quand on évolue dans la politique au Mali. Je ne me vois pas faire de la politique, même si je m”entends bien avec tous les politiciens. Je suis apolitique et sans parti. J”aime tout simplement mon pays.

Je suis à l”aise aujourd”hui puisque je peux dire ce que je pense. Je n”ai pas envie d”aller parler de ce dont je n”ai pas envie de parler.

Et la magistrature suprême?

Candidate pour être présidente de la République du Mali ? Je pense que non. Je suis très bien comme je suis.

Je pense que le plus important, c”est d”aimer son pays. Même si je ne suis pas présidente du Mali, ce que je peux faire pour mon pays, si Dieu m”en donne le pouvoir et le courage, sera très important.

Que diriez-vous à Salif Kéïta qui vient de se lancer dans la politique, s”il vous demandait votre avis?

Un conseil, non. Je ne le lui conseillerais pas. Je sais que Salif sait ce qu”il veut. Il est plus âgé que moi et c”est quelqu”un que je respecte beaucoup. Chacun a sa façon de voir la vie. Si Salif est à l”aise dans ça et peut aider son pays à travers la politique, je suis d”accord avec son choix.

Quel genre de bijoux Oumou aime-t-elle?

Je suis allergique à l”or. Vraiment, je n”aime pas l”or. Vous savez, ma mère a eu des difficultés à avoir une fille. Toutes celles qu”elle a eues avant moi sont décédées. Quand elle m”a eu, elle était très contente. Mais, dès qu”elle me faisait porter de l”or, je tombais malade. Dès qu”on me l”enlevait, je me rétablissais.

Finalement, ma mère a compris que l”or ne me convenait pas. Peut-être que les gens ne vont pas le comprendre, mais je ne suis pas attirée par l”or, j’y suis allergique, car il me porte malheur. Je ne sais pas pourquoi.

Avez-vous quand même de l”or?

Je me pare comme toutes les femmes, mais je n”exagère pas. Si j”exagère, je tombe malade.


Qu”est-ce qu”Oumou aime et déteste dans la vie?

Je déteste le mensonge. Je n”aime pas des gens qui ne respectent pas leur parole. J”aime la fidélité et le travail. Je n”aime pas les fainéants.


Avez-vous des conseils à l”endroit des jeunes musiciens maliens?

Je pense que la musique malienne se porte très bien. Vous savez, ma popularité hors d”Afrique est due principalement au fait que j”utilise des instruments traditionnels.

On ne verra jamais un Noir jouer aux claviers mieux qu”un Blanc. Nous avons des instruments que nous avons créés avec nos bois naturels, avec les ressources de la nature. Quand je joue en Europe, les journalistes sont curieux de voir le "kamélé ngoni". Nous les impressionnons avec nos instruments traditionnels.

Depuis un certain moment, il semble que Nabintou et vous êtes séparées. Qu”en est-il aujourd”hui?

Nous ne sommes pas séparées. Nous avons même de très bons rapports. Nabintou, c”est ma sœur. Quand tu aides ta propre enfant pendant un bout de temps, que tu as confiance en elle, lorsque tu sais qu”elle peut voler de ses propres ailes, tu la libères. C”est le cas pour Nabintou aujourd”hui. Elle peut se débrouiller sans moi. Actuellement, elle est à Abidjan pour des concerts. Il y a absolument rien entre moi et Nabintou, mais nous sommes habituées à toutes sortes de rumeurs.

Nabintou n”est pas la seule, j”ai également libéré Alima qui était sa seconde. Elle aussi fait actuellement une petite tournée en Europe. Celles que j”ai recrutées maintenant, au bout de quelques années, je les libèrerai aussi.

Envisagez-vous d”organiser une cérémonie à la mémoire de Tata Diakité chaque année?

Nous avons fait une cérémonie en mémoire de Tata Diakité, mais pour ce qui est de le faire chaque année, je ne peux pas prendre la décision seule. Pour le moment, nous n”avons pas pensé à cela. Nous avons simplement voulu collecter de l”argent pour les enfants de Tata.

Votre sœur Kandia Kouyaté est malade depuis quelque temps. Avez-vous un message à son endroit?

Je pense que l”état de santé de Kandia s”améliore de jour en jour. Je suis très contente qu”elle soit revenue dans sa famille et je prie Dieu pour qu”elle recouvre entièrement la santé.

Interview réalisé par Aliou Badra HAIDARA
(Bko Hebdo du 3 Août 2007)

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