La crise libyenne de 2011, la guerre au nord du Mali et les séries rafles par les services marocains dans le cadre des accords sur l’immigration avec l’Europe, ont entrainé un flux massif de migrants maliens en situation de retour forcé, en violation de leurs droits élémentaires. C’est la conclusion d’une conférence débats organisée samedi à son siège par l’Association malienne des expulsés en partenariat avec l’Amnesty Mali et l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH).
“Actualités sur les politiques migratoires et la gestion des flux Sud-Nord” était le rhème d’une conférence débats qui a enregistré la participation des plusieurs de déplacés du Nord, le 7 juillet 2012.
D’entrée de jeu, le militant de l’AME a déploré que les migrants sub-sahariens vivant au Maroc fassent l’objet de multiples et récurrentes répressions. “Depuis les évènements de Ceuta et de Melila en 2005, l’Union européenne s’est beaucoup plus intéressée à la rive sud de la Méditerranée et l’enclave espagnole au Maroc, pour filtrer l’entrée des migrants en Europe via l’Espagne”, a attaqué Alassane Dicko. Il a expliqué que du 16 au 25 juin dernier, une série de rafles systématiques a été mise en œuvre par la police marocaine comme à certaines occasions de visite de personnalités européennes.
“Plus d’une centaine de personnes ont été arrêtées et sont détenues par la police y compris des membres du Conseil des migrants sub-sahariens au Maroc”, rapporte le responsable de l’Association malienne des expulsés. Il dénonce des cas de lapidations collectives par des jeunes Marocains, notamment dans les villes comme Oujda et Nador. En clair, déplore le militant de l’AME, les immigrés n’ont pas de droits dans leurs pays d’accueil. “Les migrants sub-sahariens sont devenus la cible d’insultes racistes, d’agression à mains armées dans ce pays, dont le cas d’un certain Amadou poignardé à mort par un jeune marocain”, s’indigne le militant de l’AME. Et de saluer la condamnation faite par les associations et syndicats marocains contre ces pratiques au Maroc.
“Le Mali a tous les instruments pour protéger ses migrants”
Les récents événements au Nord et la guerre en Libye ont entrainé ces derniers temps une expulsion massive de migrants maliens. Si les acteurs de défense des droits immigrés reconnaissent une baisse des expulsions sauvages de Maliens en provenance de la France, ils déplorent en revanche une recrudescence en direction des pays comme l’Angola, la Guinée équatoriale, l’Arabie saoudite, etc. Pour la seule période de janvier 2012 à juin dernier, 845 expulsions ont été enregistrées à l’aéroport de Bamako-Sénou. Malheureusement, regrettent l’AME et les associations de défense des droits de l’Homme, ces expulsions se font en violation de la dignité humaine.
Ce qui fera dire au président de l’AMDH que le Mali a du chemin à faire dans la défense des droits de ses ressortissants à travers le monde. Selon Me Moctar Mariko, les droits du migrant sont consacrés dans les conventions nationales et internationales signées par notre pays. “Théoriquement, le Mali a tout pour promouvoir les droits humains. Mais dans l’application, il y a un problème d’homme”, note le président de l’AMDH. Il appelle à un sursaut national et à l’application du principe de réciprocité. Faisant allusion à la récente décision de la Mauritanie d’imposer des cartes de séjour aux Maliens vivant sur son territoire. En réplique à cette décision des autorités de Nouakchott, Bamako a décidé d’en faire autant avec ressortissants mauritaniens vivant au Mali.
“L’Etat du Mali a le devoir de protéger les doits de ses migrants et de leurs biens. C’est un droit consacré pour tout individu. Malheureusement, à cause de la passivité de nos autorités, nous n’avons ni une diplomatie agressive, ni défensive”, conclut Me Mariko.
Issa Fakaba Sissoko