Pour gérer la crise migratoire, les Chefs d’Etats Européens, Africains, les responsables d’institutions régionales, sous régionales et mondiales (Union Européenne, Union Africaine, CEDEAO, OIM, ONU) se sont réunis à La Valette à Malte du 11 au 12 novembre 2015. Le Sommet de La Valette a permis à une soixantaine de dirigeants des deux continents de discuter d’une Déclaration Politique Commune et d’un Plan d’Action afin de répondre aux défis de la migration. Le Président de la République du Mali, Son Excellence Ibrahim Boubacar KEITA a pris part à cette importante rencontre accompagné d’une forte délégation dont le Ministre en charge de la Coopération Internationale, le Colonel Salif TRAORE, Ministre de la Sécurité et de la Protection Civile et le Dr Abdramane SYLLA, Ministre des Maliens de l’Extérieur, Chargé du dossier de la migration.
Le Sommet de La Valette sur la Migration intervient dans un contexte marqué par la persistance de divers conflits et crise en Afrique, au Moyen Orient ainsi qu’en Asie.
Il intervient également au moment où l’Union Européenne fait face à une double crise ; celle des migrants à partir des côtes libyennes via la Méditerranée et celle des réfugiés syriens.
Cette crise migratoire sans précédent a provoqué une prise de conscience collective et a fait de la migration la priorité de l’agenda de la Communauté internationale, notamment des dirigeants d’Afrique et d’Europe.
L’objectif du Sommet de La Valette est de mettre en place un partenariat entre l’Afrique et l’Europe afin de trouver des solutions communes et durables aux défis migratoires qui constituent une responsabilité partagée. Les travaux du Sommet portaient sur cinq (05) thématiques ci-après contenues dans une Déclaration Politique et un Plan d’Actions permettant d’apporter une réponse adéquate à la question de la migration à travers une approche globale, commune, juste et respectueuse. Il s’agit de :
- Identifier les moyens de maximiser les bénéfices des migrations pour le développement et de lutter contre les causes profondes des déplacements forcés et des migrations irrégulières ;
- Renforcer la coopération entre les pays concernés sur les questions de mobilité et de migration légale ;
- Encadrer l’Asile et assurer une protection internationale aux migrants ;
- Prévenir et lutter contre le trafic de migrants et la traite des êtres humains ;
- Formaliser la coopération en matière de retour et de réadmission.
En avant ce Sommet quatre réunions préparatoires ont eu lieu entre experts européens et africains dont une participation active du Mali et qui ont permis de discuter largement du contenu de la Déclaration Politique et du Plan d’Action. Au cours de ces réunions de nombreux points de divergence ont apparu entre Européens et Africains. Il s’agissait notamment de la question de la réadmission et du retour des migrants irréguliers, la militarisation de la Méditerranée, les centres des migrants destinés à identifier en amont les demandeurs d’asile potentiels et surtout la question du « laisser passer européen ».
Après d’ambles discussions entre les Européens et Africains, ces points de divergence ont été retirés de la Déclaration Politique et du Plan d’Action suite à l’insistance des Africains. La partie européenne au final a indiqué qu’au nom de nos relations historiques et du partenariat fondé sur le respect réciproque accepte que ces points de divergences soient retirés des documents stratégiques du Sommet.
Contrairement aux informations qui circulent, la Déclaration Politique et le Plan d’Action approuvés par les Chefs d’Etat Européens et Africains à l’issue du Sommet de La Valette reflètent la volonté réelle et commune des deux continents à gérer ensemble la question de la migration dans une vision humaniste. Il est important de préciser que la partie africaine tout au long des discussions a tenu au respect de la dignité des migrants. Le Président de la République du Mali dira à ce propos, que nul ne peut se prétendre être du Mali et humilier ses enfants du Mali à l’extérieur. Les africains ont également beaucoup insisté sur le lien migration et développement et la prévention des conflits.
Pour permettre aux pays du Sahel, du Lac Tchad, de la Corne de l’Afrique et du Maghreb, de mieux gérer la migration, l’Union Européenne a mis en place un fonds appelé « Fonds fiduciaire d’urgence de l’Union Européenne pour l’Afrique » d’un montant de 1.881.274.389 d’euros.
L’objectif de ce fonds fiduciaire est d’améliorer la stabilité et de s’attaquer aux causes profondes des flux migratoires irréguliers et aidera les pays bénéficiaires à améliorer leurs perspectives socio- économiques et à concevoir des politiques de gestion des migrations.
Ce fonds servira de financer des projets de développement dans les pays bénéficiaires. Il s’agit des projets non seulement capables de créer des emplois pour fixer les jeunes sur place mais également de favoriser l’autonomisation des femmes, la gouvernance, la lutte contre la traite des être humains et le trafic illicite des migrants, soutien à l’engagement de la diaspora etc. Il n’y a aucune espèce de contre partie liée à la mobilisation de ce fonds de la part des pays bénéficiaires. Il s’agit simplement d’une question de responsabilité partagée.
Le Sommet de La Valette se tient à un moment où notre pays est confronté aux multiples défis de la migration irrégulière dans la mesure où près de 400 jeunes maliens ont été identifiés morts dans la Méditerranée au courant des douze derniers mois.
Ce contexte est marqué au plan national, par l’adoption de la Politique Nationale de Migration (PONAM), et son plan d’actions par le Gouvernement le 03 septembre 2014. La vision de la République du Mali est de faire de la migration, un atout pour le développement, un facteur de croissance économique, un instrument de lutte contre la pauvreté. Ce document de politique aborde la migration dans sa globalité et se fonde essentiellement sur les défis et les enjeux identifiés.
Il est à noté que ce Sommet de la Valette a été une opportunité pour le Mali et cela à plusieurs titres :
- Après le Nigeria, le Mali est le second pays africain a disposé d’un document de Politique Nationale de Migration et cela a largement alimenté les débats des experts de la migration dans le cadre des préparatifs de ce Sommet ;
- Le Mali a su préserver les intérêts de nos compatriotes vivant en Europe en obtenant le retrait des propositions contraignantes liées au retour et à réadmission des migrants. La question du retour et de la réadmission reste dans le cadre de l’article 13 de l’accord de Cotonou adopté en 2000 entre les pays ACP et l’Union Européenne ;
- Dans le cadre du Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique, le Mali est un pays prioritaire et contribuera surement à la mise en œuvre du plan d’action de la Politique Nationale de Migration (PONAM) ;
- Le Sommet de La Valette a permis au Mali de partager largement son document de Politique Nationale de Migration et sa vision sur la question avec l’ensemble des acteurs concernés ;
- Le Sommet de La Valette a permis également à notre pays d’engager des actions de partenariats, de coopération bilatérale et multilatérale dans le cadre ce nouveau partenariat Europe-Afrique sur la migration ;
- La Valette a été l’occasion pour notre pays de réaffirmer son statut de leader régional sur la gestion des migrations.