La puissance publique a finalement eu raison de la résistance des conseillers et des travailleurs de la Mairie du District. La fameuse convention sera signée le lundi prochain dans la matinée. C’est l’immense cour de la Direction des services urbains de la voirie et de l’assainissement (DSUVA) qui a été retenue pour abriter l’événement. L’histoire retiendra que l’ancien maire du District, Ibrahima N’Diaye, a été le premier à se casser le nez dans des aventures de ce genre. En son temps, le gouvernement avait obtenu de la Banque mondiale le financement du troisième projet urbain qui concernait plusieurs grandes villes du pays. Dans sa mise en œuvre, le projet prévoyait la création d’un service de propreté de la ville. Ce service devrait être créé sur les cendres de la DSUVA, après sa réforme. Le projet a finalement été abandonné, faute d’adhésion des ouvriers. L’initiative en cours, risque de connaître le même sort non pas à cause de la résistance des ouvriers, mais pour l’entêtement du gouvernement à précipiter le calendrier de la signature de la Convention.
C’est un secret de polichinelle qu’un projet de développement ne se fait jamais par un coup de tête. Il doit être bien pensé pour non seulement s’assurer de l’efficacité des outils du changement, mais aussi de la réussite même du projet, ce qui nécessite forcement un temps. Malheureusement, tel n’a pas été le cas pour ce projet, qui tombe comme un cheveu dans une soupe. Il s’agissait simplement de tout mettre en œuvre pour obtenir des élus dociles, l’approbation du conseil communal avant le retour aux affaires du maire Adama Sangaré, alors frappé de suspension. Pour le mettre devant le fait accompli. Car, au-delà de la propreté de la ville de Bamako, d’importants intérêts financiers se cachent derrière (cf, notre article publié dans Le Tjikan n°102 paru le mardi 23 septembre dernier). Les montants annoncés donnent de l’appétit. Le coût annuel avoisine les 10 milliards FCFA, pendant les huit ans que va durer le projet.
Ce n’est pas tout, d’autres marchés sont dans le viseur du lobby à la manœuvre à la Mairie du District. Le lobby comprend un ancien diplomate et un homme d’affaires dans la peau du politique, dont nous tairons volontiers les noms. Nos sources les soupçonneraient de convoitise sur les juteux marchés d’assainissement des deux grands événements que notre pays s’apprête à abriter en 2015. Il s’agit de la rencontre France-Afrique et la conférence parlementaire des pays membres de l’OCI (Organisation internationale de la conférence islamique). Selon nos sources, le volet assainissement de chacun des deux projets est évalué à des centaines de millions de nos francs. Autre fait troublant dans ce sulfureux dossier, c’est le coup de pouce que le Premier ministre, Moussa Mara, donnerait dans l’ombre pour obtenir la signature rapide de cette sulfureuse convention, en violation des règles de procédure de passation des marchés publics. Quand bien même que toutes les réunions concernant l’organisation de ces grands rendez-vous ont lieu à la Primature. C’est dire que, la signature qui aura lieu, le lundi prochain porterait la marque d’une entente directe entre la Mairie du District et la société marocaine « Ozone environnement & service » avec la bénédiction des plus hautes autorités du pays, expliquent nos sources. Certes, le code des marchés publics prévoit des dérogations, mais dans des conditions bien précises définies par la loi, ce qui est loin d’être le cas dans ce dossier, ont-elles poursuivi. A la mairie du District, on a le sentiment que les élus ont été poussés dans le dos en obéissant aux doigts des décideurs. L’heure est donc au pessimisme. « Attendons de le voir à la pratique » murmurent-ils. Affaire à suivre
Mohamed A. Diakité