Mme Cissé Ramata Sissoko, étudiante chercheuse à l’Université de Géorgie à Athens (USA) : « Les petites contributions…font bouger un pays »

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Venue pour participer aux travaux du premier forum de la diaspora intellectuelle, scientifique et technique du Mali, la chercheuse malienne à l’Université de Géorgie, basée à Athens, Mme Cissé Ramata Sissoko, nous parle dans l’interview qu’elle nous a accordée, de ses attentes et de son engagement dans le développement de l’agriculture et de l’élevage au Mali.

 

Le Républicain: Mme Cissé, dites-nous qui vous êtes ?

 

Mme Cissé : Je suis née en 1967 dans la ville de Mopti où j’ai réalisé mon 1er cycle. Puis j’ai vécu à Gao où j’ai effectué mon second cycle et obtenu mon bac. Après le bac, j’ai eu une bourse pour étudier en Union Soviétique. J’y ai passé 6 ans et j’y ai obtenu un diplôme de médecin vétérinaire avec une spécialisation en insémination artificielle.  C’est en 1992 que je suis arrivée aux Etats Unis. J’y ai effectué un programme de master en biologie  au cours duquel j’ai étudié les neurosciences et plus particulièrement l’effet de certains produits sur la mémoire à court et long termes ainsi que sur la mémoire spatiale. Je suis actuellement un programme de PHD dans le département consacré aux sciences animales à l’Ecole d’Agriculture et de Sciences environnementales de l’Université de Géorgie. J’effectue des recherches dans le domaine de la nutrition et de la reproduction animale.

 

Vous venez de participer au 1er Forum de la diaspora au Mali. Quel est pour vous le principal enjeu d’un tel évènement dans notre pays ?

Le premier enjeu de ce forum a été de créer des connections entre les Maliens de l’extérieur parfois frustrés de ne pas pouvoir participer au développement de leur pays et ceux  de l’intérieur parfois à court de ressources et d’idées pour régler les problèmes du pays. C’est très important de venir ici, de partager des opinions, de discuter des problèmes, des obstacles, de ce que chacun peut apporter pour contribuer à la solution.

 

Quel genre de Malienne de l’extérieur êtes-vous ?

Vous savez, j’ai eu la chance d’avoir grandi dans l’une des régions les plus pauvres du monde qu’est le Nord Mali et d’évoluer aujourd’hui en tant que femme scientifique dans l’une des régions les plus riches du monde. L’université de Géorgie est très impliquée dans l’aide au développement et en tant que malienne de l’extérieur je tente de transformer toutes les opportunités que j’ai là-bas, en occasion d’apporter quelque chose au Mali. Je suis une ambassadrice du Mali partout où je suis et c’est pour moi une responsabilité morale d’apporter ma contribution au développement de mon pays et de partager mon expérience au profit du peuple malien.

 

Comment participez-vous concrètement à l’évolution du Mali ? Quel peut être, selon vous, l’impact des actions de Maliens de l’extérieur sur le quotidien des Maliens de l’intérieur ?

Je vais vous donner un exemple. En 2008, je suis venue au Mali avec une délégation de l’Université de Géorgie – composée des Dr Nickerson et Dr Glover – pour tenter d’évaluer la qualité du lait dans les fermes autour de Bamako. Pendant la visite nous avions observé que les fermiers ne suivaient pas les procédures normales d’hygiène. Nous avons prélevé des échantillons de lait et les résultats des tests ont confirmé nos inquiétudes concernant la qualité du lait. Systématiquement, nous avons détecté des bactéries dangereuses pour l’homme. C’est pourquoi nous avons fait des recommandations à ces fermiers : il s’agissait de laver les mains et les tétines des vaches avec de l’eau et du savon avant la traie. Evidemment, nous avons aussi délivré le matériel pour que les fermiers puissent suivre ces recommandations et planifié des visites de suivi pour observer les résultats. Il est prouvé que cette petite précaution élimine 80% des bactéries dangereuses à la consommation et améliore significativement la qualité du lait. C’est là une toute petite contribution mais pour moi, ce sont les petites contributions mises bout à bout qui font bouger un pays.

 

Vous êtes spécialiste de l’élevage. Quel est le principal défi du Mali dans ce domaine ?

Pour moi, le problème de la nutrition est la clef dans le domaine de l’élevage. Au Mali, chacun sait que l’élevage est un secteur très important pour l’économie mais ce secteur est sous exploité. L’une des raisons des faibles rendements de l’élevage au Mali réside dans le fait qu’il n’existe pas dans ce pays d’agriculture spécialisée dans l’alimentation des animaux : les animaux mangent tout simplement ce que les hommes ne mangent pas ! Or, les animaux ont des besoins nutritifs spéciaux et il faut créer des fermes spécialisées qui répondront à ces besoins et permettront ainsi de d’améliorer la qualité de la viande que nous consommons.  Il est important pour moi de diffuser cette idée et j’ai dans l’intention de voir comment l’université de Géorgie peut contribuer à former les futurs fermiers spécialisés.

 

Comment faudra-t-il poursuivre l’initiative du Forum pour qu’elle porte ses fruits ?

Le Forum a été une plate-forme de rencontre importante.  Beaucoup de gens ici ne voient plus de porte de sortie et il est bien que des gens  venus d’ailleurs apportent des idées fraîches. Dans l’idéal, il faudrait créer une agence qui se charge de coordonner les actions de ceux qui veulent faire bouger les choses, d’ici ou d’ailleurs, pour faciliter leur intégration et leur investissement.

Réalisée par Touré Jaoujata (stagiaire)

 

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