Une séance plénière s’est tenue le mardi 5 décembre 2017 dans la salle Aoua Keïta de l’Assemblée nationale. Un des points inscrits à l’ordre du jour de ladite séance a porté sur les questions orales de l’honorable Mahamadou Awa Gassama, adressées au ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop. Cette interpellation du chef de la diplomatie malienne par le député URD élu à Yélimané était relative à la situation des émigrés maliens qui se trouvent sur le sol Libyen.
Ce qui se passe aujourd’hui en Libye est un crime contre l’humanité. Des Africains sont séquestrés et vendus comme des esclavages. En cette circonstance, l’exercice n’était pas facile pour le ministre Diop de s’expliquer sur un sujet aussi sensible. Il a affirmé qu’à ce jour, le nombre de Maliens vivant en Libye est estimé à environ 7000 individus. Sur ce chiffre, 600 seraient détenus par les autorités libyennes et les milices.
A l’ouverture des travaux, le Président de l’Assemblée nationale, Issaka Sidibé, a d’abord souhaité la bienvenue à ses paires et aux membres du Gouvernement. Conformément à l’article 91 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, il a indiqué que les questions orales ne peuvent dépassées 60 minutes. Le patron de l’hémicycle a invité le député Mahamadou Awa Gassama à s’exprimer au pupitre. A cette occasion, le député de Yélimané a interpellé le ministre Diop sur les trois points suivants : « le gouvernement de la République du Mali vient de rappeler son ambassadeur de la Libye, pourquoi ? Qu’est-ce que le Mali a entrepris auprès des autorités libyennes présentes au Mali ? Quelle a été la position de l’Union européenne et précisément celle de la France ? ».
En guise de réponse à la première question, notamment le rappel de l’Ambassadeur malien de la Libye, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a fait savoir que le rappel pour consultation de l’Ambassadeur malien Amadou Touré est consécutif à la diffusion sur la chaîne de télévision CNN de migrants africains vendus comme esclaves en Libye. Selon Abdoulaye Diop, face à cette indignation, le Président de la République a demandé de faire une enquête. Il a noté que c’est à la suite de cela que le Gouvernement malien a demandé à l’Union européenne de revoir son accord migratoire avec la Libye. « On ne s’est pas limité seulement à faire des communiqués. Nous avons rappelé notre ambassadeur pour envoyer un signal fort aux autorités de la Libye pour leur dire que ce qui se passe dans leur pays était de trop. Ce qui se passe contre les migrants est un crime contre l’humanité », a affirmé Diop. Il a déclaré que le Mali n’a pas rompu ses relations diplomatiques avec la Libye. Pour preuve, Diop a indiqué que le personnel local de l’ambassade est toujours sur place. « La position du Mali a été suivie par plusieurs pays », a-t-il noté. Et de rappeler qu’en 2014, le Mali était le seul pays à avoir son ambassade en Libye.
Abordant la seconde question, le chef de la diplomatie malienne a fait comprendre que dès le début de cette affaire, le gouvernement a interpellé le chargé d’affaires de la Libye au Mali. Il a poursuivi en ces termes : « Nous avons demandé aux autorités libyennes de coopérer pour le retour des migrants maliens. Les Libyens ont montré leur disponibilité pour traduire les auteurs de ces actes inhumains devant la justice ». Selon lui, les uns et les autres doivent comprendre qu’il ya plusieurs gouvernements en Libye et des groupes armés incontrôlés. Cependant, le ministre a soutenu qu’il y a des personnes au Mali qui sont complices de ces trafics humains. Pour sa part, 40 personnes sont aux arrêts pour trafic humain. A en croire Diop, près de 5000 Maliens ont été rapatriés de 2013 à nos jours et près de 3715 du mois de janvier à maintenant. Il a insisté sur le fait qu’aucun pays n’a envoyé son avion pour rapatrier ses ressortissants. A cet effet, il a indiqué que tout se fait par arrangement avec l’Organisation internationale de l’immigration. Le ministre des Affaires étrangères a également mentionné que les autorités libyennes ont coopéré pour l’accès aux migrants.
S’agissant de la troisième question, le ministre a précisé que l’Union européenne et la France ont exprimé leur indignation face à cette pratique inhumaine infligée aux Africains. Toutefois, Abdoulaye Diop a martelé que ces puissances doivent aller au-delà des actes de condamnation.
Jean Goïta
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