‘’Soma’’ Samba Sidibé alias ‘’Biriko Lolo’’ : ‘’ Je ne voterai pas car, je n’ai pas de choix’’

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Originaire de Kita Biriko, je suis né à ‘’Sirakoro-Bayala’’. Je suis un descendant de ‘’Fari  Mamary’’. Ce dernier a eu mon grand – père, Gnagalema Moussa, un grand maître qui avait noué un pacte avec le diable, comme fils ainsi que deux  autres frères, Djambourou Sory et Djambourou Toumany.

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Comment êtes-vous arrivé dans la musique ?

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C’est une question de destin. J’ai aimé la musique qui est un peu comme un héritage pour moi. Car, je suis né dans une famille de musiciens. Nos pères jouaient beaucoup d’instruments de musique même s’ils n’étaient pas des musiciens professionnels. C’était par plaisir, pour accompagner les cultivateurs dont ils fouettaient l’ardeur au travail.

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 Très tôt, j’ai suivi ce chemin en jouant le ‘’kamalén n’goni. Parfois on me chassait, jusqu’à ce que mon ’kamalén n’goni a été détruit un jour. On voulait que je cultive et non que je fasse de la musique le moyen d’avoir de l’argent. Car, selon eux, on n’a pas d’avenir dans la musique. Suite à cette pression, e me suis enfui pour venir à Bamako. A mon arrivée, j’animais les manifestations de chasseurs.

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Quels sont les thèmes que vous traitez ?

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Je parle de nos valeurs traditionnelles, la promotion de nos mœurs avec les messages de bonne conduite sociale. Je demande aux hommes de ne pas abuser des femmes. Car, il y en a qui abandonnent les femmes en état de grossesse. Il en est de même pour les femmes qui abusent les hommes. Je prône la modération, l’humilité, car que l’on soit riche ou pauvre, on finit par mourir un jour. Alors, autant rester sobre.

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Vous avez combien d’albums ?

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J’ai à mon actif 5 albums dont 3 sont sortis au Mali et les autres en France. Le 1er est apparu en 1997 avec pour titre Samba Sidibé ‘’Biriko Lolo’’, le deuxième en 2000 sous le titre Samba Sidibé ‘’Pmu Mali’’. Parmi  les 2 albums  sortis en France, il y en a un qui a été distribué au Mali. Quant à l’autre, il est avec mon distributeur en France. Le dernier intitulé  ‘’Sènèkèlaw’’   est sorti à Paris. La  distribution de mes albums est assurée par ‘’Camara production’’ à Paris et à Bamako.

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Parlez-nous de vos tournées à l’étranger…

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J’ai fait 3 fois la Libye. Après, je suis allé  à Paris. C’était dans le cadre de la musique et de la science occulte. J’ai eu deux contrats à Paris, côté musique. Et, comme j’ai une maîtrise des écritures sacrées du sable, je travaille pour des gens qui ont des problèmes, dans ce domaine, à l’extérieur. Je fais le même travail ici à Bamako. Avant la France et la Libye, j’ai fait le voyage à l’intérieur du Mali ainsi qu’entre Bamako et Dakar. A Ouagadougou, j’ai été découvert à travers un festival au cours duquel vos confrères ont publié des articles sur moi.

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Vos rapports avec les artistes maliens ?

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Avec les artistes maliens, tout va bien et j’ai de bons rapports avec eux. Mais comme la musique malienne a beaucoup de genres, on se complète. Les uns ont toujours besoin des autres. Ce que je souhaite, c’est le progrès de la musique malienne.  

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Qui fait vos compositions ?

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Je compose moi-même mes chansons et je les produis aussi. Comme je joue beaucoup d’instruments, je fais mes montages en studio mais la batterie est jouée au studio.

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En parlant d’instruments, avez-vous bénéficié d’un soutien financier quelconque?

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Non ! Tout est sur financement personnel. En dehors de mes animations, je loue mes instruments à d’autres artistes.

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Avez-vous un groupe ? si oui, Comment travaillez-vous avec ses membres ?

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Oui, j’ai un groupe. Je  suis avec quatre musiciens permanents et le reste, je le cherche au moment de l’enregistrement ou des concerts. Vous savez, au Mali, ce n’est pas facile de travailler en groupe car l’argent a gâté le monde d’aujourd’hui. Dans notre pays, j’ai compris qu’un artiste doit avoir tous ses instruments et en cas de besoin, faire appel aux instrumentistes.

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Votre vision de la musique malienne?

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Je suis très fier de parler de la musique malienne car je suis un musicien. Je veux un bel avenir pour cette musique tout en souhaitant que son contenu soit composé de conseils et surtout qu’il parle du Mali. Cependant, je déplore qu’il y ait des musiques avec des clips obscènes qui n’honorent pas sinon dégradent notre culture.

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On  ne doit pas oublier une chose, nous regardons la télé avec nos parents. Et voir des habillements indécents, cela ne fait pas honneur à notre pays. Le Mali est un pays de respect, alors les musiciens doivent avoir le réflexe malien à travers l’habillement. Aussi, les artistes doivent–ils revoir la manière de concevoir les clips.

