Malgré qu’il soit bien intégré depuis trois ans, un jeune Malien habitant près de Rouen (Nord de la France, en Normandie) est sous la menace d’une expulsion. Arrivé en France en 2018, Adama Ballo est parvenu à avoir un emploi à Darnétal, près de Rouen. Son patron se bat aujourd’hui pour mobiliser les bonnes volontés afin d’empêcher l’expulsion de son employé qu’il considère comme un modèle.
Originaire du Mali, Adama Ballo est âgé de 20 ans. En 2018, il a quitté son pays sérieusement affecté (sur le plan socio-économique) par la crise sécuritaire. Dès qu’il est arrivé sur le territoire français, il a entrepris toutes les démarches nécessaires pour signaler sa présence et surtout pour trouver du travail.
Pris en charge par des associations et l’Aide sociale à l’enfance (ASE), c’est finalement à Darnétal, près de Rouen (Seine-Maritime) qu’il a pu commencer à reconstruire sa vie avec un travail, un appartement dans l’agglomération et même, depuis quelque temps, une petite amie.
Seulement voilà, il y a quelques jours, c’est un peu le ciel qui lui est tombé sur la tête quand il a reçu une obligation de quitter le territoire, sous 30 jours. Son patron, Irwin Lafilé, qui tient «La Boucherie d’Alex» à Darnétal a aussitôt pris fait et cause pour lui, notamment en médiatisant la situation de son employé qu’il estime injuste… et injustifiable.
«Il avait 17 ans quand je l’ai recruté en apprentissage. J’avais besoin de stagiaires à l’époque quand j’ai ouvert et Adama a tout de suite montré de très bonnes aptitudes pour le métier de boucher. En plus, il est ponctuel, sérieux», décrit son patron. Il insiste sur le fait qu’Adama a suivi sa formation avec application et qu’il a obtenu son CAP en seulement deux ans alors qu’on lui avait dit que trois années seraient nécessaires. Diplôme en poche, Adama a donc continué à bénéficier de la confiance de son patron au point de décrocher un CDI.
«On ne peut pas se passer d’Adama dans l’équipe»
«Cela fait trois ans qu’il est avec nous, il est totalement intégré, il a son appartement qu’il a pu obtenir avec l’aide d’associations qui se sont portées garantes pour lui», insiste Irwin Lafilé qui ne comprend pas du tout pourquoi son employé fait l’objet de cette décision des services de l’État. Selon lui, l’explication pourrait venir de la situation «d’engorgement des tribunaux et le dossier d’Adama aurait été glissé comme ça dans la pile. Mais nous ici, on ne voit pas comment on pourrait se passer d’Adama. On a besoin de lui dans l’équipe et on l’a formé pour travailler avec nous», plaide le patron de La Boucherie d’Alex.
Quant à Adama, il confesse être très «stressé» par cette obligation de quitter le territoire après avoir suivi tout le processus requis pour s’intégrer. «Quand je suis arrivé en France, des associations m’ont aidé à rédiger des CV parce que je voulais absolument trouver un travail», confie le jeune homme qui ne comprend pas quelle étape il a pu manquer pour se retrouver ainsi sous le coup de cette menace d’expulsion.
Son parcours exemplaire en termes d’intégration a même été diffusé via une vidéo (https://youtu.be/uUpjLKsso20) de la Chambre des Métiers et d’Artisanat (CMA) de la Seine-Maritime. Autant dire que les institutions elles-mêmes reconnaissent au jeune homme le mérite d’avoir fait d’importants efforts pour s’intégrer. Des efforts payants donc puisqu’il a un emploi stable et qu’il continue de se former au magasin.
«Il est capable désormais de travailler aussi bien le bœuf que l’agneau… toutes les viandes en fait. Et il aide même pour le côté charcuterie. Maintenant, il faut qu’il continue de progresser en français et il pourra alors passer dans le magasin pour faire de la vente. Mais il parle déjà 10 fois mieux le français que lors de son arrivée il y a trois ans», indique Irwin Lafilé, qui garde bon espoir que les services de l’État reviennent sur leur décision et permettent à Adama de rester en France. «Nous avons rendez-vous avec un avocat cette semaine et j’ai bon espoir qu’il puisse rester», constate Irwin Lafilé qui souligne qu’Adama coche toutes les cases d’une insertion réussie.
«Ici à la boucherie, on est un peu comme une petite famille. Et aujourd’hui, personne dans l’équipe n’imagine devoir se passer d’Adama. Il fait partie de notre équipe et on ne peut pas se passer de lui», conclut le patron de «La Boucherie d’Alex».
Sollicitée sur la situation d’Adama, la préfecture n’a pour l’heure pas donné suite. Ce qui ne surprend pas les observateurs. Difficile de justifier l’expulsion d’un «étranger» qui coche toutes les cases d’une insertion réussie. Le problème est politique. En disgrâce au Mali depuis le renversement du régime de feu Ibrahim Boubacar Kéita le 18 août 2020, la France est prête à tout pour contrarier les autorités de transition. Et malheureusement, de jeunes migrants en attente de régularisation vont en faire les frais.
Avant Adama Ballo, Oumar Dembélé (un jeune athlète de 19 ans) avait été expulsé le 11 mars 2022 vers le Mali malgré une forte mobilisation. Ce sportif licencié au club d’Athlétisme de Nancy était également décrit comme un modèle d’intégration par ses proches, qui continuent de dénoncer «une décision injuste» !
Macky Cissé
Correspondance particulière
Ce qui est certain, les maliens n’aurons pas de paix dans ce pays tant que la junte va à contre courant des avantages des politiciens français. Que tous les maliens de France s’apprêtent à des exactions de la part de ce régime, même s’ils savent que la faute est du côté des dirigeants français depuis plus de dix ans. Ils considèrent que les autorités maliennes n’ont pas de cœur et n’aiment pas leur pays, ainsi, ils les mettent dans une condescendance éternelle.
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