Le Maire, dans un sale pétrin

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Les populations de Médine Coura sont dans tous leurs états, prêts à en découdre avec la mairie par rapport à l’aménagement d’un dépôt de transit.

Et les notabilités du quartier ne cachent plus leurs hostilités, vis –à –vis du projet. Pire, les relations de jumelage Bamako –Angers sont au bord de l’implosion…

C’est apparemment, le projet le plus controversé de la commune II qui pète à la figure du maire, Gaoussou Ly : la construction d’un dépôt de transit, en plein centre du quartier de Médine, sans l’accord des populations.

Tout débute en décembre 2006. Un vendredi, sur l’espace situé en face du stade Modibo Keita. Les décibels déchirent l’atmosphère. Responsables politiques et administratifs de la commune II et du district sont présents. Ainsi que les partenaires angevins, avec à leur tête, le maire Jean Claude Antonni. Après un instant d’animation, le maire de la commune II, Gaoussou Ly, celui d’Angers et du district de Bamako se succèdent au micro, pour les allocutions. Chacun, dans son intervention, a énuméré les avantages du jumelage Bamako –Angers, et ceux liées à la réalisation de ce projet. Mieux, ils ont tous exprimé leur détermination à œuvrer davantage pour le raffermissement de ce partenariat, au profit des populations du district. Enfin, dans un tonnerre d’applaudissements, les édiles ont procédé à la pose de la première pierre du dépôt de transit d’ordures. Le coût du projet : plus de 150 millions CFA, entièrement financés par les angevins, au terme d’un chantier de six mois de labeur. Au finish, le dépotoir devrait recevoir 50 tonnes de déchets sur une surface de 3825 m².

Un projet controversé

Du coup, c’est la consternation au sein de la commune II. Les jeunes, très en colère décident de mettre fin au chantier. Mais, pour les chefs de quartier de la commune, leur maire doit s’expliquer.

D’abord sur les raisons d’une telle décision prise à leur insu. Ensuite, sur son obstination à réaliser ce projet, contrairement à la volonté des populations. « Cet endroit qui a toujours servi de dépotoir ne devrait pas l’être. Il est presque au centre du quartier et les odeurs nauséabondes des déchets gênent le voisinage », témoignent des familles proches du dépôt d’ordures. Un responsable du quartier ajoute : « Ce dépotoir se trouve en face du stade Modibo Keita, qui abrite les rencontres internationales. Cet état donne une mauvaise image de notre capitale ».

A en croire les populations du quartier, les notabilités se sont plaintes auprès du maire, par rapport à l’aménagement de ce dépôt de transit. En vain ! C’est pour cette raison que les jeunes du quartier ont démoli les premiers travaux, après le lancement du chantier.

Les responsables impliqués dans la réalisation de ce projet avancent d’autres raisons du blocage. Le premier adjoint au maire, Yacouba Diabaté, explique : « La veille de la pose de la première pierre, une réunion a regroupé les chefs de quartier et leurs conseillers, les représentants des jeunes et des femmes. L’ordre du jour de la rencontre : s’opposer à la réalisation de ce dépôt de transit à Médine ». Il ajoute : « Les populations ont refusé d’adhérer à ce projet, au motif qu’elles n’ont, à aucun moment, été associées à sa réalisation ». Avant de conclure : « Le Démarrage de ce projet a eu lieu sur fond de crise. Mais le maire du district, ayant été mis ou parfum de l’affaire, a demandé aux chefs de quartier de la commune II d’accepter la cérémonie, pour ne pas vexer les partenaires. En clair, il leur a promis de les rencontrer pour sérieusement discuter de la question. Et cela fut acceptée ».

Le coordinateur des chefs de quartier de Bamako, Bamoussa Touré, corrobore les explications du premier adjoint du maire : « Ni mes conseillers, ni moi n’avons été associés à ce projet. Je ne l’ai appris qu’à la veille de l’évènement, lors d’une rencontre avec la presse ». Il atteste : « Nous avons accepté que la cérémonie se déroule, sur proposition du maire du district, parce que nous n’avons pas voulu que le Angevins s’aperçoivent d’une situation de crise ». Avant de conclure : « Nous n’avons rien mis en œuvre pour qu’il y ait blocage, ni avant, ni après la pose de la première pierre. Ce qui nous a choqué, c’est qu’il ne faut pas qu’on décide à notre place ». En attendant, les chefs de quartier sont dans l’attente de la rencontre annoncée par le maire du district.

Jean Pierre James

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