Acculé par le Conseil supérieur de la diaspora malienne (CSDM) sur la situation des Maliens vivant en Algérie, en Libye et en Arabie Saoudite, le ministre des Maliens de l’extérieur était face aux députés le jeudi dernier. Il était accompagné par son homologue des Affaires étrangères et de l’Intégration africaine, Abdoulaye Diop. Lors de cette interpellation, le ministre Sylla s’est surtout illustré par son incohérence, fuyant les vraies questions.
En invitant le ministre des Maliens de l’Extérieur à l’Assemblée nationale, les députés ne voulaient savoir que la vérité sur la situation de nos compatriotes qui souffrent le martyr dans les pays cités haut. Les élus de la nation souhaitaient tout simplement être édifiés. Mais au lieu de donner la bonne information aux élus, le ministre Abdramane Sylla s’est mis à raconter des contrevérités. Ce qui a fait que cette séance n’a pu tenir ses promesses. Les Maliens s’attendaient à ce que le ministre dise ce qu’il a fait pour que ces dignes fils du Mali, les refoulés notamment, puissent regagner le bercail dans les conditions de dignité.
En effet, tergiversant sur les chiffres, le ministre Sylla a déclaré qu’il a fait rapatrier deux vagues de nos compatriotes de l’Algérie. Il a annoncé une première vague de 133 personnes et une seconde de 83 personnes. Si les Maliens ont été témoins oculaires du retour de la première vague sur les antennes de l’ORTM, le ministre Sylla et ses collaborateurs sont certainement les seuls à être au courant de l’arrivée des 83 personnes du pays d’Abdel Aziz Bouteflika, auxquelles il a fait allusion.
Dans son incohérence, Abdramane Sylla a tenté de faire croire aux députés que le Haut conseil des Maliens de l’extérieur est l’émanation du peuple, parce qu’il est issu de la conférence nationale, tenue en 1992. Mais, ce qu’il na pas voulu dire aux Maliens, c’est que ladite conférence n’a jamais interdit la création d’autres organisations pour défendre les intérêts de la diaspora malienne. On comprend que le ministre ait pris fait et cause pour son frère président du Haut conseil des Maliens de l’extérieur, en l’occurrence Habib Sylla, mais de là à dire que le HCME est la seule organisation à laquelle toute la diaspora malienne doit forcément adhérer, c’est un pas qu’il n’aurait pas dû franchir. En tant que ministre de la République, Abdramane Sylla doit être à égale distance des différentes associations de la diaspora malienne. En ne reconnaissant que le Haut conseil des Maliens de l’extérieur comme seul interlocuteur de l’Etat concernant les Maliens de l’extérieur, il viole le devoir de neutralité auquel il est tenu en tant détenteur de la puissance publique. Ce qui est vraiment dommage. Car, on peut l’aimer ou ne pas l’aimer, mais le CSDM de Mohamed Chérif a abattu un travail remarquable, notamment en termes de communication sur la situation des migrants en Algérie, en Libye et en Arabie Saoudite. Cela est un fait que personne ne peut ignorer, sauf au ministère des Maliens de l’extérieur. Ces efforts ont été reconnus par l’Assemblée nationale du Mali, au grand dam du ministre Sylla.
Youssouf Bamey