La police a entrepris d”assainir le centre commercial devenu un haut lieu de la criminalité en Commune VI.
Elles ont été conçues pour devenir l”un des centres commerciaux les plus modernes et les plus importants de la sous-région. Mais les Halles de Bamako peinent à combler cette vocation.
Situées à Sogoniko en Commune VI du district de Bamako, les Halles sont bâties sur une vaste superficie de 6 hectares. L”inauguration du centre commercial en 2002 avait suscité beaucoup d”enthousiasme, tant les installations faisaient la fierté des Bamakois et même de l”ensemble de nos compatriotes.
Mais cet enthousiasme fut de courte durée. En effet, les Halles Félix Houphouët-Boigny furent vite confrontées à un problème fondamental : le peu d”empressement des commerçants à utiliser la structure. En effet, le centre commercial n”a jamais été véritablement occupé par les commerçants. Ses seuls "moments de gloire" auront été les quelques éditions de la "Rue marchande" et de la FEBAK qui y étaient organisées.
Plusieurs raisons ont été avancées pour expliquer la défiance des commerçants vis-à-vis de cette infrastructure moderne qui aurait dû devenir un haut lieu des affaires dans la capitale. Le Quotidien national a par le passé consacré des articles à ce centre des affaires qui ressemble de plus en plus à un gâchis. Les Halles de Bamako "un éléphant blanc" ? Il serait exagéré de les comparer à ces projets pharaoniques initiés dans certains pays d”Afrique dans les années 1970, à l”utilité douteuse. Cependant en voyant l”infrastructure actuellement, on est tenté d”établir un certain parallèle.
Mais le but du propos d”aujourd”hui n”est pas de s”étendre sur les raisons de la défection de ceux-là auxquels le site est destiné. Il concerne un sujet collatéral, une conséquence directe du vide créé par le désintérêt des commerçants pour cette infrastructure.
UNE CACHE DE BUTIN :
La nature ayant horreur du vide, de fait, le centre commercial "les Halles Félix Houphouët-Boigny de Bamako" est devenu un havre de paix pour les bandits et un lieu de prédilection pour les prostituées. Jusqu”à une période récente, les voyous y opéraient en toute tranquillité la nuit, après avoir passé la journée à dormir ou à se promener dans les rues afin de repérer leurs futures victimes. Certains, après avoir opéré dans d”autres parties de la capitale s”y replient et y cachent leur butin. Étant donné qu”il s”agit effectivement d”un centre commercial, ils ont beau jeu d”écouler ensuite tranquillement les objets volés.
Les prostituées ne sont pas en reste. Elles guettent les clients aux alentours et les entraînent dans les locaux. Ici, pas besoin de lit : les comptoirs des boutiques construits en ciment suffisent largement en guise de bat-flanc. A certaine heures de la nuit, il est très dangereux de se hasarder sur les lieux et ce malgré la présence de vigiles.
Les Halles de Bamako se trouvent pourtant dans le champ d”action de deux commissariats de police : ceux du 7è et du 10è Arrondissements. Comment l”insécurité a-t-elle donc pu s”y développer à ce point ?
Au 10è Arrondissement, l”inspecteur Bakary Bagayoko reconnaît que les Halles de Bamako ont longtemps servi de repaire aux prostitués et aux malfrats. Les forces de l”ordre en sont conscientes et ont récemment fait des descentes sur le lieu, relève-t-il cependant. Au cours de deux patrouilles menées le matin et le soir, l”inspecteur Bakary Bagayoko et ses hommes ont ainsi interpellé douze individus dont six prostitués et autant de délinquants. Ces patrouilles permanentes ont été initiées sur instruction du commissaire divisionnaire Mady Fofana du 10è Arrondissement afin de "nettoyer" les zones fortement criminogènes de la Commune VI. Ces sorties ont aussi permis à la police d”interpeller deux mineurs qui seraient sans domicile fixe.
Lors du premier coup de filet, six filles seront arrêtées pour prostitution. Elles ont été interpellées alors qu”elles étaient tranquillement couchées à même le sol dans les locaux. Les policiers se convainquirent très vite que l”activité qu”elles menaient n”avait rien à voir avec le commerce normal.
Au cours de la deuxième sortie, les agents de l”inspecteur Bakary Bagayoko mirent la main sur six autres individus au comportements louches : trois de nationalité Burkinabé et trois Maliens.
PROSTITUEES, MARABOUTS ET CHARLATANS :
Ces interventions, explique l”inspecteur, ont été menées dans le cadre d”une lutte globale contre les stupéfiants, le vagabondage, les jeux de hasard illégaux, la prostitution et l”occupation illégale des Halles de Bamako.
Ces trois derniers mois, plus de cent personnes aux comportements suspects ont ainsi été interpellées sur lesquelles plus d”une vingtaine ont été déferées devant le procureur de la République de la Commune VI.
Désormais dans la journée, la ronde est assurée par les hommes du commissariat du 10è Arrondissement. Cette équipe est renforcée par les éléments du GMS pendant la nuit. Mais selon des responsables de la police, pour mieux combattre la criminalité en cet endroit, il s”avère nécessaire d”installer un poste de police bien étoffé et bien équipé dans l”enceinte même des Halles.
L”inspecteur Maky Sissoko, le chef de la brigade de recherche du 10è Arrondissement, précise qu”en plus du "fantomatique" centre commercial, d”autres endroits dangereux existent dans la commune. Parmi lesquels on peut citer les alentours de la "Cité Unicef" à Niamakoro devenus également un nid de malfaiteurs où cohabitent malfrats, prostitués, marabouts et autres charlatans.
Des policiers sous couvert de l”anonymat regrettent qu”un tel lieu soit fréquenté par des personnalités connues pour des raisons qui leur sont évidemment propres.
Depuis le début de l”opération contre la criminalité dans le secteur, le commissariat du 10è Arrondissement a déféré par là plus d”une dizaine de malfrats pris en possession de drogue et de pistolets de fabrication artisanale.
Autre endroit mal famé de la commune : "la Cité des coopérants" située en face de l”autogare de Sogoniko où de très jeunes prostituées et des vagabonds se comportent comme en territoire conquis. Il faut aussi mentionner dans ce décompte la zone déguerpie de Niamakoro que les forces de sécurité sont, heureusement, en passe d”assainir grâce aux patrouilles régulières qui y sont organisées.
De toute évidence, la lutte contre l”insécurité en Commune VI comme dans d”autres parties de la capitale, est une oeuvre de longue haleine.
Boubèye MAÏGA
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