Au Mali, le renouvellement des vignettes des engins à deux roues commence généralement à partir du 1er mois du nouvel an. Pour l’année 2018 il y a eu un léger retard au niveau du démarrage à cause de la passation des marchés publics. En plus de cela, il y’a un facteur qui fait souvent l’objet de dispute entre les usagers et les agents de sécurité de la circulation. Le problème c’est que l’utilisation de la vignette d’une autre localité dans le district de Bamako n’est pas totalement comprise par la plupart des usagers. Un habitant d’une autre localité qui vient à Bamako pour faire ses courses peut-il réellement circuler avec la vignette de sa commune ? Quelle est l’évolution de la vente des vignettes au niveau du district de Bamako de nos jours ?
Pour tenter de donner un élément de réponse à ces questions, nous nous sommes rendus à la grande mairie du District de Bamako le vendredi 6 avril dernier. Sur place, pas de grande affluence. Les usagers viennent en petit nombre pour acheter la vignette. Après ce constat, nous avons été conduits dans le bureau du receveur-percepteur du district, Aguissa Zouledéini Maïga. Selon les explications du receveur-percepteur, la livraison des vignettes a connu un léger retard cette année au niveau de la Mairie du District. «Avec la procédure de passation des marchés publics, ça a pris du retard. Moi, on m’a livré ça en retard et on a commencé la vente à partir du mois de février» précise-t-il.
D’habitude la vente des vignettes se fait au cours des trois premiers mois de l’année. Une fois ce délai épuisé, la vente se fait avec pénalité. Mais cette année, compte-tenu du léger retard accusé au niveau de la livraison, les responsables de la matière ont décidé de prolonger le délai jusqu’à la fin de ce mois. «Compte tenu de ce retard nous avons jugé utile de prolonger la vente jusqu’en fin avril. Nous allons continuer à les vendre jusqu’au 30 avril au taux normal» a fait savoir Aguissa Zouledeini Maïga avant d’ajouter que: «Le prix sera doublé à partir du délai imparti. En ce moment on passe du prix normal au prix de la pénalité. Donc tous ceux qui viendront après ce mois d’avril seront obligés d’acheter la vignette à 22. 000 FCFA au lieu de 6000 FCFA comme prix initial».
Pratiques frauduleuses sur la vignette moto
A la question de savoir si toutes les vignettes sont autorisées dans le district de Bamako, Mr Maiga répond en ses termes. «Vous savez chaque commune fait sa vignette. Chaque commune doit vendre sa vignette sur son territoire. Maintenant cette vignette vendue sur le territoire d’une commune est valable partout en république du Mali. Mais qu’est ce qui se passe ? Nous avons vu souvent des gens de Bamako qui se permettaient auparavant d’aller acheter des vignettes dans les communes rurales en cassant le prix. C’est ce que nous interdisons. Sinon si tu prends une vignette dans une autre localité, une vignette normale de la commune, tu es un habitant de cette commune, si tu viens pour tes courses à Bamako, tu circules librement personne ne te dérangera. Mais on ne permet pas aux bamakois d’aller prendre dans une autre commune pendant qu’ils vivent à Bamako, ils circulent à Bamako, ils font toutes leurs courses sur les goudrons de Bamako. Tu ne peux quand même pas aller prendre la vignette d’ailleurs pour venir ici. C’est ce que nous interdisons » précise-t-il.
Sur le plan économique, la vignette est considérée comme l’une des premières sources de recettes de la Mairie du District de Bamako. «Nous sommes dans le cadre des vignettes motos c’est pour les collectivités. Donc qu’est-ce que la vignette apporte au district de Bamako dans notre cas précis. Beaucoup, par ce que parmi les impôts et taxes, les mieux payés c’est la vignette. On peut dire même que c’est la première recette de la mairie du district de Bamako. En tout cas elle est parmi les deux premières recettes en termes de valeur. Il y’a la patente et la vignette qui rapportent beaucoup à la Mairie du District. Donc vous voyez que ça rapporte énormément. Malgré que nous avons des gens qui échappent toujours au payement. Tout le monde ne paye pas. Par exemple si tous les motocyclistes prenaient ça pouvait être la meilleure des recettes. Sans autre forme ce serait la première recette si tous les motocyclistes de Bamako prenaient la vignette de Bamako» a-t-il conclu.
Au cours de notre passage à la mairie du district de Bamako, nous avons croisé un jeune employé de commerce, Ousmane Guindo qui était venu se procurer de la vignette. «Je suis venu prendre la nouvelle vignette. Je suis arrivé ici aux environs de 10h. J’ai eu ma vignette vers 10h 20. Donc il m’a fallu une vingtaine de minutes pour que je puisse l’avoir. C’est vraiment rapide car il n’y a pas assez d’affluence en ce moment» a-t-il constaté.
Dès notre sortie à quelques encablures des bureaux de l’édile de Bamako, on aperçoit un agent de sécurité de la circulation et un motocycliste en grande dicussion au niveau du feu de signalisation qui se trouve entre le Ministère de l’Education Nationale et le Carrefour des jeunes de Bamako. Nous nous sommes approchés pour voir ce qui passe réellement entre eux. A notre arrivée, on croise un jeune homme qui se dirige vers le siège du PMU-Mali à pied, on lui a demandé ce qui se passe ? Il nous a fait savoir que: «Les agents de sécurité de la circulation viennent de saisir ma moto pour avoir brulé le feu. Quand ils m’ont demandé la vignette. Je les ai montré la vignette de 2017. Et ils disent que cette vignette n’est plus valable qu’il me faut la vignette de 2018 pour pouvoir récupérer ma moto. Je m’en vais d’abord régler un petit truc au niveau du grand marché après je reviendrai chercher ma moto d’une manière ou d’une autre» dit-il.
Salif Diakité
Source :Le Temps du Sahel