Entre le 20 et le 24 décembre 2023, l’Association Malienne des Expulsés (AME) a programmé une série d’activités pour commémorer le 18 décembre, adopté par l’Assemblée des nations unies comme la journée internationale des migrants. Et, pour marquer le démarrage des activités commémoratives, l’AME a organisé le 20 décembre 2022, une journée d’information des populations et des acteurs locaux sur les réalités de la migration et la situation des migrants à travers le monde.
« Le Mali, à l’instar des autres pays de la communauté Internationale commémore cette journée en faisant la promotion de la Convention Internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille adoptée le 18 décembre 1990 et ratifiée par le Mali le 5 juin 2003 », a déclaré Ousmane Diarra, président de l’AME. Selon lui, la journée internationale des migrants est l’occasion de dissiper les préjugés et sensibiliser l’opinion nationale et internationale sur les migrations, tout en soulignant l’apport des migrants dans les domaines économique, culturel et social, au profit aussi bien de leurs pays d’origine que de leurs pays de destination.
« Le Mali étant un pays de forte tradition migratoire compte plusieurs millions de ses ressortissants établis à l’extérieur, et regorge également des milliers d’immigrés (plusieurs nationalités) sur son sol », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que la diaspora malienne quant à elle contribue largement au développement socio-économique et au dynamisme de leurs localités d’origine à travers d’importants transferts de fonds, de compétences et de savoir-faire.
Ousmane Diarra a salué le fait que le Mali soit parmi les premiers pays en Afrique à disposer d’une politique spécifique en matière de migration. Cependant, il dira que malgré toutes ces avancées, la migration à l’échelle du territoire malien reste confrontée à plusieurs défis. « En effet, depuis 2012, le pays connaît une crise sécuritaire et politique récurrente souvent exacerbées par des conflits communautaires au nord et au Centre et qui ont occasionné des milliers de victimes (morts et déplacés) à travers tout le pays », a-t-il fait remarquer. Avant d’ajouter qu’avec un taux de chômage très élevé et une situation d’absence accrue de perspectives, les jeunes (filles et garçons) se retournent vers la migration sous toutes ses formes qu’ils considèrent comme une alternative, et même une stratégie de survie pour la plupart. « Au regard de tout cela, le Mali est un pays qui est fortement concerné par la question migratoire », a-t-il déclaré.
Pour une bonne gestion de cette problématique, Ousmane Diarra et l’AME voient la Convention internationale des Nations Unies sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille comme une très bonne aubaine. Selon lui, c’est un instrument de protection très ambitieux, qui établit des seuils en termes d’accès aux droits fondamentaux des travailleurs migrants, qu’ils soient en situation régulière ou irrégulière. Mais, le hic, Ousmane Diarra a dénoncé le refus des grandes nations de ce monde à signer cette Convention des Nations Unies. Selon lui, ce refus à pour conséquence l’imposition de visas avec des conditions draconiennes de telle sorte qu’on n’y a plus accès. « Les citoyens de ce monde qui veulent jouir de leur droit naturel de voyager là où ils le veulent, sont contraints à utiliser des voix frauduleuses avec toutes les conséquences que cela pourraient occasionner », a-t-il dénoncé.
Et, pire. Ousmane Diarra a estimé que dans leur volonté de se barricader, les Etats occidentaux ont décidé d’externaliser leurs frontières dans les pays d’Afrique du nord et même dans des pays d’Afrique de l’ouest et dans les différents aéroports.
Ousmane Diarra a aussi profité de cette conférence de presse pour faire le bilan du projet « Avenir Brillant-Création d’opportunités socio-économiques et renforcement des mécanismes de protection de l’enfance pour les migrants potentiels, en transit et de retour au Mali ». Selon lui, ce projet est mis en œuvre par un consortium d’organisations et d’associations nationale et internationale, et cofinancé par le Ministère de l’Intérieur italien, ActionAid Italie et Plan International Italie. Avant d’annoncer que ce projet a permis la formation de 850 personnes dans des domaines comme l’agropastorale, coupe et couture, la coiffure……… « Équipés et en groupe, ils sont en train d’être installés à leur propre compte », a-t-il indiqué.
Assane Koné
BNDA