Le Ministre Abdourahamane Sylla à propos des aspects dramatiques de l’Immigration irrégulière : “Nos compatriotes migrants se retrouvent à survivre dans des conditions précaires, dégradantes et dépourvues de toute humanité”

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Dr Abdramane Sylla
Ministre des Maliens de l’Extérieur, Dr Abdramane Sylla

    Hier mardi 05 aout 2014, le Ministre des Maliens de l’Extérieur, M. Abdourahamane Sylla, a animé une conférence de presse pour édifier et sensibiliser l’opinion nationale sur les aspects dramatiques de la migration irrégulière. La conférence a porté sur les conditions de vie des migrants maliens en situation irrégulière en Italie, la problématique des enfants migrants mineurs, la situation des maliens en République Centrafrique, la situation des maliens en Libye, et le naufrage de l’embarcation partie de Tripoli survenu le 27 juillet 2014 près des côtes libyennes, etc…

 

Le Ministre Sylla a commencé par souligner que le Mali, de par l’histoire de son peuplement et sa position géostratégique, est un pays de vieille tradition migratoire. Il a indiqué que le recensement général de la population et de l’habitat de 2009 précisent que les données démographiques sont caractérisées par un taux d’accroissement naturel de 3,6 % avec une forte proportion de jeunes (environ 47,5 %) âgés de 0 à 14 ans, sur une population totale estimée à 14.528.662 habitants.

 

Toujours selon le Ministre, le dernier Recensement Administratif à Vocation d’Etat Civil indique que le nombre de maliens à l’extérieur est estimé à environ quatre millions, soit 30 % de la population malienne.

 

À ses dires, les raisons de l’émigration des maliens, irrégulière dans la majorité des cas, sont suffisamment étoffées et se résument à l’enclavement du pays, à l’insécurité environnementale et alimentaire, notamment les grandes sécheresse et les irrégularités de pluies. A cela, dit le Ministre, s’ajoutent une faible productivité des ressources naturelles, base de la croissance, et une insuffisance d’opportunités d’emploi traduites par le sous emploi dans le monde rural et le taux élevé de chômage des jeunes diplômés dont le nombre est estimé à 300.000, selon les sources du CSCRP 2012-2017.

 

DE VÉRITABLES DRAMES HUMAINS

Toujours selon le Ministre Sylla, avec l’accroissement de sa population, la détérioration des termes de l’échange (d’évaluation du franc CFA), le manque de ressources financières nécessaires aux besoins croissants des familles dans tous les domaines, un contexte international défavorable (crise économique de 2008) et la crise multidimensionnelle qui a frappé le Mali en 2012, le phénomène migratoire n’a cessé de croitre malgré tous les efforts fournis par l’État malien dans le cadre de lutte contre la pauvreté.

 

“Depuis 2005, le Mali est largement confronté aux conséquences désastreuses des migrations irrégulières. Les flux d’émigration n’étant pas organisés aboutissent généralement à des reconduites aux frontières, des rapatriements et des expulsions fréquentes et importantes. La migration quand elle est organisée, légale et régulière constitue un facteur de développement dans tous les domaines pour les pays d’origine, de transit et de destination”, a affirmé le Ministre Sylla.

 

Aussi estime-t-il qu’il est difficile aujourd’hui de disposer de statistiques fiables sur les flux d’émigration, néanmoins il indique à titre d’illustration que de 2002 à 2010 au total 54.719 migrants maliens ont été reconduits, selon les statistiques de la Délégation Générale des Maliens de l’Extérieur. La même source préciserait que cette situation s’est détériorée en 2011 à la suite des crises politiques survenues en Libye d’où ont été rapatriés 22.850 Maliens.

 

Le Ministre Sylla affirme que pour l’année 2014, à la date du 31 juillet, 2.101 maliens ont été rapatriés par leur gouvernement dont 1.891 de la Centrafrique, et le reste des pays comme la Libye, l’Espagne, le Congo Brazzaville et le Gabon. Par ailleurs, le Ministre a déploré le fait que de nombreux migrants soient détenus dans les prisons des pays de destination et/ou de transit dont 225 en Libye, 11 au Sénégal…

 

Pour attirer l’attention des maliens sur les risques liés à la migration irrégulière et pour ne pas alimenter davantage le réseau des passeurs le long des routes migratoires, mais sans remettre en cause la liberté de circulation qui est un droit fondamental universel, le Ministère des Maliens de l’Extérieur, en collaboration avec ses partenaires, a mené une campagne d’information et de sensibilisation soutenue et intensive contre les risques de la migration irrégulière.

 

“ Malgré tous les efforts, nous assistons régulièrement à de véritables drames humains sur les routes migratoires irrégulières au cours desquels de nombreux maliens perdent hélas la vie. Contre toute attente, nos compatriotes migrants quand ils réussissent leur dangereux périple se retrouvent à survivre dans des conditions précaires, dégradantes et dépourvues de toute humanité sans possibilité de retour digne au pays, comme c’est le cas en Italie.

 

Le constant le plus alarmant et le plus révoltant concerne la migration irrégulière des enfants mineurs par les parcours habituels en dépit des dangers, en violation flagrante de tous les textes qui régissent l’humanité”, a déploré le Ministre Abdourahame Sylla.

Pour endiguer le phénomène de la migration, le Ministre a confirmé que le gouvernement est dans la dynamique de mettre en place dans les zones de départ des projets producteurs qui assureront les revenus de ces populations. Aussi le département entend t-il mettre l’accent sur la communication et la sensibilisation pour mettre un frein à l’immigration irrégulière.

 

Modibo KONÉ

 

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