“Gouvernance migratoire, enjeux et perspectives” était au centre des débats du panel de haut niveau organisé, le 17 août dernier, au CICB dans le cadre des Etats généraux de la migration et du cadre de concertations avec les Maliens établis à l’extérieur. C’était en présence de l’ancien Premier ministre, Moussa Mara et de l’ambassadeur du Maroc au Mali, Driss Isbayène.
Permettez-moi d’abord d’exprimer ma profonde gratitude à notre modérateur pour son rôle essentiel dans l’organisation de ce panel. Je tiens également à remercier chacun des panelistes ici présents pour votre disponibilité, votre engagement et votre expertise sur cette question de gouvernance migratoire, qui constitue une priorité pour les plus hautes autorités de notre pays.
Moussa Mara, ancien Premier ministre, votre présence parmi nous, nous honore et renforce la pertinence de notre sujet du jour. Vous êtes un fin-connaisseur de la question de migration car vous avez toujours mis au-devant la protection de nos compatriotes établis à l’extérieur.
Le Mali, avec son histoire riche et diverse, a toujours été au cœur des mouvements humains.
Ces mouvements, qui ont façonné notre identité, sont également au centre de nombreux défis contemporains, auxquels nous devrons répondre dans une approche commune. La gouvernance migratoire n’est pas seulement un enjeu national, régional ou même continental, mais elle est également une préoccupation mondiale. Aujourd’hui, nous sommes réunis pour aborder ce sujet dans toute sa complexité et pour esquisser des pistes d’action concrètes et durables. Le Mali, berceau de grandes civilisations et carrefour des cultures, a toujours été un terreau riche en mouvements humains. De nos ancêtres aux migrations contemporaines, il convient de noter que l’histoire de notre peuple est intrinsèquement liée à ces déplacements.
Dans le contexte actuel, la migration se présente à la fois comme une opportunité de développement et comme un défi majeur pour l’ensemble des pays.
Les migrants contribuent au développement des pays d’accueil car ils travaillent dans les secteurs sous tensions et vitaux pour les économies de ces pays d’une part et d’autre part apportent sous diverses formes un appui important en termes de développement aux pays d’origine à travers des transferts de fonds importants et de l’expertise intellectuelle et technique.
En outre, c’est lieu de reconnaitre que la migration constitue également un défi majeur pour tous les pays. Elle porte les stigmates de la migration irrégulière, des drames sur les routes migratoires qui sont devenus ces dernières années des véritables couloirs de la mort pour de nombreux jeunes. Les migrants font l’objet d’exploitation de tout genre, de violations de leurs droits sur les parcours migratoires périlleux, de préjugés, de stigmatisations et d’instrumentalisation dans certains milieux politiques.
Pour faire face à ces défis, le gouvernement du Mali a engagé plusieurs actions. Il s’agit notamment :
– l’adoption d’une ambitieuse politique nationale de migration et son plan d’action qui constituent le cadre de référence de notre pays en matière de gouvernance migratoire, et qui prend en compte tous les paramètres de la migration ;
– le renforcement des actions de prévention de la migration irrégulière dans les zones de forte émigration et de transit ;
– l’adoption de la loi n°2012-023 du 12 juillet 2012 relative à la traite des personnes et pratiques assimilées ;
– l’assistance au rapatriement des maliens en situation de détresse avec l’appui de nos partenaires internationaux ;
– l’accompagnement des migrants de retour dans le processus de réintégration sociale avec des projets d’insertion ;
– le soutien aux initiatives de la diaspora dans les localités d’origine ;
– le renforcement de la coopération internationale en matière de migration avec la participation du Mali à de nombreux cadres de dialogues sur la migration tels que le Processus de Rabat ou le cadre du dialogue euro-africain sur la migration, le Processus de la Valette avec l’Union européenne, le cadre de dialogue ouest-africain sur la migration et le développement, la participation aux discussions et l’adoption du Pacte mondial pour les migrations sûres, ordonnées et régulières. Malgré ces efforts, il est nécessaire que nous poursuivions ensemble l’engagement pour non seulement renforcer les actions en cours mais aussi pour prendre en compte des questions telles que :
– le soutien à l’investissement productif pour promouvoir davantage le rôle de la diaspora dans le processus du développement national ;
– la prise en compte des incidences du changement climatique sur les migrations ;
– l’expérimentation de la migration professionnelle ;
– inscrire la gouvernance migratoire dans une approche globale et intégrée prenant en compte tous les paramètres de la migration ;
– Renforcer la protection des migrants conformément aux conventions internationales en matière de migration ;
– Travailler en synergie pour mettre fin aux conflits qui engendrent des mouvements massifs de populations ;
– Renforcer le dialogue international sur la migration.
Pour finir, réaffirmer la volonté de la République du Mali à jouer pleinement sa partition dans la gouvernance migratoire”.
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Etats généraux de la migration : Vers un développement inclusif et une cohésion renforcée
ors du lancement des Etats généraux de la migration et cadre de concertations avec les Maliens établis à l’extérieur (EGMC) au CICB, le ministre des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine, Mossa Ag Attaher a chaleureusement accueilli les participants, mettant en avant l’importance de cette rencontre pour le développement socio-économique et la cohésion des Maliens, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. L’événement a été présidé par le chef du gouvernement, Dr. Choguel K. Maïga, en présence des membres du gouvernement, des autorités politiques, administratives, diplomatiques et de l’ensemble des faîtières de la diaspora.
Le ministre a rappelé l’importance des Assises nationales de la refondation de l’Etat comme point de départ de ces EGMC, soulignant l’objectif de renforcer la participation de la diaspora malienne au développement et de proposer des solutions durables face aux enjeux migratoires actuels.
Il a mis en lumière l’engagement des plus hautes autorités envers la diaspora, évoquant des mesures concrètes telles que la présence des représentants des Maliens à l’extérieur dans divers conseils, leur participation aux Assises Nationales et leur rôle renforcé dans la Constitution.
Le thème choisi, “Mobilités humaines, facteurs d’intégration, de développement et d’enrichissement culturel : Quelle contribution des Maliens établis à l’extérieur à la Refondation de l’Etat ?”, a été présenté comme le fil conducteur de ces trois jours de travaux. L’objectif est de diagnostiquer les enjeux migratoires et de proposer des initiatives favorisant le rôle de la diaspora dans le développement national.
Le ministre a souligné le rôle essentiel de la diaspora malienne dans le développement, en tant que capital humain et source d’expertise. Il a également mis en évidence leur contribution au financement du développement.
Les défis tragiques des migrations irrégulières ont été abordés, mettant l’accent sur la nécessité d’une approche humaine dans leur gestion. Des statistiques alarmantes concernant les pertes de vies lors des migrations ont été mentionnées.
L’importance de réguler les migrations a été mise en avant, mettant en lumière les avantages d’une gestion coordonnée des flux migratoires. Une citation de Kofi Annan a été utilisée pour appuyer ce point. Le ministre a rappelé que le gouvernement avait adopté en 2014 une Politique nationale de migration (Ponam) pour faire face aux enjeux migratoires. Les avancées et les succès obtenus grâce à la mise en œuvre de cette politique ont été évoqués.
Malgré les actions entreprises, des défis persistent, notamment les flux migratoires irréguliers, la nécessité de renforcer la cohésion de la diaspora et de mobiliser pour des investissements productifs. Enfin, le ministre a exprimé sa confiance en l’avenir, annonçant des actions pour relever les défis de manière holistique et inclusive. La mise en place d’un cadre de concertation a été annoncée, visant à maintenir un dialogue permanent avec toutes les parties prenantes.