Déguerpissement à Bamako : La faute est partagée

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L’opération de déguerpissement dans la Commune II du District de Bamako

Le déguerpissement de ceux qui occupent les voies publiques est une conséquence de la mauvaise politique urbaine menée au Mali depuis les événements douloureux du 19 novembre 1968. En général, nous Maliens, nous avons toujours aimé une chose et son contraire. Aujourd’hui, nous subissons ce que nous avons créé de nos propres mains. Les maires et les conseillers municipaux ont été élus par nous-mêmes et au suffrage universel. Nous sommes assis et nous regardons les différentes bévues qu’ils font quotidiennement.

Parcourez toutes les grandes villes et agglomérations du Mali. Il n’y a pratiquement plus d’espaces publics. Et pourtant, à chaque lotissement, des places sont réservées pour les services publics, les aires de jeu, les marchés, les places de culte. Après, ce sont des citoyens et des maires qui spéculent ces places. Tout le monde doit être touché quand dans un quartier, nos propres enfants n’ont pas un terrain sur lequel ils jouent.

Aujourd’hui, la plupart des enfants dans les quartiers jouent dans la rue ou sur les terrains privés non construits. Dans certaines localités, si l’Etat doit construire un bâtiment public, il est obligé d’acheter avec les particuliers. Comment l’Etat qui est la République entière est défavorisé au profit des individus.

Cette spéculation est favorisée par les agents qui doivent défendre l’Etat du Mali qui les emploie et les rémunère. Quelle que soit la puissance d’un maire, il ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi  devant les autorités administratives et législatives de l’Etat.

Pour parvenir à ses fins, le maire embarque tout ce qui peut le nuire. La conséquence tombe ou tombera sur les paisibles populations qui ne réagissent pas au moment opportun. Le Malien est passif quand on applique l’injustice aux autres tant qu’il  n’est pas lui-même directement concerné. Quand son tour arrive il crie sur tous les toits.

Quand les municipalités étaient sous les délégations spéciales ou les localités non érigées en municipalités, c’est le comportement des agents cupides de l’Etat qui est à la base de tous les problèmes de spéculation foncière.

Prenons le cas de Niono. Avant que cette localité ne soit érigée en commune rurale, toutes les écoles étaient concentrées à l’extrême sud de cette ville. De la station de recherche agronomique au cercle de Niono où se trouvent les écoles publiques, pas moins de quatre kilomètres à parcourir. C’est pendant les années 1997 qu’il y’a eu une école de base au niveau du quartier de la station de recherche et une autre école privée à l’extrême nord de la ville.

C’est aux populations du Mali de réagir avec force au moment où leurs élus et leur gouvernement cherchent à poser de mauvais actes. L’action du gouverneur de Bamako n’est pas mal si elle est soutenue par la présidence de la République. Il ne faut pas qu’elle soit la visite de l’ancien premier ministre Moussa Mara à Kidal en mai 2014. Il faut s’assumer. La phrase du lieutenant-colonel Kissima Doukara est toujours d’actualité. «Quand  on veut éliminer son ami, on cherche un prétexte pour l’éliminer et on t’éliminera après».

Les hommes politiques maliens ne sont pas courageux. Ils veulent politiser les choses les plus simples et qui vont dans l’intérêt général des Maliens. Les vrais hommes politiques courageux sont en Afrique australe. Ici au Mali, les opposants attendent que la France vienne les installer au pouvoir et c’est la raison pour laquelle ils n’ont aucune critique envers ce pays et sa politique au Mali et en Afrique.

Aujourd’hui, nous reconnaissons que la circulation est fluide. L’opération, en fait devait commencer par une sensibilisation de plusieurs mois où tout le monde doit être averti. Et l’Etat doit aider les personnes victimes à trouver une solution à leurs problèmes. La vie de plusieurs maliens dépende des installations sur la voie publique dont la démolition est toujours en cours.

Et pour l’avenir, en faisant un lotissement, le gouvernement doit penser à donner une place à toutes les organisations socioprofessionnelles de notre pays. Personne ne doit être frustré. Il faut se servir du passé pour construire l’avenir. Il ne faut pas être spectateur de la destruction du patrimoine commun à nous tous. Un journal malien a titré que le déguerpissement fait perdre 20 millions de francs CFA par jour à certains maires. Mais ces maires sont pour la plupart responsables de cette situation. Il faut se poser même la question qu’est-ce qu’ils font avec l’argent des taxes.

Regardez le cas de la mairie rurale de Kalaban-Coro où le sable des camions bennes occupe le goudron pendant plusieurs mois. Et pourtant, nous avons appris que le maire est en vacances en Allemagne et de là-bas, il se rendra à la Mecque.

Une fois, la société Energie du Mali avait coupé l’électricité à la mairie de la commune de Kalaban-Coro  pour le non payement de plusieurs millions de nos francs. La seconde fois, la société a débranché les fils électriques du poteau de ravitaillement. Et pourtant quand il sera de retour, les gens iront le saluer. C’est cela le Malien. Quel paradoxe !

Nous souhaitons bonheur et honneur au Mali.

Yacouba ALIOU

 

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