Tracasseries administratives, arrestations arbitraires, dénonciations sur fond de règlement de compte, ponction sur le droit des personnes décédées: les Maliens établis à Bata, deuxième vielle de la Guinée équatoriale souffrent. Ils n’en peuvent plus. À cet effet, ils demandent au gouvernement malien l’ouverture d’une représentation diplomatique pour bénéficier les mêmes avantages que leurs compatriotes de Malabo et d’en finir avec la tyrannie d’une mafia.
Arrivés à Bata, la deuxième ville de Guinée équatoriale, pour faire fortune, les Maliens établis dans cette ville souffrent des agissements d’une mafia qui évoluerait sous la protection de Mohamed Morba, Consul honoraire du Mali à Bata, président du Haut Conseil des Maliens de l’extérieur (HCME). D’après nos informations, il serait le bourreau de la diaspora malienne établie à Bata. On nous apprend que tous ceux qui ne sifflent pas dans la même trompette que lui vivent sous la menace d’arrestations et d’expulsions. La dernière en date est l’arrestation injustifiée, en novembre dernier, de Bouakar Cheick Diallo.
Selon des sources bien introduites auprès de nos compatriotes de Bata, la mafia, par son influence et sa richesse, exerce un pouvoir de tyran sur la communauté malienne de cette ville. Elle règne par la terreur et par l’intimidation. Elle dénoncerait ses concitoyens sur fond de règlement de compte qui aboutissent à des arrestations arbitraires. Des prélèvements seraient aussi faits sur le droit des personnes décédées. L’obtention des documents administratifs est entourée d’une grande opacité.
Nos interlocuteurs nous informent que l’arrestation de Bouakar Cheick Diallo, en novembre dernier, n’était autre chose que de taire une voix discordante. Ils se défendent que la mafia reproche à M. Diallo de diffuser une vidéo dans laquelle il donnait le nombre de Maliens arrêtés par les forces de sécurité à Bata. Alors qu’au même d’autres ont fait pire que Bouakar Cheick Diallo sans être inquiétés.
Ils précisent que c’est sur dénonciation de Mohamed Morba, Consul honoraire, qu’il a été arrêté et détenu durant des jours en prison. Dans la même foulée, ils dénoncent la ponction faite sur le droit des personnes décédées. Ils reprochent à la mafia d’être en connivence avec les propriétaires d’entreprises dans lesquelles travaillent les Maliens.
Une de nos sources révèle qu’un de ses parents décédé, qui travaillait dans une unité industrielle sans nous indiquer le nom de l’entreprise, a été victime d’un prélèvement sur ses droits. Elle dit qu’elle n’est pas la seule à vivre ce calvaire. Une autre dit ceci: «Nous préférons garder le silence pour ne pas subir la colère des tyrans».
Pour se procurer d’un document administratif, c’est la croix et la bannière. À Malabo, la carte d’identité consulaire est cédée à 4 500 F CFA contre 7 500 F à Bata. «C’est à prendre ou à laisser», déplorent les Maliens de Bata. Pis, tous les autres documents sont soumis à une augmentation décidée par Mohamed Morba, Consul honoraire et président du Haut Conseil malien de l’Extérieur, depuis 1996. Ils regrettent que M. Morba jette à leur figure chaque fois qu’ils demandent un traitement équitable avec leurs frères de Malabo qu’il n’est pas payé par le gouvernement malien.
Nous regrettons que nos tentatives de rentrer en contact avec le Consul honoraire pour avoir sa version des faits ont été vaines.
Nos compatriotes sont formels: «Mohamed Morba ne défend plus nos intérêts. C’est pourquoi nous réclamons au gouvernement malien d’ouvrir un consulat général à Bata pour mettre fin au règne d’un homme qui ne soucie que de ses affaires».
La balle est maintenant dans le camp du gouvernement.
Yoro SOW