L’Association Malienne des Expulsés (AME) et ses partenaires de lutte, l’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH), Amnesty Mali, l’Espace Migration et Développement de la région de Kayes (EMDK) ont organisé le samedi dernier à Djélibougou au siège de l’AME, une conférence de presse en vue d’informer l’opinion publique sur le naufrage des candidats maliens à l’émigration sur les côtes Libyennes. La dite conférence était présidée par le président de l’AME, Ousmane Diarra. A ses côtés, étaient présents Mady Awa Kébé, représentant de l’EMDK; Mohamed Niang, représentant des familles victimes et le représentant de l’Amnesty Mali, El Béchir Singaré.
Dans son mot de l’allocution, le président de l’AME, Ousmane Diarra, a confirmé que pour lutter contre l’irrégularité, les Etats Européens durcissent davantage, à tous les échelons, les mesures (conditions d’entrée et de séjour) en confiant à travers traités et accords à certains Etats Africains dits de “transit/tampon” et de “départ” le contrôle en amont des frontières européens. Malgré ce durcissement, les candidats étant en situation de désespoir (manque et ou insatisfaction de perspectives socio-économiques) dans leur pays de départ tentent leur chance ailleurs au péril de leur vie. Ceux qui réussissent à arriver à destination souhaitée se retrouvent la plupart en situation irrégulière. Avant qu’ils ne soient reconduits à la frontière, ils sont victimes de toutes formes d’exploitation et de répression.
Selon lui, les reconduites causent beaucoup de conséquences aux migrants, à leurs communautés d’origine, et entrainent parfois des problèmes entre les pays d’accueil, de transit, et de départ. Le projet migratoire des milliers de candidats tournent au drame comme celui dont le Mali vient de subir.
Quant aux parents des victimes, Mady Awa Kébé, il a signalé que l’échec du projet migratoire entraine la rupture de liens entre le “migrant” et sa communauté ou sa famille d’origine, conduite souvent à un appauvrissement, non seulement de l’individu , marginalisé à l’extrême, mais aussi des familles, qui se retrouvent désarticulées et affaiblies, puisque l’investissement de départ (le soutien financier au migrant) n’est pas rentabilisé. Selon lui, il y a des familles qui ont tous leurs bras valides en émigration, ils n’espèrent que sur ceux-ci pour la prise en charge des dépenses familiales. La mort surtout tragique de chaque malien de l’extérieur, ou candidat à la mobilité, brise l’espoir d’une famille au moins en laissant un grand vide et en faisant des veuves et orphelins.
Le représentant de l’Amnesty Mali, El Béchir Singaré, a pour sa part signalé que, le droit de l’homme prévoit dans ces textes la situation des candidats à la mobilité et des maliens de l’extérieur. Car, une fois entrée, ils sont interceptés dans les rues, dans les centres de rétention où ils subissent les détentions arbitraires, les humiliations, le racisme, les tortures etc. Il est difficile pour eux de consulter un avocat en attendant l’expulsion. Il déclare que, dans les pays de “transit”, les femmes sont l’objet de harcèlements sexuels et de viols dans les prisons et centres de détention. Le droit des enfants est aussi remis en cause, ils sont retenus et mélangés aux adultes.
Il y a des maliens en situation difficile ailleurs qui veulent retourner mais les moyens nécessaires leurs manquent. Certains sont reconduits collectivement par vols charter (les mains vides) dans les pays d’origine. D’autres sont reconduits de frontière en frontière, dans les camions surchargés en plein désert où les conditions vitales minimum manquent, a conclu le représentant de l’Amnesty Mali.
Fatogoma Coulibaly