Tribune du président du CSDM, Mohamed Chérif Haidara

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Chers compatriotes de l’intérieur et de l’extérieur, j’ai eu très souvent l’heureuse occasion de communiquer avec vous pour partager ma vision et mes actions au service de nos compatriotes de l’extérieur dont j’ai l’insigne honneur de représenter en ma qualité de Président du Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne. En plus des nombreuses apparitions que vous aurez remarquées sur l’ensemble des médias, j’ai ressenti l’immense désir de me saisir cette fois de ma plume pour vous entretenir de quelques sujets qui me paraissent importants dans le contexte actuel chargé de nombreuses amertumes mais aussi de pleins d’espoirs pour notre peuple.

Parmi les nombreux sujets qui m’habitent, je souhaite, à l’intention des plus hautes autorités, faire part de mon analyse sur les instances de représentation de la diaspora dans les institutions administratives de la République, Haut Conseil des Collectivités Territoriales, Conseil Economique Social et Culturel…

Mais au paravent, il m’apparait bien indiqué de faire très succinctement le point sur l’action phare de notre organisation depuis son existence. Il s’agit de notre âpre combat pour la représentation de la diaspora à l’Assemblée Nationale. Cette action majeure à laquelle nous avons consacré tous nos efforts est désormais en passe de se réaliser ; en ce sens qu’elle requière désormais un consensus national associant l’ensemble des parties prenantes. Le Dialogue National Inclusif, encore frais dans nos esprits, y a consacré une plus grande légitimité en la consacrant dans les résolutions qui en sont issues. Il reste qu’à examiner les conditions de sa mise œuvre ; autre combat que nous mènerons avec détermination et dont l’issue positive ne fait désormais aucun doute. Permettez, avant de continuer, que je mentionne toute notre satisfaction de faire partie de ce Dialogue National Inclusif et surtout la joie que nous éprouvons de la grande mobilisation de nos démembrements à l’extérieur du pays en cette circonstance. Preuve s’il en fallait, que le CSDM répondait à une véritable attente de la diaspora

Pour revenir à notre sujet en rapport avec les institutions, permettez que je sorte du discours conventionnel et faire part de mon appréciation sur le schéma actuel de représentation de la diaspora allant du Ministère au Conseil Economique Social et Culturel en passant par le Haut Conseil des Collectivités territoriales.

Le Ministère dédié à la diaspora depuis son existence il y a près de trente ans, dans des formes variées, fait en ce moment l’objet de points de vues différents pour son maintien ou pas; pour certains, il est inopérant et ne doit exister, pour d’autres, il a constitué le clou de notre schéma d’organisation de la diaspora,  hérité de la révolution du 26 mars, chargé d’histoire et ayant fait école à pleins d’autres pays, il doit donc continuer à exister et mieux, à être renforcé, en y consacrant des moyens colossaux à l’image des enjeux auxquels il est quotidiennement confronté.

Pour ma part, je milite pour cette dernière hypothèse. Car, je demeure conscient que la principale limite que rencontre ce Ministère réside dans la faiblesse des moyens mis à sa disposition. A cela s’ajoute un manque de volonté politique pour en faire un véritable outil d’intégration économique, social et politique. Son rang dans la nomenclature gouvernementale en dit très long quant au peu de considération que l’exécutif éprouve à son égard. En ma qualité de Président du Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne et au nom de l’ensemble de nos structures, je réitère ici ma demande déjà publiquement exprimée pour le renforcement du Ministère dans ses prérogatives mais aussi du point de vue des moyens.

Personne, ni au Mali, ni ailleurs, ne peut comprendre, qu’un Ministère dédié à la cause de presque la moitié de la population malienne résident à l’extérieur ne dispose qu’un milliard et ½ de budget annuel. Notre organisation, depuis plusieurs mois est mobilisée pour concevoir un mécanisme de financement susceptible de générer de nouvelles ressources,afin d’aider à doter ce Ministère de moyens conséquents, pour la prise en charge efficiente de ces actions. Car, dans ce contexte de troubles mondiaux, sans l’appui des partenaires techniques et financiers, les moyens alloués seront de loin insuffisants pour la prise en compte des contraintes auxquelles il est quotidiennement confronté. Pour les prétendants de sa disparition, nous disons que cette hypothèse constituerait un recul regrettable, eu égard à notre histoire et l’image positive que son existence renvoi à la diaspora. Celle-ci risque de ne pas comprendre, que la seule importante institution administrative qui leur est dédiée est supprimée, sans qu’il n’ait été possibled’examiner objectivement les entraves et chercher les moyens à les résoudre.Selon certains analystes, unSecrétariat d’Etat suffirait à satisfaire aux attentes de la diaspora. Pour dire vrai, en dehors d’une évaluation objective des immenses besoins, j’ai eu la faiblesse moi-même, en un certain moment de ma réflexion, d’épouser ce mode de raisonnement. Toutefois, à la lumière des faits, j’ai pris conscience de l’immensité des besoins et des attentes et me suis rendu compte que le remplacement du Ministère des maliens établis à l’extérieur par un secrétariat d’Etat serait une grande absurdité et même une grave agression portée contre la diaspora pour qui l’Etat s’honorerait à y consacrer d’importants moyens, en raison non seulement de son important poids numérique plus de (6.000.000) mais aussi de sa contribution importante au Produit Intérieur Brut plus de (15%) et surtout de son potentiel important en terme d’apport à l’investissement productif pour le développent de notre pays.  En le mettant à niveau, nous créerons ensemble les meilleures conditions de fonctionnement de l’ensemble des structures qui concourent à la prise en compte des activités de la diaspora, en particulier les deux grandes faitières, le Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne et le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur qui resteront malgré tout dans le champ de la société civile en tant que structures associatives.