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La piraterie ?

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Parler de la piraterie au Mali, suscite  beaucoup de bruits. Dans d’autres pays les producteurs et les bureaux des droits d’auteurs ne soufflent jamais dans la même trompette. Car, ce sont les bureaux des droits d’auteurs qui luttent contre les producteurs. Ils ne doivent pas être des amis.

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Mais, c’est tout à fait le contraire chez nous car ils sont les meilleurs amis. Alors, il ne serait jamais possible pour les bureaux des droits d’auteurs d’exécuter normalement leur travail. La piraterie ne finira jamais au Mali, sauf si ces deux ne parlent plus le même langage. 

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Est-ce que samba vit de sa musique ?

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Aujourd’hui, je vis de ma musique et j’ai été aussi à l’origine du succès de certains artistes maliens comme le regretté Moutchatcha qui a été découvert à travers moi, MaÏkano peut en témoigner. J’ai tout fait pour qu’il réussisse. Mais, Dieu étant le plus fort, en a décidé autrement. Moutchatcha n’a pas eu une longue vie. Personnellement, je n’ai pas peur des pirates car sans la musique je vis bien, grâce à Dieu. Comme  je l’ai dit tantôt, la musique est un plaisir pour moi.

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Vous avez tantôt parlé des chasseurs. En vous voyant avec cet accoutrement, devrait-on vous prendre pour un ‘’doma’’ ou un chasseur ?

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 Je ne suis ni un ‘’doma’’, ni chasseur. Mais, je suis un ‘’soma’’.

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Alors quelle est, selon vous, la différence entre un ‘’soma’’ et un ‘’doma’’?

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Le ‘’soma’’ est un ‘’senkolan’’, un homme qui pose des grands actes positifs utiles à tout le monde. Il dit aux gens les sacrifices qu’il faut faire pour éviter les dangers, etc. Par contre, le ‘’doma’’ est un ‘’filouman’’ c’est-à-dire un trompeur. Il est capable de transformer une feuille blanche en une feuille remplie d’écritures dans le but de truander les gens.

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Quand est-ce que ce savoir vous a été révélé ?

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 J’ai eu ce don il y a  20 ans. En effet, ce savoir m’a été révélé lorsque j’avais l’âge de 12 ans.

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Parlez-nous un peu de cette histoire?

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J’ai tantôt parlé de mon grand-père, Gnagalema Moussa. Un jour, dans la forêt, en compagnie de ses frères Djambourou Sory et Djambourou Toumany, les diables sont apparus en leur demandant les muscles d’un homme pour attacher les instruments de mariage et leur progéniture. C’est en ce moment que le frère, Djambourou Sory, a été sacrifié et les diables leur ont demandé en retour ce qu’ils veulent. Chacun ayant exprimé son souhait, celui de  Djambourou Sory  était d’avoir de la richesse (les animaux), raison pour laquelle, aujourd’hui, pour rentrer chez nous à Biriko, il faut d’abord dégager  les bœufs ; celui du  second était d’être un grand chasseur et avoir un fils ou une fille dont tout le monde parlera.

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Le troisième, qui est mon grand père, a demandé le savoir. Après avoir accepté leurs doléances, les diables ont posé leurs conditions. Mon grand-père devait donner en sacrifice ses deuxième et troisième fils, ce qui fut fait. Il   avait souhaité que toute sa connaissance soit transmise à un de ses petits-fils. Sept ans après sa mort, j’ai été l’heureux gagnant. C’est ce qui fait que je soigne aussi les gens. 

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Qu’est ce qui vous dérange aujourd’hui ?

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  Aujourd’hui, ce qui me dérange, c’est surtout la fausse promesse. Je déteste beaucoup les faux rendez- vous, raison pour laquelle je choisis toujours mes collaborateurs.

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Quels sont vos projets et souhaits aujourd’hui ?

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Mon souhait aujourd’hui, après les voyages et l’argent, c’est de me marier et d’avoir des enfants, d’avoir davantage la bénédiction de mes parents. Je  souhaite avoir une bonne destinée et ne jamais déranger quelqu’un.

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Pour l’instant, je compte entreprendre un voyage aux Etats-Unis et finir  les clips que j’ai commencés.  

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Vos liens avec les politiciens ?

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Je suis en contact avec les politiciens car je suis un artiste. Et un artiste doit servir tout le monde. Mais, le jour du vote, je ne voterai pas car je n’ai pas de choix. Seulement,  je souhaite le meilleur pour le Mali. Je répondrais à  l’appel de tout parti politique quelle que  soit sa mouvance.   

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Votre  mot de la fin ?

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Je fais des bénédictions pour tous les lecteurs de ce journal ainsi que pour tous les Maliens. Je souhaite que  chacun trouve  son compte dans cette interview.

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        Lafia Sinaba

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Moeurs du 13 Avril 2007

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