La redynamisation du Ministère des maliens de l’extérieur jaillirait de façon positive sur les organisations de la diaspora. Elle renforcerait leur inventivité et par conséquent accroitrait leurs activités avec un impact certain sur leurs contributions à l’essor économique, social et culturel du pays. Pour cette raison et bien d’autres qui pourront faire l’objet d’une prochaine tribune, je demande pour que leur représentation dans les institutions, Haut Conseil des Collectivités territoriales et Conseil Economique Social et Culturel, soit revue à la hausse. De mon point de vue, il ne pourra en être autrement, dans un contexte où lesdites institutions vont croitre en nombre, en raison notamment de la prise en compte probable des représentants des nouvelles collectivités territoriales en cours de création. Puisque j’ai décidé de parler vrai, en dehors du discours convenu, permettez donc que je dise là aussi ce que je pense des quotas alloués pour représenter les 6.000.000 de nos compatriotes de la diaspora dans les instituions ci-dessus concernées ; quatre (4) pour le Conseil Economique social et culturel et trois (3) pour le Haut Conseil des Collectivités territoriales.

Ces chiffres, en raison de leur aspect dérisoire, apparaissent comme une véritable provocation faite à nos compatriotes de l’extérieur.

Dans nos nombreuses rencontres, il nousrevient de façon récurrente que les heureux mandataires sur ces quotas ne conservent aucun lien direct et permanent avec les organisations de la diaspora qu’ils sont supposés représenter. En cela, plusieurs interrogations me viennent à l’esprit. La défaillance ainsi constatée relèverait-t-elle de la carence des mandataires ? ou serait-t-elle liée à la nature même du mode de représentation tel qu’il est construit ? A y regarder de plus près, je suis tenté de penser que la carence ressentie réside dans la conception du mode représentation mis en place. En effet, il découle du constat, que les représentants de la diaspora, selon les indiscrétions relevées, sont considérées comme très couteuses, en raison du remboursement du coût de leurs voyages. Cet argument fallacieux et incongru ne saurait prospérer longtemps.Il ressort des informations reçues, que les hébergements des représentants de la diaspora, pendant les sessions, ne seraient pas spécialement pris en compte et qu’ils doivent se contenter des indemnités de sessions que reçoivent l’ensemble de leurs collègues. Par ailleurs, il en ressort également qu’aucun budget n’est consacré aux activités de restitution à la base qui m’apparaissent constituer le cœur de leur engagement. Sans cet investissement utile et indispensable, à la décharge des mandataires, il faut admettre qu’il leurs a manqué un des moyens importants à la bonne conduite de leur mission.

A cet égard, j’en appelle aux chefs des institutions dont sont membres les représentants de la diaspora, à s’abstenir des économies faites au détriment des activités de nos mandataire,en assurant le financement de leur hébergement (pour ceux qui en auront besoin) pendant les sessions et surtout assurer la prise en compte des charges financières nécessaires aux activités de restitutions dont ils ont obligation à assumer. En dehors d’un tel aménagement, les maliens établis à l’extérieur continueront à souffrir de leurs représentants dans les institutions de la République, du fait de l’avarice des pouvoirs publics.

Chers compatriotes, c’est parce que nous sommes dans un tournant décisif de la vie de notre pays et de nos institutions qu’il m’a paru opportun de faire état de ces quelques remarques et propositions sous cette forme particulière de communication afin de ne pas rater la cible à laquelle elle est destinée. Ce faisant, j’ai pensé être dans mon rôle, en ma qualité de Président du CSDM ; une des plus grandes faitières de la diaspora. Puisse Dieu bénir le Mali !

HAIDRA Chérif Mohamed

Président du Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne

1er Secrétaire chargé de l’immigration et de l’émigration du CNSC

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